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sur 535 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Philadelphie, 1923. À tout juste 15 ans, Hattie a fui le Sud rural et ségrégationniste de la Géorgie, en compagnie de sa mère et de ses deux soeurs, pour s'installer à Philadelphie. Peu de temps après, elle fait la rencontre d'August qu'elle épouse très vite. de leur union naissent des jumeaux qui, malheureusement, ne survivront pas à la rudesse de l'hiver. Une mort qui marquera à tout jamais la jeune Hattie. Et pourtant, au fil des années, et malgré l'inconstance et la légèreté d'August, d'autres enfants naîtront. Cinq fils et six filles qui, chacun leur tour, jalonneront l'histoire américaine...

Ayana Mathis dépeint, avec force et intensité, une galerie de personnages marquante et attachante, sur fond historique passionnant. Allant de 1925, soit deux ans après l'exode de la famille d'Hattie vers le Nord, à 1980, l'auteur consacre quasiment un chapitre pour chacun des enfants et ce, à un certain pan de leur vie. Des enfants devenus narrateurs, marqués, chacun à leur manière, par leur mère, Hattie, un personnage profond, complexe, malheureux, mystérieux et froid. Un personnage qui se dessine à travers le regard de ses fils et de ses filles. Il se dégage beaucoup de force et d'humanité dans ce roman choral où s'entremêlent désillusions, secrets, labeur, espoirs et où il est question d'homosexualité, de guerre du Vietnam, de maternité, de racisme, de maladie, de la condition des femmes... Un premier roman bouleversant, ambitieux et maîtrisé. Une plume dense et lyrique. Un portrait de femme saisissant dans une Amérique en devenir...
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Quelle vie a-t-elle eue, cette Hattie, femme noire, femme forte, volontaire, dure.
Une matriarche ! Ah ça oui, quel caractère ! Il est vrai qu'avec ses onze enfants et un mari inconstant, faible et alcoolique, elle a dû trouver en elle de fameuses ressources, alors qu'elle pensait qu'en émigrant à 16 ans dans le Nord, à Philadelphie, la vie allait être plus douce.

Hattie nous est révélée « en creux », à travers la focalisation sur chacun de ses enfants, entre 1925 et 1980. Quasi un chapitre par enfant ou par deux enfants, selon que ceux-ci ont connu un moment fort ensemble. Un moment fort, effectivement, car ce ne sont pas une série d'anecdotes anodines qui nous sont contées, mais des évènements durs, impitoyables. Folie, harcèlement, violence, maladie grave, mort, et j'en passe… L'Amérique du 20e siècle n'est pas tendre avec la communauté noire, et je vous assure que cette auteure l'a bien compris, l'a bien fait passer.

Ce roman très humain est un véritable tableau de l'Amérique à travers les Noirs ; nous traversons les époques, les coutumes, mais l'amour maternel, même s'il parait retenu, transparait.
Hattie est le symbole de ces femmes noires qui portent un fardeau et qui, malgré tout, restent debout et affrontent la tempête de la vie.
Elles ont toute mon admiration.
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J'ai été bouleversée par l'histoire de cette femme. Elle fuit en compagnie de sa mère et de ses soeurs le sud pour gagner une terre de liberté. Pour elle, c'est certain elle ne retournera jamais dans sa région natale. A seize ans elle épouse August. Quelques mois plus tard elle met au monde ses jumeaux un garçon et une fille. Qu'y a t-il de pire pour une femme que de voir mourir ses deux bébés dans ses bras ? le premier chapitre donne le ton. La vie de cette jeune femme est une tragédie et une formidable leçon de résilience. Mais aucune femme ne pourrait sortir indemne d'un tel chagrin, d'une telle perte. Hattie fera face à sa vie, à son mari, à ses nombreux enfants, à sa petite fille. Fracassée à l'intérieur, elle renvoie aux autres une apparence froide, dure, glaciale. Ses enfants la surnomme le général, son mari, homme irresponsable, la trompe et dépense l'argent du ménage quand il daigne travailler. Elle veille sur ses enfants, se débrouille pour qu'ils ne manquent de rien, malgré la pauvreté. Une belle histoire d'amour lui rend espoir et rêve, et elle part avec sa dernière dans les bras rejoindre la douceur d'un amour partagé. La culpabilité et la pensée de laisser ses aînés avec son mari seront les plus forts, elle rentrera le lendemain de sa fugue. Chaque chapitre représente un enfant et quelques années de la vie d'Hattie. Je ne sais plus à quel moment et pour quel enfant les soeurs s'en mêlent en demandant à Hattie d'abandonner son dernier né pour que sa soeur stérile l'adopte et l'emmène dans le sud. La misère est tenace et colle à la peau. Une belle somme d'argent pour améliorer le quotidien des grands. le coeur d'Hattie sera broyé une seconde fois. Pour un enfant il est facile de juger ses parents et de détruire ainsi sa vie d'adulte en gémissant, se plaignant ou d'avancer coûte que coûte. Hattie a payé toute sa vie le prix de sa liberté. Elle trouvera un peu de paix en lâchant-prise et en tendant la main vers sa petite-fille qu'elle va devoir élever. Une histoire sans fin, bouleversante et pourtant magnifique.
Lien : http://pyrouette.canalblog.c..
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Attention, chef d'oeuvre ! Mais un chef d'oeuvre dans lequel on entre lentement, de nouvelles en nouvelles à mesure que se construisent l'histoire et le personnage principal, une jeune femme noire volontaire et dure, mariée à un (gentil) bon à rien.
Toutes les souffrances du peuple noir aux USA, l'évolution des conditions au fil des années sont un premier niveau de lecture, mais à un second niveau, c'est un livre profondément humain sur les peines des hommes et des femmes, la découverte de soi-même, l'impuissance, la folie. Découverte de l'homosexualité, panique imbibée d'alcool du combattant au Viet Nam, schizophrénie, jalousie, abandon d'enfant... Un douce plongée dans l'horreur, un grande finesse psychologique et beaucoup d'amour, beaucoup de tendresse. .
Un très beau premier roman qui ne vous le fait pas à l'épate.
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J'ai été très agréablement surprise par ce premier roman, pour lequel il me semblait avoir lu quelques avis un peu réservés, et que sa couleur rose me faisait imaginer comme gentillet, ce qu'il n'est pas du tout.
Tout commence avec Hattie qui s'occupe tant bien que mal de ses deux bébés malades, nés quelques années après son installation à Philadelphie dans les années vingt, jeune femme venue des plantations de coton du sud pour une nouvelle vie. Après ce prologue qui fend le coeur, on espère le meilleur pour Hattie. Mais à cause d'un mari volage, inconséquent et joueur, elle ne trouvera jamais vraiment la vie dont elle avait rêvée. Même ses nombreux enfants ne lui rendent pas vraiment dans sa vieillesse tous les soins qu'elle a tenté de leur prodiguer, lorsqu'ils étaient enfants. A sa manière, sans trop de tendresse, l'essentiel étant des estomacs pleins plutôt que des caresses.
Comment serait-il possible de se lasser de romans sur le thème de la discrimination, de la mixité raciale et sociale, surtout lorsqu'ils sont aussi bien écrits que celui-ci ? Alors que j'entrais dans le roman sur la pointe des pieds, mon enthousiasme n'a pas faibli d'un bout à l'autre des soixante années vécues par la famille Shepherd, racontées des points de vue successifs de plusieurs membres de la famille, au moment où, tour à tour, ils subissent des événements traumatisants ou qui donnent un tournant nouveau à leur vie. A chaque chapitre, quelques années plus tard, un nouvel angle de vue est donné, un enfant d'Hattie est au centre du propos et éclaire l'histoire familiale d'un jour un peu différent.
Je me souviens que plusieurs avis mentionnaient que le roman ressemblait plutôt à une suite de nouvelles, je n'ai pas eu du tout cette impression. C'est dû au fait que la personnalité d'Hattie marque chacun des membres de la tribu (mot à prendre dans un sens moins chaleureux et convivial que son acception habituelle) et que leur enfance rejaillit sur leurs comportements et leurs actions. Un beau portrait de famille, de 1920 à 1980, que je ne peux que conseiller pour sa force, sa vivacité et ses beaux moments d'émotion.
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Toujours sur les conseils très avisés de ma chère Lydie, je me suis lancée dans la lecture des "Douze tribus d'Hattie".

Alors, ce livre est scindé en douze chapitres (un pour chacun des enfants qu'a eu Hattie) formant le portrait de cette mère incapable d'affection, dépressive, agressive, froide et au coeur sec parce que trop éprouvée par la vie.

D'ailleurs le premier chapitre nous met immédiatement dans l'ambiance : Hattie a fui avec sa famille de Géorgie en raison d'une ségrégation raciale trop présente en raison des lois Jim Crow, avec l'espoir d'une vie meilleure et plus égalitaire à Philadelphie.

Mariée à 16 ans, elle a ses deux premiers enfants, des jumeaux, à 17 ans et ceux-ci connaissent un destin tragique puisqu'ils meurent de pneumonie à 7 mois. Ce chapitre est déchirant et franchement j'ai hésité à continuer ma lecture tant ça m'a marquée et j'ai trouvé ça dur.

Puis, j'ai continué à tourner les pages et je ne le regrette pas. L'amertume est prégnante dans ce récit rythmé par la vie d'Hattie marquée par les déceptions successives.

Elle aura donc douze enfants et le récit de sa vie va se dérouler de 1925 à 1980 : Il y aura Floyd, le musicien de Jazz), Six, le prédicateur, Billups, Bell qui fera des études, Ruthie, , fruit d'une liaison extra-conjugale, Cassie avec sa maladie mentale, Sala, Ella, Franklin qui va s'engager dans l'armée et « faire » le Viet-Nam et la dernière, Alice, née alors qu'Hattie avait 46 ans et qui sera en quelque sorte « sacrifiée ».

Son manque d'amour manifeste ou du moins son incapacité à l'exprimer nous amène à nous poser la question suivante : l'instinct maternel existe-t-il ? Moi, je dirai oui, car si Hattie est avare de démonstration sentiments elle n'en jette pas moins toutes ses forces dans la survie des siens et n'a plus ni amour, ni tendresse à donner, comme pour ne plus se brûler aux émotions. Mais c'est une vraie combattante car elle n'oublie pas ses devoirs envers ses enfants.

Mais à mon avis, on peut donner à ce récit une autre dimension et une interprétation un peu différente:

Ces douze histoires représenteraient toute la mosaïque du peuple noir en Amérique symboliquement rassemblées en un livre et fait d'Hattie une mère universelle et/ou qu'elle représente la « mère patrie » soit les États-Unis… donnant peu d'amour (c'est-à-dire pas d'attention ou du moins inégale à son peuple démuni…

Toutes ses histoires seraient le condensé de tous les malheurs subit et justifierait l'accumulation de catastrophes et d'histoires tristes et sordides.

Dans cette optique, douze devrait être aussi un symbole donc… J'avais pensé aux premières étoiles sur la bannière américaine, mais elles étaient au nombre de treize… peut-être douze enfants plus Hattie la fédératrice = treize !

D'accord, c'est capillotracté… donc, là du coup, je sèche. Enfin tout cela n'est que supputation et peut-être que je m'égare !

Cela étant dit, j'ai beaucoup aimé cette histoire pleine de désespoir et qui résonne comme une complainte des minorités défavorisées.
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A travers ce roman une bonne partie du XXème siècle américain que nous traversons. Hattie, jeune noire à la peau claire quitte sa Géorgie natale où la ségrégation raciale est omniprésente, direction Philadelphie. le roman présente les uns après les autres des enfants d'Hattie qui vont nous faire découvrir un personnage fort et attachant.


le roman s'ouvre avec les jumeaux Philadelphia et Jubilee qui vont mourir de pneumonie sous les yeux de leur mère impuissante. La perte des jumeaux va profondément marquer Hattie. A travers les témoignages des enfants nous découvrons une famille nombreuse et pauvre, une mère autoritaire et énergique qui n'a qu'un but, sauvegarder la vie de ses enfants au détriment parfois de leur vie affective.


Bell l'une de ses filles se souvient ainsi de sa mère : "Elle se repassa en mémoire chaque moment de son enfance et y retrouva immanquablement Hattie en train de donner des coups de ceinture sur les cuisses de ses enfants, Hattie en train de piquer une colère, Hattie plongée dans le silence. Peut être essayait-elle alors de protéger ses enfants ou de leur enseigner la discipline et le respect, mais Bell pouvait à peine se souvenir d'un mot tendre ou d'un baiser de sa mère. Elle lui manquait pourtant. N'y avait-il pas là quelque chose de plutôt drôle : c'était à partir du moment où elle avait quitté sa mère et les rigueurs du domicile familial que Bell s'était peu à peu désintégrée."


Chaque enfant racontant son histoire et celle de leurs parents c'est l'histoire de la société américaine et notamment celle de la population afro-américaine que nous découvrons. de la ségrégation dans les états du sud avec leur plantations, à la guerre du Vietnam, en passant pour le mouvement des droits civiques, la grande histoire est omniprésente dans l'histoire de cette famille.



Les douze tribus d'Hattie est un magnifique roman dans lequel on finit par s'attacher à ce personnage austère et autoritaire d'Hattie, marqué par la condition des noirs et par la pauvreté que connaissait la plupart d'entre eux à l'époque. Chaque enfant d'Hattie a sa vision des choses et sa manière de décrire son histoire dans son style particulier faisant de ce roman un recueil de nouvelles articulées autour du personnage de la mère.
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J'adore qu'on m'offre des livres. Personne n'ose le faire mais j'adore ça. Sauf que, quand je dis personne, j'oublie Christine qui se risque à cet exercice périlleux quasiment à chaque fois avec succès. « Tiens, je t'ai pris ça, ça va te plaire ». Et elle tombe juste ! Genre là, bon, elle m'avait prévenu, pas forcément le bouquin de l'année mais enfin un bon bouquin, des histoires sympas (là j'avais tiqué, ça voulait dire des nouvelles), pas des nouvelles mais plusieurs voix (là j'avais compris que décidément cette nana me connaît bien) et tu vas voir ça va te plaire. Vous avouerez que c'est tentant comme présentation, enfin en tous cas moi ça me tente et du coup de tentant à tentée et de tentée à lu …

Donc, ce ne sont pas des nouvelles, mais ce sont les histoires des enfants d'Hattie, faut dire qu'elle en a eu douze, ça fait un bon nombre d'histoires, et forcément y'en a pas deux pareils et y'en a pas deux qui parlent de la même manière. Donc, vraiment, douze voix. Et même si elles sont toutes différentes, leurs histoires, elles ont pour point commun Hattie, leur mère, dont on voit en filigrane se dérouler la vie et qui change imperceptiblement … Je ne veux pas en dire trop mais enfin c'est un très joli texte, peut-être pas facile à lire parce que duraille par moments (ça va plaire à Attila et Lybertaire) mais en même temps passionnant. Je me suis particulièrement attachée à certains personnages et, en fait, je pense que ma préférée est définitivement Hattie elle-même.

Une roman fort et pas forcément simple mais qui vaut le coup de surmonter son envie de légèreté.
Lien : http://www.readingintherain...
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Dès le premier chapitre, l'émotion m'a étreint...

Ce roman est une vraie réussite par son histoire, par sa construction, par sa force. Nous traversons le XXème siècle au travers du destin des enfants d'Hattie, que nous découvrons à différents moments de leur vie. Ce livre se découpe en dix chapitres, qui se suffisent presque chacun à eux-mêmes. Et grâce à leurs histoires, nous suivons aussi la vie Hattie. Cette femme, à la fois combative et résignée, et mère de onze enfants, luttera pour maintenir sa maison à flot, même si pour cela, elle doit sacrifier sa douceur et sa tendresse. L'atmosphère des Etats-Unis des années 20 est superbement bien décrit.

Ayana Mathis, dont c'est le premier ouvrage publié, est comparée à la grande Toni Morrisson. Il est vrai que la même énergie se dégage de ce livre. le destin d'Hattie est remarquable. La plume de l'auteur sert à merveille cette ode à la féminité, à la maternité et au peuple noir des Etats-Unis.

Il s'agit là sans aucun doute d'un des plus beaux livres de cette rentrée littéraire de janvier.
Lien : http://caromleslivres.canalb..
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un livre extrêmement bien écrit et très original: on fait la connaissance d'Hattie alors qu'elle à 17 ans et est maman de jumeaux. On découvre Hattie au travers de ses enfants et de la relation qu'elle a avec eux.
L'originalité de ce livre réside dans le fait qu'il y a un chapitre pour chacun de ses 11 enfants, plus un pour une de ses petite-fille.
On traverse ainsi le XXème siècle (1925-1980) aux côtés de cette famille pauvre.
Ce livre est très émouvant, souvent triste mais le dernier chapitre apporte un éclairage nouveau sur Hattie.
A lire absolument.
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