Une de ces mains qui paraissent avoir été façonnées par les actes qu'elles ont accomplis, et qui, à la fin, leur ressemblent. (p.81).
Les êtres qui nous déforment en nous rabaissant, ce ne sont pas ceux-là nos ennemis, mais ceux qui nous recréent selon l'exigence de l'amour que nous leur inspirons. (p.70).
On n'échappe pas à l'argent. Nous vivons dans un monde dont l'argent est la substance. (p.37).
[...] Cette irritation que tout être éprouve à se sentir l'objet d'une passion inclassable et démesurée, surtout s'il en profite. (p.12)
Les sentiments les plus étranges n'étonnent pas dès qu'ils sont devenus habituels. (p.11).
Toutes nos actions n'ont pas un visage. Il est rare que nos crimes nous pparaissent sous l'aspect d'un enfant blessé à mort.
Denis regarda d'abord les deux pieds droits que le drap épousait. Le corps avait déjà la forme du sarcophage. [...]
Alors Denis se mit à trembler comme un arbre, de la base au faîte. Qu'est ce que ça faisait que ce fut son père ou un autre ? C'était un mort, le mort que nous sommes tous en puissance. La seule vérité indubitable, la seule certitude.
Comment les tramways marchaient-ils ? Il aurait fallu arrêter les trains, leur crier : "Ne savez-vous donc pas que vous devez mourir ?" Pourquoi lisaient-ils les journaux ? Que pouvait-il arriver d'important au monde puisqu'on était condamné à la mort ? Cette nouvelle rendait vaines toutes les autres nouvelles. Plus rien à apprendre, puisque demain serait jeté sur le tas, pourri, dissous. La seule vérité... S'il existe quelque chose d'autre, nous ne le savons pas. Nous ne sommes sûrs que de la mort. Les religions ? des colonnes dressées dans le vide, qui imposent un ordre apparent aux brumes et aux nuées, qui encadrent l'espace béant.
[...] Comment faisaient-ils, tous les autres, comment pouvaient-ils aller et venir, s'inquiéter de mille choses, s'attacher à un autre être aussi périssable qu'eux-mêmes, faire le geste qui ensemence de futurs cadavres, et entretient les rangs de la mort ? Ils croyaient, ils avaient la foi...
Mais il n'y a pas à croire à la mort puisqu'on la voit, on la touche à chaque instant, on la salue dans la rue...
Contre cette poitrine, dans cette nuit plus épaisse que le rond de tilleuls entretenait au coeur même de la nuit, elle souffrait de ce bonheur qui s'écoulait seconde par seconde sans qu'elle put le retenir.