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Citations sur La robe prétexte (10)

Mais j'ai peur pour toi ; j'ai peur de la nuit, où sans le bien aimé tu t'enfonces.
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A l'instant de l'adolescence, telle est la richesse de notre coeur qu'il néglige de s'arrêter longtemps sur les mêmes tristesses, les mêmes joies. Ce n'est pas qu'il oublie : il s'approvisionne d'émotions pour ses futurs hivers. Plus tard, il retrouve au fond de soi le vestige d'amitiés et d'amours qu'il avait crues mortes.
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Je regardais dans la glace mon visage mince aux yeux bruns que m'avait légués un faible et délicieux jeune homme et j'étais moins honteux de ma terreur quand la nuit les meubles craquent, et quand le crépuscule allonge infiniment le corridor, y rend possibles de mystérieuses embuscades...
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Une implacable protection planait sur ma destinée. Je n'avais pas comme les autres hommes la liberté de pécher. Contre le péché, Dieu m'avait d'abord armé de timidité, de dégoût, de scrupules religieux et familiaux. À l'instant de la chute, tous les dogmes, tous les commandements de Dieu étaient soudain promulgués au fond de mon être par une voix intérieure. Un conseil de famille, comprenant les morts et les vivants de ma race, automatiquement se réunissait pour me juger. Enfin, si je passais outre, un de mes parents, le plus aimé, se décidait à mourir et creusait sa tombe entre la volupté et mon désir.
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Grand-mère avait fait à Paris son voyage de noces et sœur Marie-Henriette son noviciat. Elles m'enseignèrent que la capitale ne l'emporte sur les autres villes et singulièrement sur Bordeaux que par la hauteur des maisons, la foule des promeneurs et des voitures. La Seine, si on la compare à la Garonne, est un méprisable ruisseau, un « égout » disait grand-mère. « Au mois de juillet, avait-elle ajouté, le monde se répand sur les plages à la mode. Tu ne verras pas l'avenue de l'Impératrice, ni le tour du lac dan leur beau moment. »
Éditions de la Pléiade, tome 1, chapitre XXVII, page 170.
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Grand'mère posa sur mes cheveux le baiser de chaque soir, elle prit la lampe. Un cercle lumineux dessiné au plafond la suivit et disparut. Il me sembla que les murs de ma chambre s'écartaient. Mon petit lit vogua sur un océan de ténèbres. J'eusse voulu accrocher mes mains aux barreaux, mais Grand'mère les avait croisées sur ma poitrine : j'étais accoutumé à ne m'endormir qu'avec cette croix volontaire et vivante. Le sommeil me fuyait parce que, cette nuit-là, un ange devait me visiter, comme dans l'image de mon histoire sainte il visita le jeune Tobie : il laisserait sur ma table, en signe de son passage, l’œuf de Pâques d'un rose merveilleux.
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Le jour de ma naissance, on avait coutume de chanter les vêpres des morts parce que c'était le 1er novembre. Toujours cela me troubla qu'il fallût célébrer mon anniversaire avec les glas sanglotants sur une ville où tous les magasins étaient fermés pour laisser au moindre employé le loisir de songer à ses fins dernières. Au repas du soir, un gâteau s'illuminait vainement d'autant de bougies roses que je comptais d'années, j’éteignais les courtes flammes d'un petit souffle triste. Nous avions fait dans l'après-midi un exténuant pèlerinage à la Chartreuse, qui est le cimetière de Bordeaux. La fade odeur me poursuivait des chrysanthèmes abandonnés sur les pierres tombales, comme de belles têtes échevelées et souillées de boue.
(Éditions de la Pléiade, tome 1, page 109)
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A l'instant de l'adolescence, telle est la richesse de notre cœur qu'il néglige de s'arrêter longtemps sur les mêmes tristesses, les mêmes joies. Ce n'est pas qu'il oublie : il s'approvisionne d'émotions pour ses futurs hivers. Plus tard, il retrouve au fond de soi le vestige d'amitiés et d'amours qu'il avait crues mortes. Ainsi le visage de José Ximénès s'effaçait en moi. Mais aujourd'hui que je suis moins aimé et moins jeune, je retrouve, pour mes délices, son étrange souvenir. 
(Éditions de la Pléiade, tome 1, chapitre XXVI, page 167).
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Pendant les interminables vêpres, un soleil voilé mais brûlant encore nous faisait étouffer dans nos uniformes d'hiver. Au parloir peuplé de domestiques corrects, je me désolai de reconnaître sœur Marie-Henriette assise au bord d'une chaise, les mains dans ses manches, comme si elle eût été résignée à m'attendre jusqu'à la fin du monde. Cela seulement qu'elle était ailleurs que chez grand-mère, où son devoir la retenait tout le jour, lui devait paraître une suffisante volupté. 
(Éditions de la Pléiade, tome 1, page 109).
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Je fus, au collège, un de ces enfants scrupuleux et dévots que l'ignorance du mal délivre du mal.
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