Quand j'ai commencé à lire
Visible la nuit, j'ai failli ne pas dépasser les premières pages. L'auteur a en effet choisi de commencer par le suicide de Malaval, et la description, clinique, de l'acte, m'a bouleversée. J'ai continué à le lire, parce que j'avais vraiment désiré lire ce livre, à chaque fois que je l'avais rencontrée en librairie, et si on me l'a prêté, ce n'est pas pour craquer au bout de dix pages.
Dans ce roman-biographie, il est question d'un artiste, Robert Malaval, de ses créations, de ses excès, de son jusqu'au boutisme aussi. le narrateur, un jeune homme qui découvre ce milieu dont il est un des ouvriers (au sens propre du terme) raconte son parcours avec le regard de l'amitié, mais aussi la lucidité de celui qui voit l'autre se détruire et ne peut rien faire pour l'en empêcher. D'autres ont tenté avant lui.
Pas de jugement moral, pas ou peu de jugements esthétiques - Robert Malaval refuse de s'enfermer dans une forme qui a fait son succès, il désire se renouveler sans cesse, et peu lui importe, ou presque, que d'autres s'inspirent de ses travaux ou exploitent à fond ce qui les a fait connaître. Robert brûle sa vie, brûle sa "carrière artistique" - mais peut-on vraiment parler de carrière, dans l'art ? Après, il peut être blâmé, critiqué, jugé, il n'en reste pas moins que la personne à laquelle il a fait le plus de mal au cours de ses recherches artistiques, c'est lui-même.
Visible la nuit, un roman hommage à découvrir.