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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Macabre, romantique, tortueux, épique… Les qualificatifs ne manquent pas pour évoquer le fameux « Melmoth » de Maturin, considéré à juste titre comme un grand roman gothique. Il n'est guère étonnant que ce roman ait produit un effet considérable sur nombre d'auteurs, De Balzac à Lovecraft en passant par Baudelaire. « Melmoth » est un roman puissant et intense.

Tout au long de ma lecture, j'ai beaucoup pensé au « manuscrit trouvé à Saragosse », le chef d'oeuvre de Potocki. Il faut dire que les deux romans partagent le même procédé des récits enchâssés. Mais là où Potocki proposait un ensemble assez fou où le lecteur perdait tous ses repères et s'égarait avec délectation dans des histoires n'ayant entre elles qu'un lien très ténu, Maturin propose au contraire un récit totalement cohérent malgré les nombreuses histoires qui s'imbriquent les unes dans les autres telles des poupées russes. L'ensemble tend vers un dénouement qui donne tout son sens à cet enchevêtrement. Toutes les intrigues tournent autour du personnage de Melmoth, et ce même s'il est quasiment absent de certaines. Mais même lorsque ses apparitions sont fugaces son ombre plane sur le récit. Et quelle ombre ! Figure Faustienne par excellence, Melmoth est un personnage à la fois inquiétant et tragique. Je ne veux pas trop en dire sur les intrigues, une grande partie du plaisir de lecture provient du sentiment qu'on a, en tant que lecteur, d'être entraîné dans un voyage au fil des pages. Je vais simplement dire que la réputation de sommet du roman gothique attribuée au roman de Maturin n'est pas usurpée. Outre le thème Faustien qui est un des motifs classiques du genre, on retrouve tous les éléments qui font le charme de ce registre de l'épouvante. On a donc droit à des décors brumeux, des châteaux sombres, des églises en ruine, des souterrains lugubres, des alchimistes, des amours tragiques, des malédictions, des monastères aux allures de prison, des cachots de l'inquisition… Bref, tout y est et pour ceux qui aiment ce registre c'est un régal. D'autant plus que l'écriture de Maturin est splendide et participe pleinement à la réussite de l'ambiance. Au passage, je salue la traduction de Jacqueline Marc-Chadourne même si j'aurais été curieuse de lire ce qu'aurait donnée une traduction de Baudelaire, qui avait envisagé de traduire l'oeuvre.

J'ai été totalement séduite par l'atmosphère gothique à souhait de ce roman magistral et par l'écriture magnifique de son auteur. Cette lecture m'a donnée envie de découvrir d'autres oeuvres de cet auteur dont l'influence est considérable.
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ÉPOUSTOUFLANT !

Quel drôle d'objet romanesque, quelle place littéraire à part que ce Melmoth l'homme errant, ouvrage de Charles Robert Maturin, romancier, dramaturge et pasteur réformé irlandais -aux origines huguenotes comme son patronyme le suggère-, originellement publié en 1820 et judicieusement proposé en format poche aux éditions Libretto.

Se situant dans la lignée du célèbre Chateau d'Otrante et de le Moine de Matthew Gregory Lewis (dont il reprend en partie certaines thématiques), contemporain du premier Faust de Goethe (que Maturin avait probablement lu) ou encore du célébrissime Frankenstein de Mary Shelley, Melmoth se situe dans la lignée alors prolifique des "Romans Gothiques", littérature alors en vogue en son temps, quoi que souvent décriée par les bien-pensants de l'époque (sans vouloir faire de rapprochements trop hasardeux ni douteux, on peut songer à ce qu'on entend, aujourd'hui, des littératures dites de genre, même lorsqu'elles sont le fruit d'un vrai projet romanesque d'ampleur. Tel cet ouvrage), ces romans réunissant, généralement, magie de préférence noire, malédiction divines ou infernales, histoires d'amour aussi fortes et passionnées que désespérées impossibles, le tout de préférence au sein ou à proximité des ambiances froides et secrètes de quelque cloître ancien, de quelque église "gothique" en ruine, de quelque abbaye abandonnée car maudite. Les temps étaient à la redécouverte de l'architecture médiévale, qu'on allait dénommer du nom des très antiques barbares goths.

Nous sommes-là aux prémices du genre fantastique, parfois de l'épouvante ou même de l'horreur, qui existent encore aujourd'hui. Mais que le lecteur contemporain ne s'y trompe pas, ne s'y fourvoie point inutilement : nous sommes encore bien loin de Harry Potter ou de Twiglith, à des années-lumières même (par bien des aspects, c'est tant mieux !), mais c'est grâce à de tels romans d'un autre temps que toute ces littératures foisonnante ont pu, d'une certaine manière, voir le jour.

D'ailleurs, quelques grands auteurs clés des XIXème et XXèmes siècles ne s'y sont pas trompés -citons Lautréamont et son indémodable Maldoror, citons aussi Lovecraft qui témoignait lui-même de son admiration pour ce texte. N'oublions pas Baudelaire dont la préface à l'ouvrage nous rappelle qu'il rêvait de traduire ce texte, ainsi que Balzac qui inventa une courte suite, Poe que l'on peut situer dans cette filiation, Oscar Wilde (dont Maturin était le grand oncle par alliance, au passage) et son "Portrait de Dorian Gray" auquel il m'a été impossible de ne pas songer, et tant d'autres-, Melmoth l'homme errant est un texte énorme, et pas que par son épaisseur en papier !

Permettez-moi de ne pas reprendre la trame détaillée ni le résumé précis de ce long et fabuleux roman -en quelques mots, le parcours maléfique, en Europe et en Inde, d'un irlandais ayant tant voulu approcher certains mystères interdits qu'il a fini par en vendre son âme à "l'ennemi de l'humanité" (on songe à "celui que l'on ne doit pas nommer...) ainsi que le nomme Maturin sans jamais le dévoiler plus précisément, de ses entreprises de séduction à des fins de malédiction-, les critiques ici présentes, et précédentes, en donnent, d'excellente manière, tous les détails nécessaires, sans ôter l'envie d'en découvrir plus.

Il me suffira d'ajouter qu'une fois plongé dans l'ambiance tentaculaire de ce long et beau texte, il me fût impossible de m'en décoller un seul instant, même s'il y eut quelques moment de légère lassitude, lorsque l'auteur se perd un peu dans des descriptions d'ordre psychologiques et religieuses qui nous paraissent quelque peu dépassées (je pense tout particulièrement à certaines pages harassantes concernant la relation de ce que vit l'un des personnages principaux, un jeune noble espagnol, dans un sévère monastère madrilène digne des pires prisons). Cependant, aussi étrange que cela puisse paraître, je n'ai jamais eu l'idée de cesser le cours de ma lecture tant le roman me tenait, tant il me fallait pousser, page après page, pour découvrir le fin fond de cette histoire époustouflante d'une immense originalité, fonctionnant par une succession d'analepses étonnantes, de mises en abyme géniales, d'histoires aussi incroyables que captivantes.

L'ensemble -et nous pouvons sans aucun doute en remercier l'excellente traduction- est rédigé dans un style parfait pour le genre. Un peu baroque, parfois épique, d'une précision souvent éblouissante sans être jamais lourde, charge incroyablement sévère et intelligente contre les religions (même si elle laisse à l'abri la religion dite "réformée", Maturin ayant été pasteur), des portraits d'êtres parfaitement divers mais toujours probants. Notons que les personnages féminins, qui apparaissent essentiellement vers la seconde moitié de l'oeuvre, sont d'une grande, d'une évanescente beauté.
La lecture de ce monstre littéraire trop mal connu en France se fait avec passion pourvu que l'on soit un peu accoutumé à la lecture des créations romanesques du XIXème siècle, et d'une curiosité farouche.

En quelques ultimes mots, Melmoth l'homme errant est un ouvrage que tout passionné de textes hors norme et inclassables se doit incontestablement d'avoir dévoré au moins une fois dans sa vie... Avant que l'ennemi de l'humanité ne vous ait emporté !!!
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Melmoth ou l'homme errant (Melmoth the Wanderer), roman gothique publié en 1820 par l'irlandais Charles Robert Maturin et déjà (partiellement) traduit l'année suivante par Jean Cohen, fit une profonde et durable impression sur le jeune Balzac, encore aux balbutiements dans sa carrière littéraire. Il s'inspire de Melmoth pour écrire "Le Centenaire ou Les deux Beringheld", sous le pseudonyme Horace de Saint-Aubin, publié en 1824, ensuite nous trouvons des échos de Melmoth, ou au moins de sa philosophie, dans La peau de chagrin, le personnage de Vautrin, et dans le récit fantastique "Melmoth réconcilié" de 1835, dans lequel nous voyons Melmoth faire son apparition à Paris chez un caissier de la banque de Nucingen. Ainsi, Melmoth conquerra sa place dans La Comédie humaine.

Qui est donc ce mystérieux Melmoth, ce démon fait homme au rire sardonique qui assiste, impassible, aux malheurs qu'il provoque, au renversement de tout ce qui est bon en mal absolu ?

Nous le découvrons dans ce roman haletant de Maturin, où différents récits sont enchâssés de manière ingénieuse, sans jamais perdre la trame de l'histoire.

Quand on ferme ce livre à regret, après en avoir absorbé la dernière ligne, on comprend mieux pourquoi Balzac était si fasciné par cette histoire noire au pouvoir diabolique et mystérieux qui en dégage, et qu'il n'a cessé d'adapter dans son oeuvre à lui.
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J'ai été rapidement prise par le livre comme ça n'avait plus été le cas depuis des années (alors que je lis beaucoup), il y a un suspense intenable qui m'a rappelé les oeuvres de Poe mais au lieu de nouvelles de quelques pages, il s'agit ici d'un long roman ! J'ai aussi pensé au Portrait de Dorian Gray à plusieurs reprises (et j'ai appris qu'Oscar Wild était le petit neveu de Charles Robert Maturin et il semble justement s'être inspiré de cette oeuvre). Je me suis aussi rappelée Lovecraft à cause de la tension permanente dans l'oeuvre, comme un bruit sourd ou un grincement en arrière plan.
Le fil rouge est très étonnant c'est la première fois que je ressens ça : il semble parfois être si ténu qu'on se demande s'il est toujours là : sans le voir, on le sent pourtant encore. Les histoires se succèdent et l'envie d'avoir le fin mot de l'histoire se fait de plus en plus forte !
Ce n'est qu'à la toute fin que les histoires s'imbriquent les unes dans les autres, se relient pour former un gigantesque tableau et que l'on perçoit enfin la cohérence globale !
Les descriptions sont parfaitement maîtrisées : ni trop longues, ni trop courtes, une très grande justesse de la psychologie et des émotions des personnages.
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Au départ, le jeune Melmoth assiste à la mort de son oncle dont il est l'héritier. Celui-ci lui révèle un secret : il existe un portrait et un parchemin qu'il faut détruire, car ils sont liés à un ancêtre étrange qui n'a pas manqué d'être dans la pièce quand l'oncle a expiré.
A travers de nombreux récits enchâssés qui font le charme de ce roman, on prend plaisir à parcourir ce labyrinthe, on se délecte à la lecture des apparitions de Melmoth, l'homme errant, qui semble être un envoyé du diable, un tentateur des âmes.
Lorsque le jeune Melmoth, descendant de l'homme errant, sauve du naufrage un Espagnol, il sort à peine de la lecture du parchemin, récit de Stanton, homme qui a fini dans un asile et que l'homme errant a visité pour lui proposer son secours.
L'Espagnol raconte comment il a été forcé de devenir moine contre son gré vu qu'il était un enfant illégitime : une bonne partie du roman se passe dans l'horrible monastère, où il subit sévices et trahisons. On ne peut que penser au Moineet à La Religieuse lors de certaines scènes. Dans des souterrains à Madrid où il se cache après avoir fui le monastère, un Juif lui demande de recopier un manuscrit. L'Espagnol y lit l'histoire de la pure et tendre Immalie, élevée loin du monde civilisé, à qui s'est présenté un jour Melmoth, l'homme errant. D'autres récits s'imbriquent encore, on s'enfonce dans un roman incroyablement bien structuré, superbement écrit, dans un chef d'oeuvre de la littérature romantique noire.
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J'appréhendais ma lecture en pensant plonger dans une histoire d'horreur... En temps normal je me serais précipitée vers une telle chose, mais au moment de ma lecture je n'en avais pas envie.
Heureusement pour moi, ce chef d'oeuvre ne relève pas tant de l'horreur. Et j'ai trouvé du plaisir à sacrifier mes nuits et mes journées dans la lecture de ce beau pavé, au point d'en oublier parfois de vivre normalement. le style est fluide, la façon dont chaque histoire vient se mêler aux autres pour en révéler plus sur l'intrigue, sur les personnages, sur ce Melmoth qui rôde partout et nul part à la fois, tout fonctionne à la perfection pour créer un labyrinthe d'histoires personnelles apportant toutes leur pierre à l'édifice qu'est cette oeuvre.
Je ne pensais pas me trouver face à un tel coup de coeur, et j'ai sans peine compris l'engouement autour de ce roman qui est magistral, sombre, lugubre, souvent angoissant, mais qui fonctionne à la perfection, selon moi.
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Six cents pages d'une lutte du Bien contre le Mal. le Mal est représenté par un être démoniaque qui se trouve toujours à côté du faible, du pêcheur pour le tenter et le prendre dans ses filets. "Il est originaire de l'Irlande, répondit-on, pays peu connu, et où, pour divers motifs, ses habitants ne restent qu'avec répugnance. Il s'appelle Melmoth." (page 391).
Dans le premier chapitre intitulé "Histoire de John Melmoth" on voit le jeune homme revenir chez son oncle mourant. Un portrait tenu dans un local sombre et discret est l'objet de la plus grande frayeur de cet oncle qui lui demande de le détruire. Je n'ai pu m'empêcher de faire le rapprochement avec "Le portrait de Dorian Gray" d'Oscar Wilde - peut-être s'est-il légèrement inspiré de ce récit fantastique.
Ce qui est curieux c'est que je n'ai eu aucun souvenir du 2ème chapitre intitulé "Histoire de Stanton" si ce n'est le récit du naufrage et de l'homme noir qui surplombait les récifs et qui n'a été d'aucun secours.
Le plus beau récit à mon goût fut celui de l'Espagnol. Alonzo Monçada né d'une des plus hautes familles d'Espagne fut contraint par sa famille et surtout par le Directeur de conscience de sa mère à devenir moine. S'ensuit une belle description de la vie moniale à l'époque de l'Inquisition... A vous glacer le sang.
Les autres histoires sont aussi belles. Celle de Guzman et sa famille m'a beaucoup touchée. Ils sont venus d'Allemagne avec l'espérance de toucher l'héritage du père mourant et à nouveau, cet espoir a été balayé par la prise en main des biens par le clergé. Une famille désespérée et aux abois - prête à succomber à la tentation démoniaque de l'homme errant.
L'histoire de la blanche déesse Immalie, seule habitante d'une île paradisiaque perdue dans les Indes mais cependant visitée par l'homme errant est une lutte entre la pureté et le vice. Ce qu'Immalie/Doña isidora deviendra, c'est ce qui m'a aidé à continuer dans la lecture...
C'est long, très long mais c'est très prenant.
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Voici donc l'un des principaux romans gothiques, lit-on partout sur internet. J'ai lu ce roman de 1820 il y a déjà quelques années, et quelle découverte ! Apparemment, Maturin en a ravi plus d'un avec ce titre et je fais partie du lot.

Il s'agit de l'histoire d'un damné semi-immortel qui voyant arriver avec angoisse l'échéance de son pacte, tente de trouver les plus misérables et les plus désespérés pour le leur refiler en échange de leur libération. C'est donc une espèce de roman à tiroirs où plusieurs récits nous sont narrés. Maturin, en tant que pasteur protestant, en profite pour malmener la religion catholique à coups de moines hypocrites sans foi ni loi, de cruautés et d'injustices de l'inquisition, de confesseur perfide sous le joug duquel une jeune femme, qui de par son extraordinaire vécu est l'innocence même, est brimée injustement.

Si ceci a éveillé en vous quelque intérêt, voici un bon conseil : Installez-vous confortablement et laissez-vous porter dans les méandres inattendus de cette narration. J'ai trouvé le style, qui évidemment est loin des romans contemporains, rafraîchissant ! C'est noir, original et différent !
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Agréable surprise. Je l'ai lu à cause de Baudelaire, qui admirait cette oeuvre. Très prenant, délicieusement étrange et glauque, quelques scènes flamboyantes, des tableaux qui restent dans la tête. La fin est peut-être un peu longue...
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'Mérite de faire table (de chevet) rase : existe-t-il d'autres romans ?...
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