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sur 612 notes
On achève bien les chevaux
Horace McCoy (1935)

"Durant la première semaine, il fallait danser. Mais après c'était inutile. On nous demandait seulement de rester continuellement en mouvement .."

Ben oui, fatalement les premiers signes de fatigue apparaissaient, et c'eût été inhumain de leur imposer plus avant ces figures ! Les couples devaient commencer à se décoller, on ne jouait plus collé serré, tout commençait à dépendre de pour qui était la fête ..

Moi, je trouve ça très moderne, j'ai même l'impression qu'on passe d'Horace à Jupiter : "C'est quand Jupiter fait gronder la foudre que nous croyons qu'il règne dans les cieux"

Merci Horace d'avoir dit si bien hier ce que je ressens aujourd'hui. Oh bien sûr nous ne sommes pas à Hollywood, le trouble est moins éclatant, mais pour ce qui est de nous prendre pour des imbéciles, la comparaison n'en est pas moins vraie.

La partition se joue désormais sur du velours, le raffinement est d'une sublimation absolue : ORPEA EST CONVOQUE PAR LA MINISTRE, l'ars aussi.. Tiens, ça me rappelle une chanson ! Nous sommes certains à n'avoir plus qu'un oeil, mais pour la musique, vous pouvez mettre le son plus fort, le chef est occupé !..
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Au milieu des années 30, durant la Grande Dépression, Robert Syberten qui se rêve en metteur en scène de génie et Gloria Beattie qui aspire à une carrière de comédienne star font connaissance devant des studios à Hollywood. Ils associent leur solitude et leur désarroi pour devenir partenaires lors d'un marathon de danse, spectacle à la mode à cette époque.
Pendant plus d'un mois, à raison d'une pause de dix minutes toutes les deux heures, au milieu d'un public où se pressent producteurs, réalisateurs, jeunes premiers et starlettes, en compagnie d'autres couples qui trouvent là une possibilité d'obtenir un repas chaud par jour et un toit pour se mettre à l'abri et rêvent, tout comme eux, de décrocher les mille dollars promis aux vainqueurs, Robert et Gloria vont tourner, tourner, tourner autour de la piste, sous l'oeil vigilant de Rollo Peters, l'arbitre chargé de faire respecter le règlement, encouragés par Rocky Gravo, le maître de cérémonies, qui, au micro, présente les personnalités et remercie les sponsors, pendant que Vincent "Socks" Donald, l'organisateur compte la recette du jour.
Au fil des heures, des jours et des semaines qui passent, harassés de fatigue, perclus de douleurs physiques et mentales, luttant contre le sommeil et pour ne pas être éliminés lors des derbies, Robert et Gloria se retrouvent face au désespoir de leur vie et tout peut arriver, surtout le pire.

Les lecteurs français découvrent Horace Mac Coy dans l'immédiat après-guerre en 1946 quand les Editions Gallimard publient dans deux collections différentes les deux premiers romans, écrits une dizaine d'années plus tôt par celui qui est alors comparé à Steinbeck et à Hemingway dans notre pays alors qu'il a du mal à se faire éditer dans son propre pays outre-Atlantique.
Le second s'intitule "Un linceul n'a pas de poches", le premier a pour titre "On achève bien les chevaux". Même s'il n'avait dû écrire que ces deux romans, cela aurait suffit à faire d'Horace Mac Coy un auteur qui compte dans le genre du roman noir.
Avec "On achève bien les chevaux" le romancier nous plonge dans la Grande Dépression des années 30 aux Etats-Unis et dans la misère noire qui en résulte et dont souffre des millions de gens qui tentent de survivre comme ils le peuvent. Il y développe une critique acerbe de la société américaine dans ce qu'elle a de plus vil et de plus dégradant. Si l'héroïne, désespérée et suicidaire, essaye de voir dans le spectacle avilissant du marathon de dans une double opportunité, celle d'obtenir repas et lits gratuits tout le long du concours mais aussi la possibilité de taper dans l'oeil d'un producteur pour réaliser son rêve hollywoodien, rêve qui s'est depuis longtemps transformé en cauchemar et l'(a rendue aigrie et jalouse, le marathon n'est en fait qu'un retour au jeux du cirque à Rome et une préfiguration de ce que sera la télévision avec ses reality shows indignes à partir des années 2000, un lieu de voyeurisme et de populisme avec les "cot nights", cette zone où dormaient les participants abrutis d'épuisement et qui restaient à la vue du public comme aujourd'hui la chambre et la salle de bain 24h/24 sous l'oeil des caméras violeuses des derniers lieux d'intimité. Comme à Rome et dans les émissions de téléréalité, les organisateur de se spectacle cruel s'appuient sur la misère des participants mais aussi sur une certaine misère intellectuelle du public qui se réjouit d'assister à un spectacle humiliant et méprisable pour oublier sa propre détresse et se console de ne pas avoir à vivre ces marathons pour trouver dans la vision de l'infortune des autres une façon de mieux supporter la dureté de la vie. Il est aisé d'imaginer un dialogue de ce genre entre deux spectateurs :
- Vous ici ?
- Evidemment, je viens ici tous les soirs ou presque.
- Moi je trouve ça épouvantable !
- Oui c'est totalement révoltant, je le sais bien, mais je ne peux pas m'en passer.
- Moi non plus !
Face à ce spectacle ignoble, nous pourrions penser que l'auteur défendrait les ligue de vertu et de morale qui ont tenté de faire interdire ce genre de manifestation. Mais pas du tout, Mac Coy renvoie dos à dos les deux parties. Aux accusations de la Ligue des mères pour le relèvement de la moralité publique qui juge, à juste titre, que le marathon est une "chose vile et dégradante" avec "une influence pernicieuse sur la jeunesse", qu'il pervertit une institution aussi noble que le mariage pour le transformer en spectacle et que c'est finalement un repère de la pègre, l'auteur, par la voix de Gloria, oppose le constat selon lequel ces ligues sont pleines de grenouilles de bénitiers qui ne supportent pas que les autres s'amusent et passent du bon temps (tient on croirait entendre les islamistes...) et condamne vertement l'hypocrisie et la corruption de ces mêmes ligues.
Cette critique sociale se double d'une réflexion sur l'absurdité de la condition humaine que le film éponyme de Sidney Pollack réalisé en 1969 avec Jane Fonda et Michael Sarrazin met particulièrement en valeur.
Un roman noir magistralement écrit désespéré et désespérant.
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Cela fait bien longtemps que je voulais lire ce court roman dont j'ai tant entendu parler et je l'ai dévoré en une petite matinée.... impossible de le lâcher !

Ce qui frappe en premier lieu c'est sa construction très atypique : la narration s'articule entre la lecture d'un verdict au assises en incipit de chaque chapitre, et l'histoire qui se réécrit au fil des pages.
Robert est à la fois l'accusé qui reçoit sa sentence mais aussi le narrateur de sa propre histoire. Cette double perspective donne une tension et un relief tout particuliers à l'oeuvre.

Son errance , sa rencontre avec Gloria et leur inscription dans cet incroyable marathon de danse racontent deux histoires imbriquées qui viennent s'échouer sur un rêve américain défaillant.
Dans ces années 30, en pleine crise, une offre de 1000 $ ça ne se refuse pas. Des conditions inhumaines où l'on va au bout de soi-même, des organisateurs prêts à tout pour assurer le spectacle, des sponsors sans état d'âme, le public assoiffé de sensationnel.... c'est d'une remarquable lucidité, d'un réalisme et d'une effrayante actualité !

Un roman court, incisif, d'une humanité folle et dont la dernière phrase résonne longtemps après avoir fermé le livre !

Lien : https://chezbookinette.blogs..
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Etats-unis, la grande Dépression, Robert et Gloria, deux provinciaux, rêvent de Hollywood et de la célébrité. Sans emploi, ils s'inscrivent dans un marathon de danse espérant percer dans le show-business jusqu'au drame. Durant son procès, Robert se remémore les circonstances qu'ils l'ont amené à ce geste. Une dénonciation sur l'absurdité de l'existence, sur l'avilissement des divertissements populaires et l'exploitation de l'homme en tant que bétail, quitte à l'abattre quand on en a cesser d'en tirer profit.
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Tout commence par l'accusation de Robert Syberten pour le meurtre de Gloria tuée avec un révolver et, c'est l'accusé qui raconte les faits.
En effet, Gloria et lui sont des figurants paumés qui pour gagner la prime de 1000 dollars se sont engagés dans un marathon de danse. Robert veut devenir metteur en scène et Gloria faire éventuellement du cinéma, mais Hollywood avant la seconde guerre n'offre pas d'avenir aux jeunes et, ils sont prêts à toutes les humiliations, à tous les compromis pour survivre....
Ce marathon est dirigé par Rocky Gravo, organisé par Socks et arbitré par Rollo Peters : il faut danser de façon continue pendant des heures en couple avec seulement une pause de 10 minutes toutes les 2 heures, pendant laquelle ils devront rapidement se nourrir de sandwichs , se laver, changer de vêtements et éventuellement se faire masser et soigner par une équipe médicale. Ils vont être régulièrement sélectionnés par des éliminatoires très stricts. le but des organisateurs est d'attirer des sponsors, des visiteurs en proposant des boissons, des victuailles et, en même temps de faire venir des personnalités et, pour ce faire : ils organisent aussi des mariages " bidons". C'est le règne d'une sorte de téléréalité avec des couples qui sont obligés de donner le maximum de leurs forces jusqu'à épuisement total !
Il y a 2 dames de la Ligue des Mères qui viennent pour faire arrêter ce " cirque "qu'elles trouvent "dégradant et vil ", et empêcher Ruby qui est enceinte de poursuivre ces derbys épuisants ! Mais, le conseil municipal y trouve son intérêt financier comme les organisateurs, et Gloria, épuisée va finir par demander à son partenaire Robert " de l'aider à descendre de ce manège " en la tuant !
Un roman noir, porté à l'écran en 1969 par Sydney Pollack avec Jane Fonda dans le rôle de Gloria. Horace McCoy y fait le procès de l'envers du décor du Rêve Américain avec le mercantilisme, la cupidité, le voyeurisme et les conditions de travail inhumaines de ces danseurs qui, dans une cadence infernale virevoltent jusqu'à la mort ! C'est une fresque sociale des années 1930 et pas du tout un roman policier !
L.C thématique d'octobre 2022 : un VERBE dans le titre.
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Comme beaucoup, j'ai vu le film d'abord et lu le livre ensuite. Dans les années 30, aux États-Unis, Robert et Gloria, qui peinent à survivre, tentent de percer en tant qu'acteurs... mais il y a plus de figurants que de vedettes, et ils ne sortent pas la tête de l'eau. Fauchés, désespérés, ils décident de participer à un marathon de danse, en espérant gagner le jackpot qui leur permettrait de sortir de leur misère et peut-être seront-ils repérés par un producteur ?
La lecture est fluide, mais essentiellement basée sur les dialogues et l'action, ce que j'ai déploré... mais ça reste une oeuvre magistrale.
Morale de l'histoire : on ne devrait jamais voir un film avant d'en avoir lu le livre.
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Je ne me souviens pas du film, pas sûr de (ne pas) l'avoir vu.
En tout cas, ici c'est un court roman, très fort, sec, direct, sans inutilités, on va droit au but, ça parle d'une certaine idée du rêve américain, d'une certaine culture... C'est touchant voire poignant, et fait réfléchir.
Même s'il est différent, j'y retrouve un peu de Des souris et des hommes, de Steinbeck, et sinon il y a là un ton qui pour moi préfigure des Bukowski, des Jim Thompson, des Selby... Je ne dirai pas des Fante car ils sont contemporains et il y a un peu de ça, excepté que pour Fante son personnage est récurrent et plus "familial".
Bref, on a aimé, beaucoup.
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Un chef d'oeuvre de la littérature américaine ! A lire absolument, ne serais-ce que pour comprendre le titre (je ne vous spoilerai rien, tout est dévoilé dans le roman).
Durant la période de la grande dépression, les marathons de danse se succèdent : attirés par le gain facile, et la perspective de manger/boire/dormir gratis durant plusieurs jours, les candidats ne manquent pas.
Parmi eux, nous suivons l'histoire de Robert et de Gloria, deux acteurs ratés qui vont essayer d'aller le plus loin possible dans cette compétition...

Le texte est court, vif et percutant. Les personnages sont attachants, et reflètent bien l'esprit de l'époque : manque d'argent, perte de repères, envie de s'en sortir, ou nihilisme... Cela semble plus actuel que jamais.
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Pendant la Grande Dépression, des marathons de danse pouvant durer plusieurs mois étaient organisés partout aux États-Unis.
Les règles étaient simples et cruelles : chaque couple devait rester en mouvement pendant des jours, des semaines et parfois des mois en ayant seulement toutes les deux heures dix minutes de pause pour manger, dormir et se laver.
En échange de ce spectacle, les danseurs pouvaient manger plusieurs fois par jour et dormir dans un véritable lit. Un luxe à cette période. le couple de gagnants empochait quelques centaines de dollars seulement.
Ces marathons étaient cruels, stupides, violents et dangereux. Ils ont pourtant réellement eu lieu.

Le lecteur est irrésistiblement happé dès la première page qui dévoile la fin : Robert, le héros, est jugé pour le meurtre de Gloria, sa partenaire de marathon.

On remonte alors le temps : Gloria et Robert sont deux jeunes gens se rencontrant par hasard à Hollywood. Ils veulent faire du cinéma, peinent à se faire remarquer et sont sans le sou. Ils décident alors de se lancer dans ce genre de marathon, leur permettant de manger plusieurs fois par jour et peut-être d'être remarqués par les producteurs qui assistent parfois au spectacle.
Ce court roman de 200 pages retrace le marathon de ce couple pendant 900 heures jusqu'à la mort de Gloria.

On achève bien les chevaux fut un coup de coeur.
Ce roman, devenu un classique aujourd'hui, a été mal accueilli aux États-Unis à sa sortie dans les années 30. L' auteur lançait un grand coup de poing aux États-Unis de la Grande Dépression et à tous les gouvernements profitant du désespoir des hommes pour s'enrichir. L'appât du gain pousse les organisateurs à maltraiter toujours plus ces jeunes gens. L'auteur parvient à installer une tension dès les premières pages qui ne décroît pas.
C'est une lecture difficile, violente, qui met en colère et troue le coeur.
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ce jeune homme agréable
va t il sauver sa collègue de danse
lors d'un concours ?

Je ne dirai rien sauf que ce moment de quelques pages
se lit d'une traite
l'écriture est agréable à lire
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