Il la regarde. Au bout d'un moment il dit : Le problème c'est pas de savoir où on est. Le problème, c'est qu'on croit qu'on y est arrivé sans rien emporter avec soi. Cette idée que t'as de repartir à zéro. Que tout le monde a. On repart pas à zéro. C'est ça le problème. Chaque chose que tu fais tu la fais pour toujours. Tu ne peux pas l'effacer. Rien de ce que tu fais. Tu comprends ce que je veux dire ?
Au bout d’un moment il dit : Le problème c’est pas de savoir où on est. Le problème, c’est qu’on doit y être arrivé sans rien emporter avec soi. Cette idée que t’as de repartir à zéro. Que tout le monde a. On repart pas à zéro. C’est ça le problème. Chaque chose que tu fais tu la fais pour toujours. Tu ne peux pas l’effacer. Rien de ce que tu fais. (…) Tu crois que quand tu te réveilles le matin hier ne compte pas. Mais hier c’est tout ce qui compte. Qu’est-ce qu’il y a d’autre? Ta vie est faite des jours dont elle est faite. De rien d’autre. Tu crois peut-être que tu peux disparaître et changer de nom et je ne sais quoi d’autre. Recommencer. Et puis un matin tu te réveilles et tu regardes au plafond et devine qui il y a là-haut?
C’était facile de lui parler. Il m’appelait Shérif. Mais je ne savais pas quoi lui dire. Quoi dire à un type qui de son propre aveu n’a pas d’âme ? A quoi bon lui parler ? J’ai pas mal réfléchi à tout ça. Mais lui c’était rien comparé à ce qui allait nous tomber dessus.
Ce que je veux dire c'est que t'es pas du tout sûr de ce que tu vas contrôler quand tu contrôles quelqu'un.
Tu pars sur la route. Tu t'approches à pied d'une voiture et t'as aucune idée de ce que tu risques de trouver.
Quand on aime quelqu'un on essaie de soulager sa misère même si celui qu’on aime a fait son propre malheur.
Les gens croient savoir ce qu'ils veulent mais en général ils ne savent pas. Quelque fois s'ils ont de la chance, ils y arriveront de tout façon.
Toute sa vie réduite à vingt kilos de papier dans une sacoche
Au milieu de la jonchaie il s'écroule sur les genoux et reste agenouillé, hors d'haleine. Il défait sa ceinture et laisse les bottes tomber dans le sable et plonge la main dans son jean et sort le .45 et le pose à côté de lui et se palpe le gras du bras. La chevrotine est partie. Il déboutonne sa chemise et l'enlève et tourne son bras pour voir la blessure. Elle a exactement la forme de la chevrotine, elle saigne un peu, et il y a des bouts de tissu arrachés à sa chemise. Tout le bras prend déjà une vilaine couleur violette. Il tord sa chemise ruisselante d'eau et la remet et la boutonne et chausse ses bottes et se lève et boucle sa ceinture. Il ramasse le pistolet et en retire le chargeur et éjecte la cartouche de la chambre puis secoue le pistolet et souffle dans le canon et remonte l'arme. Il n'est pas certain de pouvoir tirer avec mais ça lui paraît probable.
Quarante minutes plus tard il la voit et s'arrête et reste en selle et regarde. Elle chevauche le long d'une
Manonnas arête de terre rouge en direction du sud, les mains jointes sur le pommeau, les yeux fixés sur le demier vestige du soleil, le cheval avançant lentement dans la terre sablonneuse dont la nuée rouge les suit dans l'air immobile. Mon cœur est là-bas, dit-il. Il l'a toujours été.
Il faut très peu de chose pour administrer des braves gens. Très peu. Et les gens malhonnêtes de toute façon on ne peut pas les administrer. Ou si on peut c'est la première nouvelle.