AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations sur Une histoire de bleu (80)

Ce n'est pas, à vrai dire, une couleur. Plutôt une tonalité, un climat, une résonance spéciale de l'air. Un empilement de clarté, une teinte qui naît du vide ajouté aU vide, aussi changeante et transparente dans la tête de l'homme que dans les cieux. l'air que nous respirons, l'apparence de vide sur laquelle remuent nos figures, l'espace que nous traversons n'est rien d'autre que ce bleu terrestre, invisible tant il est proche et fait corps avec nous, habillant nos gestes et nos voix. Présent jusque dans la chambre, tous volets tirés et toutes lampes éteintes, insensible vêtement de notre vie.
Commenter  J’apprécie          00
Le bleu ne fait pas de bruit. C'est une couleur timide, sans arrière-pensée, présage, ni projet, qui ne se jette pas brusquement sur le regard comme le jaune ou le rouge, mais qui Il'attire à soi, l'apprivoise peu à peu, le laisse venir sans le presser, de sorte qu'en elle il s'enfonce, et se noie sans se rendre compte de rien. Le bleu est une couleur propice à la disparition. Une couleur où mourir, une couleur qui délivre, la couleur même de I'äme après après qu'elle s'est déshabillée du corps, après qu'a giclé tout le sang et que se sont vidées les viscères, les poches de toutes sortes, déménageant une fois pour toutes le mobilier de nos pensées. Indéfiniment, le bleu s'évade.
Commenter  J’apprécie          00
Quand l'heure n'est plus à la croyance, il en faut aimer les murs vides et les travées désertes. Que le dieu ne soit pas à prendre : juste une absence à observer. Le monde se donne en nous le temps de finir. Et sur la page encore il voudrait bien renaitre. Il garde un semblant d'avenir : de légers éboulis de ciel, quelques débris de bleu. Le temps d'attandre et de passer.
Commenter  J’apprécie          00
Ils regardent le bleu, mais ne sauront jamais le dire. Le monde est un vaste pays inconnu que l'on contemple depuis les terrasses. On choisit les chambres avec vuc, celles qui donnent sur la mer, même si l'on sait que la mer ne se donne pas. On l'entend crier derrière les volets : clle est la gorge de la nuit, la voix de ce qui ne parle pas, la récitation muette des lointains, la causerie assourdie du silence, une belle alliance de mots posée comme un emplâtre sur le vide de la languc... Elle ne dit rien, n'explique rien, ne délivre pas de leçon. Et pourtant il convient d'y prêter l'oreille. Écouter ce bruit vide n'est que vivre et se tenir en soi : habiter sa propre påleur, avec ce curieux désir de couleurs qui démange, qui agace, ce goûr de sucre que laissent dans la bouche certains mots. L'infini nous colle aux paupières et nous fait un visage enfariné de clown.
Commenter  J’apprécie          00
La mer est un livre d'images. Celui qui le feuillette affectionne ses dessins naifs. Il pose ses doigts sur la couleur et il épelle comnme un enfant des mots dont le sens lui échappe. Il dit ainsi le bleu qu'il garde en téte. Le coœur lui tourne un peu : ballotté d'une idée de cicl à une autre, il cogne de travers et passe de main en main. Il roule, il coule, ou flotte entre deux eaux, avec sa cargaison de sang et de mélancolie. En s'approchant un pcu, on y verrait passer des sortes de navires, de nacelles, ou de goélands ; on verrait filer des iles et des lueurs, et circuler la foule des aventuriers de tout poil, avec leurs paquetages et leurs galoches, et se lever des iles du beau milieu des flots... Dieu sait sur quel roc on le retrouvera, frissonnant dans ses haillons, échoué comme un paquet d'algues, calciné, noir et sec, lavé de ce qu'il lui restait d'amour.
Commenter  J’apprécie          00
Les cieux dont ils transportent l'espérance règlent eurs conduites : demain vaut bien ces gestes de brute, ces sueurs, ces attentes blêmes. La vie qui vient sera plus belle que celle qui a passé. D'un souci, d'un amour, d'une giclée de désir à une autre, ils se bousculent et larmoient, croyant atteindre bientòt le ciel, aller s'asseoir très haut parmi les muses, causer enfin avec les anges et tenir dans leurs bras celle de toujours toute dont le rire est aussi clair que le regard. Promptement, ils s'habillent, se dévêtent, et se rhabillent encore devant leurs miroirs. Cela, semble-t-il, les occupe. Et les mots qu'ils prononcent n'ont d'autre objet qu'une phrase lointaine qui restera collée sur leurs lèvres à lheure désormais proche de leur disparition. Combien de fois déjà ont-ils cru toucher au port ? II est des visages dont la courbure donne à espérer T'impossible, des reins où s'incurve la nuit, des pas que tard l'on voudrait suivre jusqu'au ciel de lit d'une chambre odorante dont les volets de bois ouvrent sur la mer. II faut aller : c'est vivre. Et cela ressemble à se perdre. Les dieux que nous avons en tête ne meurent pas : nous ne serons jamais délivrés de l'amour.
Commenter  J’apprécie          00
Ne croyez pas que tout ce bleu soit sans douleur.

La mer n'est pas une image naïve épinglée dans la chambre au-dessus du lit parmi les peluches et les bijoux d'un sou. Lorsque le cœur ne nous bat plus, nous guettons le grand large dans les flaques de la rue afin d'y laper notre misère et d'offrir à notre désir un semblant de ciel. Parfois, nous regardons intensément les yeux de nos semblables, espérant y trouver la mer et y sombrer brièvement. Nous frottons notre peau dans la chambre contre la peau d'autrui, en quête d'une électricité bleue et de son bel arc de foudre.

Nous échangeons de loin en loin avec nos semblables des signaux de fumée. Les bras ballants, nous demeurons seuls sur la piste et mâchons sa poussière mouillée de larmes invisibles. Nous sommes ici pour peu de temps : quelques mots, quelques phrases, si peu sous les étoiles, rien que cela parmi tout le reste. Du bleu dans la bouche, jusqu'a la dernière heure. Voix blanche, voix tachée, conjurant le mort, épousa g le mourir, ecoutant sans éffroi craquer les os du ciel et de la mer

(P9)
Commenter  J’apprécie          00
Bleue est la couleur du regard, du dedans de l'ame et de la pensée, de l'attente, de la rêverie et du sommeil. Il nous plait de confondre toutes les couleurs en une.

Avec le vent, la mer, la neige, le rose très doux des peaux, le rouge à lèvres des rires, les cernes blancs de l'insomnie autour du vert des yeux, et les dorures fanées des feuilles qui s'écaillent, nous fabriquons du bleu.

Nous rêvons d'une terre bleue, d'une terre de couleur ronde, neuve comme au premier jour, et courbe ainsi qu'un corps de femme. bord de l'invisible. Nous nous le répandons. Nous nous accoutumons à n'y point voir clair dans I'infini, et convertissons en musique les discordances de notre vie.

Ce au bleu qui nous enduit le ccur nous délivre de notre condition patientons longtemps claudicante. Aux heures de chagrin, nous le rêpandons comme une baume sur notre finitude.

Page 7
Commenter  J’apprécie          00
La substance du ciel est d'une tendresse étrange
L'azur, certains soirs, a des soins de vieil or. Le paysage est une icòne. Il semble qu'au soleil couchant, le ciel qui se craquelle se reprenne un instant à croire à son bleu. Un jour inespéré se lève tandis que sur la mer la nuit prend ses appuis. Lentement le mystère se déplace d'un coin de l'horizon à L'autre. On ne saurait décrire la matière de ce moment ni sa couleur ; ce serait comme une conversation murmurée de la lumière avec I'obscurité, un geste, une bonne intention : linconnu prendrait soin de tout, et chacun saurait que sur cette terre il est à sa place, qu' elle est faite pour lui, que le malheur même n'y est qu'une erreur, un oubli bientôt réparé, ou l'état mal dégrossi du bonheur qui se dessine et dont le ciel du soir ne déliera pas la promesse.
Commenter  J’apprécie          00
Nous êcoutons monter en nous le chant inépuisable de la mer qui dans nos têtes afflue puis se retirer comme revient puis s'eloigne le curieux désir que nous avons du ciel,de l'amour et de tout ce que nous ne purrons jamais toucher des mains.
Commenter  J’apprécie          00






    Lecteurs (62) Voir plus



    Quiz Voir plus

    Testez vos connaissances en poésie ! (niveau difficile)

    Dans quelle ville Verlaine tira-t-il sur Rimbaud, le blessant légèrement au poignet ?

    Paris
    Marseille
    Bruxelles
    Londres

    10 questions
    1231 lecteurs ont répondu
    Thèmes : poésie , poèmes , poètesCréer un quiz sur ce livre

    {* *}