Nil, tome 2 : Les secrets de Nil

Nos choix définissent et façonnent notre vie, et ont un impact sur celle des autres.

Comme dit ma grand-mère, mieux vaut quelques semaines de merveilleux qu'une vie entière de rien de spécial.

Si tu ne penses pas, tu ne fais que vivre une série de mouvements sans aucun sens. C'est le pourquoi qui te pousse en avant, te pousse à croître. Sans un pourquoi, ta journée est vide.

Commence par réfléchir, tu paniqueras plus tard.

Jason est sorti de sa hutte en se frottant les yeux d'une main et en retirant le couteau du poteau de l'autre au passage.
- Tiens, Rives, ton couteau.
Il a regardé autour de lui, soudain bien réveillé.
- Qu'est-ce que j'ai raté ?
- La confirmation que les humains sont les plus forts sur la planète, a dit Zane. Ou peut-être seulement Rives et Skye.
- Et un gros chat en moins, un ! C'est grâce à Batman et Robin, a expliqué Dex. Demain, Skye va combattre un hippopotame pour le fun, et Rives va affronter un rhinocéros avec un cure-dent. Bon, et sinon, pour les livres d'histoire, sachez que j'étais juste derrière vous. J'étais à ça de voler à votre secours et d'éclater la panthère à mains nues.
- Parfait, j'ai dit. La prochaine est pour toi.
- Cool, il a dit en avalant sa salive. Mais n'hésitez pas à intervenir, quitte à me voler la vedette. Je ne suis pas cupide. Pas étonnant que le tigre se soit barré pendant ta première nuit dans la prairie, Skye. Tu es une putain de force de la nature.

-Ca vient vraiment de se passer ? a dit Dex en regardant Sky, moi et la panthère. Mais vous êtes qui vous ? On a Xéna la Guerrière qui vient d'abattre un bestiau de quatre-vingts dix kilos avec un jouet pour chien, qui le dégomme comme si elle se battait avec des panthères à ses heures perdues, pour rigoler, pendant que nous on se fait dans le froc. Et puis toi, t'es comme l'autre taré qui bouffe des tarentules et qui se castagne pour le plaisir avec des crocodiles, là...
-Bear Grylls, l'a aidé Skype
-Oui, voilà, Bear Grylls. Ben t'es comme lui. Tu t'enfiles une infusion de mortelles comme si c'était de la petite bière, tu fonces sur une panthère mangeuse d'hommes et tu l'empales avec un pauvre bout de bois.... J'hallucine.

Karl m'a annoncé la mauvaise nouvelle au cours de mon jour 6. Il me restait trois cent cinquante-neuf jours pour attraper une porte, ou les carottes étaient cuites. En d'autres termes : "Tu as trois cent cinquante-cinq chours pour attraper une porte, zinon tu meurs." Il a accompagné cette révélation fracassante d'un mouvement très visuel de gorge tranchée. Et quand je lui ai demandé des précisions, il a haussé les épaules. Sa réponse ? "L'île fa te prendre." Je ne pouvais pas m'empêcher de penser à cette scène d'Indiana Jones où les Allemands ouvrent le coffre et tous ceux qui ont regardé à l'intérieur sont brûlés jusqu'au squelette. Peut-être que l'île me ferait la même chose. Je n'avais pas envie de le découvrir. Les autres non plus.

- Son journal disait très clairement que les portes ne prenaient qu'une seule personne.
- Et en sachant ça, tu as sauté à pieds joints dans une porte simple, stationnaire, sans savoir du tout si elle allait te griller ou t'amener ici ?
Je ne savais pas s'il fallait la faire interner ou la féliciter. Soit elle était folle, soit elle en avait dans le pantalon. Peut-être les deux. Elle a haussé les épaules.
- J'ai vu le chat suivre le garçon, et il a eu l'air d'aller bien. Alors je me suis dit que ça irait pour moi aussi.
Elle en a dans le pantalon.

- Tu ne le sais pas. La façon dont on voit nos cicatrices naît d'un choix. Elles sont un gage d'honneur. Les marques du chemin qui a fait de toi la personne que tu es devenue.

Le feu de l'île t'a touché. Il brûle en toi. Ne le laisse pas te consumer.