Ce livre commence par la fin : la mort d'Esther.
A quel moment s'est arrivé ? Qui est-elle ?
L'histoire va nous le dire, faisant revivre Esther par cette journée caniculaire d'été, à Paris, où on la retrouve, chez elle, dans son appartement avec son mari Reza. Elle attend ses enfants et petits-enfants pour déjeuner, les rassembler, elle espère les voir tous autour de cette table. Cette attente la plonge dans ses souvenirs avec son mari et ses 4 enfants, ses regrets, ses incompréhensions, ses choix et ses peurs de ne pas les voir, de ne pas partager une vraie vie de famille. A qui la faute ?
On plonge alors dans une famille qui derrière les apparences cachent des lésions, je dirais même une violence sous-jacente, pas de violence physique mais une violence psychologique, comme si aucun de ces enfants n'étaient à sa place, payant le passé d'un père dont la pauvreté et le passé a de quoi faire frémir. Parce que le père a réussi, en fuyant un pays en guerre, est devenu le médecin des exilés, exigeant face à la vie et à l'éducation.
Une fratrie de 4 enfants, Carole, l'ainée effacée et qui pourtant deviendra médecin comme son père, Alexandre, le fils préféré du père, celui qu'il montre en exemple,
Bruno, le fils qui est resté dans l'ombre parce que trop fragile et Vanessa, la puinée, l'indépendante, qui est partie trop vite de la famille. Chacun a des reproches à faire à chacun. Dans la famille, il n'y a pas d'affection, il n'y a que des non-dits, des peines qu'on cache et des rancoeurs.
Alors vont-ils exaucer le voeu de leur mère et venir tous au déjeuner ?
Derrière l'attente, il y a cette mère qui souffre de s'être tu, qui comme Pénélope dans l'Odyssée tisse, il y a cette métaphore d'Esther, qui se répète, qui voudrait resserrer les fils de la tapisserie, les liens familiaux. Les noeuds qui se défont plus vite qu'ils ne se font et le chagrin qui en découle.
De drôles sentiments et sensations affleurent après la lecture de ce roman, parfois si proche d'une réalité familiale si courante. Ah les non dits ! les situations qu'on laisse pourrir. Difficile donc de ne pas sentir concerner.
J'ai eu parfois envie de secouer cette famille, de les bousculer, de leur dire de parler et : "donc ? quel est le problème ? Chaque famille connait des dysfonctionnements."
Un livre vrai, qui pourrait exister sous forme théâtrale. Mais pas le genre comédie de boulevard. C'est un très bon premier roman. Une auteure à suivre.
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