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Rien n'est plus émouvant que le parfum retrouvé d'une maison où nous avons grandi. Une campagne paisible, un jardin, une rivière coulant tout près et soudain, c'est la résurgence de l'enfance.
En poussant pour la première fois la porte de ”Chêne-Bleu”, Franck Maubert sait immédiatement qu'il achètera cette maison. Elle lui rappelle "le Paraclet", la maison première, celle des années douces. "Chêne-Bleu" deviendra ainsi le refuge, l'endroit où il pourra écrire mais aussi se blottir durant les jours sombres.

Comment grandir quand l'amour vous fait tellement défaut? A quoi se raccrocher en l'absence du père? D'abord recueilli par un couple à la campagne, le garçon prend des airs d'enfant sauvage, courant les bois, enjambant les ruisseaux. Puis c'est l'église qui le prend dans ses bras. L'enfant se laisse alors bercer par le regard bienveillant des statues. Il devient enfant de choeur car, dit-il, ”il fallait bien être l'enfant de quelqu'un”. Mais cette existence paisible s'interrompt brutalement. L'enfant est arraché à ce couple gentil pour être placé chez des grands-parents sévères. Là, plus de courses dans la campagne. Il s'agit de filer doux! Bientôt viendront les livres, compagnons des mercredis solitaires. Et l'amour des mots ne quittera plus Franck Maubert.
Quand, à 13 ans, sa mère vient le chercher pour vivre avec elle, c'est un enfant mutique et endurci qu'elle trouve. Et il est bien tard pour ces deux-là qui n'arriveront jamais à se parler. S'ouvrent alors les années parisiennes, le contraste entre la laideur de la banlieue qu'il faut retrouver chaque soir et les journées passées dans Paris, à arpenter les salles du Louvre.

Cette enfance meurtrie, cette jeunesse qui trouve refuge dans l'art et la littérature, Franck Maubert nous la conte avec infiniment de pudeur. Et de souvenirs en regrets, nous voyageons avec lui, délicatement, au fil de l'eau, remontant la rivière de son passé. Portés par une belle écriture classique, nous aimerions que le livre ne s'arrête jamais. Pourtant, certains passages nous bouleversent par leur sourde violence, comme cet ultime rendez-vous manqué entre la mère et le fils. Ces deux-là, c'est certain, auraient voulu s'aimer mais resteront à jamais étrangers l'un à l'autre. Histoire ordinaire d'un homme qui a surmonté les blessures inguérissables de l'enfance, "L'eau qui passe" est le récit d'un immense gâchis suivi d'une formidable résilience.
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Le narrateur - un historien d'art d'une cinquantaine d'années - est revenu vivre à “Chêne-Bleu”, la maison de son enfance, une maison construite en pleine nature, au bord de la rivière. Maison d'enfance, lieu de contemplation, de silence et d'écriture où il s'absorbe dans le spectacle de "l'eau qui passe", de la lumière qui change, des heures qui s'étirent, de la nature qui fourmille à bas bruit de vies multiples et discrètes.

Contemplation, silence, mémoire… Lui reviennent les souvenirs d'une enfance vécue loin de ses parents (un père mystérieusement “disparu”, une mère froide et non aimante qui ne le “récupère” qu'à l'adolescence), enfant de personne à qui personne ne s'intéresse, élevé tour à tour en famille d'accueil puis chez des grands-parents totalement indifférents, avant de retrouver sa mère - une parfaite étrangère et qui le restera. Des souvenirs que le narrateur nous confie peu à peu, par un dévoilement progressif, dans ce qui ressemble à une tentative de consolation offerte à son enfance abandonnée - “Qui se souviendra du petit garçon que j'étais ? Fermer les yeux et caresser son front, une caresse comme une larme qui descend le long d'une joue.”

Avec son écriture subtile, à fleur d'émotion et de rêve, Franck Maubert nous invite avec "L'eau qui passe" à un beau moment de partage où il raconte avec une tristesse d'une grande douceur l'intime d'une vie d'enfant construite dans la solitude - une solitude tempérée par la découverte de la culture, de la peinture et des livres -, dans le silence et dans une perpétuelle attente, à jamais déçue - “attendre comme j'attendrai longtemps un père qui n'est jamais venu. Attendre comme j'attendais la visite de ma mère.”

Un beau livre, mélancolique et tendre, d'un auteur que je ne connaissais pas et qui me donne envie de découvrir ses précédents romans.
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« Dans les rivières le temps se joue » lit-on dans les premières lignes de « L'eau qui passe ».

Franck Maubert, en hôte accueillant et discret, fait entrer le lecteur dans les pièces de sa maison où se glisse subrepticement sa douloureuse enfance.
À Chêne-Bleu, tout semble s'étirer dans la contemplation des buissons et des aulnes et de l'eau poissonneuse.
D'où vient cette eau qui passe sinon de cette enfance où brillait en amont sa rivière d'autrefois, où l'enfant gambadait dans les herbes ondoyantes de son petit Éden.
Traquant au bout de sa ligne les seules âmes aquatiques qui ne le trahissent pas, les seules consolantes et fidèles avec les quelques amis de sa première enfance, sa tendre famille d'accueil ou ce petit domaine du nom de Paraclet, c'est autant sur les pas de l'enfant malmené que de l'homme d'aujourd'hui qui contemple Cécile, déesse aux tresses de bois, que nous marchons sans bruit, nous faisant tout petit pour ne pas déranger.
Et ce livre déchirant, transfiguré par la nature splendide, par la caresse du vent, nous arrête au bord des larmes à chaque apparition de la mère silencieuse et au souffle sans passion, à chaque évocation de ce père attendu, et qui ne viendra pas.
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Le narrateur revient à la maison de Chêne-Bleu située dans le Loir-et-Cher.
Ici coule une rivière qu'il regarde par la fenêtre de la chambre du premier étage. En même temps qu'il contemple la statue de bois à qui il se confie, posée sur son chevet.
Lui revient aussi en mémoire " L'Aurore ", une sculpture de Camille Claudel, portrait enfantin qui le projette dans le passé, face à sa propre enfance, à sa recherche de l'amour maternel.
Le buste de la fillette immortalise l'enfance perdue, l'insouciance, la douceur et la sérénité que l'on égare au fil des années.

C'est aussi dans cette maison que se sont écoulés des jours heureux en compagnie d'Irmina et Anselm, des émigrés qui l'ont recueilli. Elle est Polonaise, il est Allemand. Tous deux ouvriers agricoles, qui plus est, des gens bons comme du bon pain.
L'enfant est en phase avec la nature, la rivière, les poissons, les fleurs et les nuages que l'auteur décrit merveilleusement bien.

" Des nuages courent dans le ciel assombri soudainement, ils élargissent l'immensité. Des yeux, je suis leur architecture élusive, leurs mouvements. Je m'y perds. Ils s'ajoutent les uns aux autres, se recomposent, se détachent. J'aime leur enchevêtrement, l'aléatoire qui les guide, ce hasard qui les assemble, les sépare, les réunit à nouveau. Comment résister aux formes d'une séduction facile, nées d'un tumulte accidentel ? " ( Citation )

" C'est ainsi que j'entrai en contact direct avec la nature, habité par un sentiment d'être primitif, persuadé que l'absence de parents était une chose positive. Et j'ai grandi avec le sentiment d'être mon propre enfant. Sans me poser de questions, j'ai habité la vie, vêtu de cette solitude que j'ai tout de suite adoptée. Plus tard, j'apprendrai qu'il n'y a de solitude que dans l'attente. " ( Citation )

Car c'est aussi le roman de l'attente, de la solitude, des interrogations. Pourquoi sa mère biologique l'a t-elle laissé ? Pourquoi chacun entretient le mystère et garde le silence à propos de son père ? Qui est-il ? Est-il vivant ou mort ?
Le narrateur grandit avec ces questions qui resteront longtemps sans réponses.
Il vit heureux jusqu'à sept ans, et puis un beau jour on vient l'arracher des bras de ses parents nourriciers pour l'emmener à la ville.

Le narrateur se découvre alors une passion et une échappatoire dans l'art.
Il garde en lui des blessures profondes à cause d'une mère qui ne lui a jamais prodigué la moindre tendresse et d'un père inconnu qui a disparu de la circulation. Ce père autour duquel gravite son questionnement.

" J'avais envie de savoir. Tout. Je voulais savoir, même s'il arrive un temps où l'on n'a plus envie d'être l'enfant de quelqu'un. " ( Citation )

" L'eau qui passe " est un excellent livre où chante tellement la poésie des mots sur fond de nature ensauvagée que la beauté des lieux se matérialise à nos yeux.
Et le temps s'écoule, au même rythme que l'eau de la rivière, charriant les non-dits, les souvenirs, exacerbant la colère et la souffrance intérieure, rouvrant les plaies, pour ne laisser que solitude et nostalgie à ce petit garçon devenu grand.

Franck Maubert signe dans un style classique une oeuvre magnifique avec des phrases émouvantes, des descriptions poétiques et théâtrales empreintes de mélancolie qui ne peuvent que nous marquer et s'imprimer en nous.









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Auteur de romans et d'essais dans le monde de l'art, Franck Maubert nous convie ici à un voyage vers son pays d'enfance.
Confié tout petit à un couple affectueux jusqu'à ses sept ans, il grandit au contact d'une nature qu'il décrit ici avec une sobriété vibrante. Arraché abruptement un jour à ce monde simple et campagnard par une mère sans affection, il découvre la ville impersonnelle et vit d'abord avec des grands-parents indifférents, avant de cohabiter avec cette mère si peu maternelle. La révélation de sa sensibilité artistique, des livres et de la culture, le rendra encore plus étranger à cette filiation privée d'amour.
Il y a aussi un mystère qui sous-tend toute son enfance : qui est son père ? Jamais celui-ci n'est évoqué dans la famille de sa mère, malgré les questions de l'auteur ; ce n'est que bien plus tard qu'il apprend que son père a été un truand associé à Mesrine. Et les bribes de contact qu'il aura plus tard avec ce père ne seront qu'un écho cruel à l'indifférence et à la haine sourde de sa mère - comme s'il ne représentait pour eux qu'un mauvais souvenir de leur rencontre passée.
Autour du lieu choisi et aimé du Chêne-Bleu d'où démarre ce récit (et où il nous ramène), Franck Maubert déploie une narration sobre et habitée dans ce roman sensible.
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L'auteur évoque des souvenirs de jeunesse. Enfant, adopté par de braves gens au point de se demander si des parents sont indispensables, il vit à la campagne, amoureux de la nature qu'il décrit longuement. Mais un jour, sa mère biologique vient le rechercher et s'en est fini d'être heureux. Il trouve un certain réconfort, non dans la religion, mais dans l'atmosphère si particulière de l'église. Il découvre alors petit à petit sa vraie passion : l'art des grands peintres.
On a vite lu ce petit opuscule, sans ennui mais sans passion, car Franck Maubert n'a pas insufflé suffisamment de vie dans son récit. A lire un jour de pluie si l'on n'a rien d'autre à faire.
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Longue narration décousue. Poétique diront certains, ennuyeuse je dis...
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