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sur 7115 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
« Blackwater » est une saga culte aux États-Unis, encensée par Stephen King himself, mais qui a visiblement mis du temps à traverser l'Atlantique afin d'être éditée en français car celle-ci date tout de même de 1983. L'auteur, Michael McDowell, est d'ailleurs décédé des suites du sida en 1999, à seulement 49 ans. Afin de respecter la parution épisodique initiale de ce roman-feuilleton découpé en six volumes, l'éditeur a même prévu de sortir un (superbe!) tome tous les quinze jours, du 7 avril au 22 juin 2022.

Le récit débute en 1919 par une crue monumentale qui submerge la petite ville de Perdido, dans le sud de l'Alabama. Fief du clan Caskey, ayant bâti leur fortune familiale sur des scieries et dirigé de main de maître par la matriarche Mary-Love, la ville se retrouve totalement sous eau. Parmi les rescapés, Elinor Dammert, une mystérieuse jeune femme aux cheveux rouges flamboyants, retrouvée indemne dans l'une des chambres de l'hôtel Osceola, va également perturber l'équilibre au sein du clan familial. Créature séduisante au passé nébuleux, cette dernière semble également entretenir une relation assez particulière avec la nature en général et avec la rivière Perdido en particulier…

« Blackwater » est avant tout une grande saga familiale qui dévoile progressivement les tensions et les secrets du clan Caskey. Pourvue d'une touche de fantastique, finalement assez discrète, mais suffisamment présente afin d'insuffler une atmosphère étrange tout au long de ce premier volet, l'ambiance m'a un peu fait penser à celle que j'adore dans les récit de Charles Burns. Ajoutez un brin de romance et quelques rebondissements bien placés, le tout au coeur d'un état du sud marqué par la ségrégation et l'exploitation des domestiques noirs, et vous obtenez une série qui se laisse volontiers dévorer.

Mais, malgré un personnage central intriguant et une ambiance mystérieuse attrayante, je ne pense pas poursuivre l'aventure car l'intrigue en elle-même a eu plus de mal à me convaincre et j'ai trouvé cette mise en place un brin trop lente à mon goût.
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Ce sont deux très beaux objets que m'ont gentiment proposé de lire Babelio et les éditions Monsieur Toussaint Louverture : Blackwater tome 1 La crue, puis tome 2 La digue. Pour me décider, après la quatrième de couverture alléchante mais énigmatique, je lis les 2O premières pages offertes en extrait avant d'accepter. Et là, je succombe totalement au prologue qui nous plonge dans une ambiance d'inondation nimbée de mystère : En 1919, deux hommes parcourent en barque les rues du village inondé de Perdido. Nous naviguons ensemble sur de jolies descriptions à hauteur de fenêtres d'habitations désertées, et débusquons une survivante oubliée au dernier étage d'un hôtel, que nous nous empressons de secourir. Nous, c'est Oscar, un notable du village, et son employé Bray. D'emblée, celui-ci se méfie de cette drôle de femme dont il trouve l'apparition étrange. Très vite, nous nous apercevrons que les phénomènes qui l'accompagnent ne le sont pas moins. Alors je me jette à l'eau et accepte de lire en avant première les deux premiers tomes de cette série de 6, inédits en France, car j'ai hâte de poursuivre cette histoire.


A peine reçus les deux tomes, je m'émerveille tout d'abord du soin apporté à l'univers sublime de la couverture, qui nous signifie bien que l'on rentre dans un monde à part, fantastique, presque ésotérique… Puis je me dépêche de rejoindre à la nage les personnages là où je les avais laissés : sur le canal du retour qui les mène à la maison d'Oscar et de quelques autres, relativement épargnés par la crue et qui hébergent le reste du village. L'arrivée d'Elinor, la mystérieuse inconnue, continue d'intriguer autant le lecteur que la communauté. Contrairement aux autres, elle ne semble pas avoir peur de l'eau. Elle paraît même la contrôler, parfois. Et puis cette apparence étrange qu'elle prend pendant ses bains dans la rivière Perdido, dont l'eau est de la même couleur que ses cheveux si rouges… Sa peau est comme transformée, et ses yeux… Mais c'est sûrement un effet d'optique dû à la déformation et au miroitement de l'eau. Bientôt pourtant, Ellinor divisera la communauté : ceux qui sont sous son charme sembleront protégés, les autres seront comme maudits. Mais c'est lorsqu'elle séduira Oscar que la guerre commencera réellement. Elle affrontera alors directement la femme la plus importante de la vie d'Oscar : Sa mère. Or à Perdido, si la plupart des métiers sont exercés par les hommes, ce sont les femmes qui tirent les ficelles, contrôlent les hommes, affirment leurs volontés par tous les moyens mis à leur disposition, et ce déjà bien avant ce droit de vote qu'elles viennent d'obtenir : colères, manipulation, chantage affectif, des méthodes bien rodées qui ont fait leur preuve pour régir autant les vies privées que la vie publique. Jusqu'ici. Parce qu'avec Elinor, dont les hommes sont sous le charme, les femmes ont trouvé une rivale à leur taille. Et même peut-être bien plus machiavélique et puissante… Comme le prouve la fin étonnante de ce premier tome !


Si l'enjeu de ce tome 1 était d'asseoir l'autorité familiale d'Elinor, l'enjeu du deuxième paraît axé sur le projet communal de construction d'une digue, dont Elinor ne veut pas puisqu'elle perturbera sa chère rivière… Et quand Elinor veut ou ne veut pas quelque chose, elle se bat ! Je vous en dirai plus bientôt puisque j'ai dévoré ce premier tome d'un seul coup, sans pause, en une soirée. Je n'ai donc plus qu'à poursuivre avec le 2. Moi qui m'attendais à une écriture un peu gothique, comme dans Gormenghast, je l'ai trouvée en réalité extrêmement fluide, ce qui rend l'histoire facile d'accès à tout le monde. Par ailleurs, le fait que les phénomènes se rapprochant du surnaturel soient très légers permet aux gens terre à terre comme moi d'apprécier l'histoire et de se prêter au jeu des personnages sans se sentir perdus ni dépassés. C'est peut-être ce qui m'a le plus surprise finalement : Je m'attendais à un univers bien plus complexe et je l'ai trouvé très simple et facile d'accès. du coup sans m'avoir subjugué pour la richesse de son style ou la profondeur de ses personnages, il pourra divertir le plus large public comme il l'a fait avec moi. J'ai d'ailleurs lu que c'était précisément ce que recherchait l'auteur : « J'écris pour que les gens prennent du plaisir à lire mes livres, qu'ils aient envie d'ouvrir un de mes romans pour passer un bon moment sans avoir à lutter ». Eh bien mission réussie Monsieur Michael McDowell, car c'est exactement ce que j'ai ressenti ! J'attends de voir si le deuxième continue sur cette lancée ou s'il se complexifie… En tout, il y aura six tomes qui paraîtront d'avril à juin à raison d'un volume tous les 15 jours, en format poche : To be continued !
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J'ai reçu ce fort beau cadeau lors d'une Masse Critique privilégiée, et j'en remercie beaucoup Babelio ainsi que les éditions Monsieur Toussaint Louverture. Quand je dis "fort beau", je parle non seulement du fait d'avoir reçu les deux premiers tomes de cette saga d'un coup (il y en aura six), mais surtout de l'esthétique des livres, très travaillée et très réussie. Un fond bleu évoquant l'eau, "personnage" principal de l'histoire, et des dessins dorés incrustés avec une foule de détails évoquant des personnages et des détails que nous retrouverons dans les pages. Et jusqu'au mot "merci", à côté du prix du volume !
On va voir beaucoup d'eau couler au fil de ce récit, qui débute justement par une crue dévastatrice. La ville de Perdido, que l'auteur situe au sud de l'Alabama, est ravagée par la montée de la rivière du même nom, et les dégâts sont immenses. Les habitants se sont réfugiés sur les hauteurs, et notamment dans l'église Zion Grace où l'on va retrouver les membres des trois familles les plus riches de la ville dont les vastes demeures ont été les premières touchées. Oscar Caskey, Premier Gentleman de la ville, est justement parti faire une reconnaissance en bateau avec son domestique noir Bray. Et surprise ! Une femme à l'opulente chevelure rousse a survécu dans une chambre à moitié immergée de l'hôtel Osceola et leur fait signe depuis sa fenêtre. Les deux hommes vont secourir l'inconnue et la ramener à l'abri chez l'oncle d'Oscar, James. La jeune femme, Elinor Dammert, prétendra être venue pour remplacer une enseignante partie pour une autre ville. Comme elle a perdu la presque totalité de ses affaires (dont ses papiers) dans la crue, impossible de vérifier ses dires. On est en 1919, les moyens de communication ne sont pas ceux d'aujourd'hui !
Qu'importe, Elinor se fera vite une place dans la ville, puis dans le coeur d'Oscar, au grand dam de sa mère, Mary-Love Caskey, grande figure de la bourgeoisie de Perdido. Mary-Love porte bien mal son prénom, elle n'aime pas grand monde en dehors de sa famille proche et cet amour est plutôt étouffant ! Sa fille Sister (bien réducteur comme prénom) demeure encore chez elle, faute de trouver un mari, et son fils Oscar également. Bien qu'il dirige la scierie familiale (avec James) et ait largement contribué à la prospérité de la famille, il est entièrement sous la coupe de sa mère. Celle-ci qui n'éprouvait déjà pas beaucoup de sympathie pour Elinor (rien que la couleur des cheveux de celle-ci la rend "suspecte") va carrément la haïr lorsque qu'Oscar lui annoncera son intention de l'épouser. Elle n'aura de cesse de contrecarrer les projets du couple.
Mais Elinor n'est pas du genre à se laisser dicter ses actes...
Le cadre est en place, les principaux protagonistes campés, l'histoire peut commencer.

J'ai d'abord pensé lire une simple saga familiale un peu du genre "Dallas" dont les anciens comme moi se souviendront sûrement : de riches familles, des conflits et des rivalités, des histoires d'amour contrariées. Il y a certes de cela dans "Blackwater", mais bien d'autres ingrédients aussi. Déjà le contexte est très différent, on est bien dans un état du sud des Etats-Unis mais en 1919, époque où la ségrégation est très marquée, les Noirs ne sont certes plus esclaves, mais parqués dans leur propre quartier et pour la plupart employés comme domestiques, ou "compagnons de jeu" pour les enfants de riches blancs. Cet aspect est fort bien expliqué par l'auteur. Perdido est une petite ville, où trois grandes familles possèdent des scieries qui font vivre toute l'économie locale. Elle est encerclée par deux rivières, la Perdido aux eaux rougeâtres, et la Blackwater. A leur confluence se forme un tourbillon très dangereux, où plus d'un a déjà perdu la vie. Ces rivières sont au centre du récit, et Elinor est fortement "reliée" à elle, d'une façon assez surnaturelle. Certains passages frôlent le fantastique, je pense que cet aspect va s'amplifier dans les prochains tomes, du moins j'aimerais bien ! Ce sont justement ces passages qui m'ont le plus séduite, le mystère est frôlé, mais pas encore vraiment dévoilé. J'ai apprécié le caractère fort, mais sans agressivité apparente, de cette femme, qui possède un sens de la justice parfois poussé à l'extrême. Elle est la seule à s'opposer à Mary-Love, et à obtenir ce qu'elle désire, parfois au prix de concessions qui m'ont paru un peu exagérées. Sister et Oscar par contre m'ont souvent énervée, leur faiblesse face à cette mère abusive m'a donné envie de leur mettre quelques coups de pied au derrière ! Les domestiques noirs jouent également un rôle dans le récit, ils font le lien entre les différentes maisons de la famille et sans eux rien ne tourne rond. J'aurais souhaité que d'autres personnages soient un peu plus développés, mais cela viendra sans doute dans la suite. L'écriture est fluide, ça se lit vite et ça coule...comme de l'eau ! J'ai d'ailleurs lu les deux volumes à la suite en deux jours.
Je ne connaissais pas l'auteur, mais une petite notice jointe à l'envoi comporte une rapide biographie. J'ai été surprise de découvrir qu'il s'agit d'un auteur contemporain, et que cette saga a été écrite de janvier à juin 1983, mais que la présente édition en est la première traduction française. A la lecture, j'aurais plutôt pensé qu'elle datait des années soixante, le style étant légèrement désuet. J'ai également découvert qu'il avait écrit des scénarii pour Tim Burton, le célèbre Beetlejuice.
Les prochains tomes vont paraître à raison d'un tous les quinze jours entre avril et juin, j'espère avoir la chance de poursuivre cette aventure.
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En ce jour de Pâques de 1919, la barque verte file sur les eaux boueuses. Alentour, tout n'est que désolation, maisons éventrées, carcasses d'animaux à la dérive, boue, rats, pestilence, …
Sur la barque, Oscar Caskey, bientôt la trentaine, fils d'une des trois grandes familles blanches de la petite ville de Perdido, au sud de l'Alabama, et Bray, son domestique noir. Au milieu du désastre, Oscar croit voir du mouvement dans une des chambres de l'unique hôtel, l'Osceola, alors que l'eau est montée jusque sous les fenêtres du premier étage. Comment est-ce possible ? Tous les habitants sont censés avoir été évacués…
Oscar ordonne à Bray de rapprocher la barque, au grand dam de celui-ci, perclus de terreur. Comme une apparition, une belle jeune femme rousse se tient dans la chambre partiellement inondée. Oscar tombe immédiatement sous le charme d'Elinor Dammert.
Du suspense, de l'étrange, une pincée de surnaturel, secouez-bien, et vous obtiendrez une eau rouge et boueuse aux couleurs de la Perdido. Afin d'étancher votre soif de connaître la suite, vous allez vous en délecter à grandes goulées.
L'écriture est simple, efficace, et je suis tombée sous le charme de cette saga familiale avec en figure de proue, l'affrontement de deux femmes fortes, Mary-Love la propriétaire terrienne dont la famille habite Perdido depuis plusieurs générations, et la sirène Elinor qui va se hâter de prendre Oscar dans ses filets. le seul problème étant qu'Oscar est le fils de Mary-Love, qui voit d'un très mauvais oeil la tentative de rapprochement de son fils et Elinor.
J'ai dévoré avec grand plaisir ce premier tome, j'attendais peut-être un peu plus de complexité, mais il reste encore cinq tomes à lire, donc l'histoire a le temps de se déployer. J'ai tout particulièrement apprécié les doses de surnaturel en petites touches bien dosées, qui permettent au récit de conserver sa crédibilité et de gagner en originalité.
Je pensais attendre un peu, mais, finalement, je ne vais pas résister, je vais me jeter sur le tome 2 !
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Cette nuit, je me suis laissée engloutir par la magie Blackwater, et j'ai lu les deux premiers tomes avant de me rendre compte qu'il était judicieux de dormir un peu, (en même temps entre lire ou tousser, j'avais tranché .... ).
C'est cet été, lorsque ma fille est revenue avec le premier tome que j'ai compris que j'étais foutue ! Prendre un roman des éditions Toussaint Louverture , c'est l'ouvrir à coup sûr ! L'admirer, le toucher et sourire en lisant la dernière page et le "Merci" toujours inscrit à côté du prix.
Cette série revisite le livre de poche . Les couvertures ont été dorées à chaud, dont une dorure champagne "tout ceci pour que leurs formes et leurs ombres captent la lumière et marquent les esprits". "Il compte 260 pages, ce qui est assez pour s'y noyer".

Car au milieu de ce roman coulent deux rivières : la Perdido qui donne son nom à la ville et la bien nommée Blackwater. C'est au cours d'une crue dévastatrice en 1919, qu' Oscar Caskey (issue d'une des trois familles les plus puissantes de la ville) vient constater les dégats avec son domestique noir. Ils sont sur une barque , il ne reste plus personne dans la ville, tout le monde a été évacué vers les hauteurs, sauf une femme visible de sa fenêtre de chambre d'hôtel , devenue à hauteur d'homme grâce (ou à cause) de la montée des eaux. D'elle, on ne sait pas grand chose, d'ailleurs, c'est bien pratique, ses papiers étaient dans une des valises que le domestique (noir) n'a pas retrouvée. Elle prétend être maitresse d'école, elle remplacera l'institutrice qui a voulu partir. Tous vont adopter et être un peu charmés par Elinor. Tous sauf une : la matriarche du clan Caskey qui voit d'un très mauvais oeil son influence grandir sur hommes et enfants. La Guerre est déclarée ? Mais dans l'immédiat , il est temps de réparer les dégats des eaux, causés par La Crue qui ne sont peu être pas ceux que l'on voit à l'oeil nu. La Perdido, dont l'eau est rouge (comme le sang ), et la Blackwater , noire comme les desseins des un(e)s et des autres . le rouge et le noir ...
Oui, mais il est temps de laisser place et de construire La Digue (le tome 2 ) afin de protéger Perdido , car chaque tome se termine en introduisant le suivant.

A ce stade-là, je suis sous le charme et addict.
Ma fille m'avait dit : " Tu verras,ce roman c'est une ambiance."
On est dans l'Alabama, les vieilles maisons avec leurs porches où les gens se balancent et s'éventent. On est dans une séparation marquée entre les blancs qui possédent et les Noirs qui servent, mais qui habitent ensemble, auxquels vient s'ajouter cette créature identique aux Blancs, mais si différente en vérité, dont on ne sait pas exactement ce qu'elle est, et surtout ce qu'elle veut ... On est dans le pragmatisme, la logique capitaliste et dans la croyance, la sorcellerie. On est dans la saga familiale et dans le fantastique .
Ma fille m'avait dit : " Tu verras , tout ce qui est à l'intérieur du livre est dessiné sur toutes les faces de la couverture, comme une chasse aux indices..." Merci à l'illustrateur Pedro Oyarbide qui a rendu l'objet-livre si précieux.

Le premier tome de Blackwater a été publié en 1983.
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Si vous décidez de braver les eaux boueuses et pourrissantes des rivières Perdido et Blackwater, je vous préviens, cela sera à vos risques et périls! 

Vous ne pourrez plus vous arrêter en chemin tant que vous ne connaîtrez le fin mot de l'histoire. Et l'histoire est drôlement prenante!
Les courants sont puissants, tourbillonnants et vous entraînent vers le fond, vous obligeant à battre des pieds et des mains et à tourner les pages très vite au risque de vous noyer.

Le rythme de la narration est en soi un véritable phénomène stylistique. Parfois faussement nonchalant, presque répétitif, il  peut tout d'un coup s'accélérer sans crier gare en nous amenant un fait complètement inattendu qui nous laisse bouche bée, nous astreignant à relire les mêmes phrases afin de s'assurer qu'on ait bien saisi le revirement de situation totalement inespéré.

La part de mystère entretenue au fil des pages est alimentée sans cesse par de petites révélations, qui permettent les spéculations les plus diverses.

Il y a un petit quelque chose des grands classiques de Gabriel Garcia Marquez, dans le genre saga familiale où les personnages têtus et obsédés se débattent avec leurs inquiétudes et leur malheur pendant des années, campant sur leurs positions sans jamais se remettre en question.

Chez Michael McDowell l'on retrouve ce même climat suspendu, onirique et envoûtant des personnages, troubles et inquiétants.

Ce récit est empreint d'une sorte de réalisme magique, dans lequel L Histoire et le fantastique se télescopent pour conter une fable tour à tour sombre et lumineuse.
Les coups de théâtre « inventés » se catapultent avec les vrais

Je me suis jetée avec voracité sur ce roman au souffle épique et l'ai dévoré en quelques heures.

J'espère que le tome 2 saura tenir la cadence et provoquer le même sentiment de ravissement.


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Elinor semble sortie de la crue noire qui noie Perdido, petite ville de l'Alabama en ce printemps 1919. Pourtant sa beauté blême est aux antipodes de ces eaux tourbes, nauséabondes et dévastatrices. Comment a-t-elle pu survivre seule, dans l'hôtel submergé par la crue ? D'où vient-elle et surtout pourquoi dépense-t-elle autant d'énergie auprès d'une communauté qui n'est pas la sienne ? Dans la ville en reconstruction, elle se rend indispensable, envoute les habitants ; même les éléments ne semblent pas résister à son aura. Telle un fleuve imperturbable, la voilà qui s'immisce dans les failles du clan Caskey, riche famille de propriétaires. le bras de fer s'engage avec la matriarche Mary-Love, déterminée à refouler cet élément perturbateur.

Les éditions Monsieur Toussaint Louverture ont encore fait très fort en traduisant cette série-fleuve initialement parue en 1983. Et fidèles à leur réputation d'artistes de l'objet-livre, ils donnent au texte un écrin somptueux. Pourtant, les tomes paraissent au format poche, pour un prix modique donc, en conservant le format initial du feuilleton, avec six tomes épisodes publiés au rythme d'un tous les quinze jours.

Ce premier volet a piqué ma curiosité. L'intrigue se noue dès les premières lignes, le mystère s'épaissit, la tension monte et les pages se tournent rapidement. On voit vite qu'il ne s'agira pas d'une saga familiale classique. D'abord parce que ce sont les femmes qui occupent le devant de la scène, puissantes, calculatrices, dont on brûle de découvrir les tréfonds. Ensuite parce que plusieurs événements sèment le trouble et nous entraînent vers un registre différent, subtilement fantastique, noir, voire horrifique. Une préfiguration sudiste de Twin Peaks ?

Une série étrange et addictive, portée par une plume alerte. À lire, pour se laisser emporter complètement ailleurs et pour le plaisir du feuilleton !
Lien : https://ileauxtresors.blog/2..
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Ça y est, j'ai à mon tour succombé à la saga Blackwater ! ● Une petite ville de l'Alabama, Perdido, est ensevelie sous les eaux de sa rivière en crue. Trois riches familles se partagent la principale ressource de la localité : le bois. Au milieu des eaux, coincée dans un hôtel, apparaît Elinor, une jeune femme qui se dit institutrice mais paraît disposer de curieux et discrets pouvoirs. Recueillie en barque par Oscar Caskey, elle va se confronter à sa mère Mary-Love, la matriarche d'une des trois riches familles. ● C'est un roman fort plaisant à lire. Les personnages sont bien campés, l'intrigue, qui évite la complexité inutile, suscite l'intérêt et la curiosité, on a envie d'en reprendre dès la fin du premier tome, selon le principe du feuilleton. ● Si l'on se demande quel chemin va prendre l'intrigue, si les questions en suspens vont être résolues et comment, si l'on va clairement basculer dans le fantastique, on se doute que la rivalité entre Elinor et Mary-Love va se poursuivre dans le deuxième tome, que je m'apprête à lire !
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Moi, j'aime vraiment mon libraire. Grand spécialiste de la littérature de l'imaginaire, il est pour moi une référence dans ce domaine. Grace à lui et ses conseils plus qu'avisés, j'ai déjà fait plus d'une très belle lecture.
Aussi, quand il m'a conseillé avec beaucoup d'enthousiasme de découvrir cette série dont j'avais vaguement entendu parler, je lui ai fait confiance les yeux fermés. Alors, qu'en général je suis assez méfiante avec les livres qui bénéficient d'un certain tapage médiatique et qui sont en tête de gondole. Et là comme il était estampillé « lu et approuvé » par mon libraire, j'y suis allée les yeux fermés.
Bon, évidemment, je les réouverts, mes yeux, pour pouvoir lire et savourer ce premier de cette série qui va compter six volumes.
Dès le début de ce livre, je me suis laissé prendre par l'histoire ou l'on se retrouve à Perdido, une petite ville au fin fond de l'Alabama. Cette ville est en crue, et une jeune femme va être retrouvée dans l'hôtel de la ville alors qu'il semblait bien avoir été complètement inondé. Un des sauveurs de la jeune femme nommée Elinor se nomme Oscar Caskey et fait partie d'une des familles les plus en vue de Perdido.
La mère d'Oscar, la redoutable Mary-Love va très vite cerner la jeune Elinor et se méfier d'elle de toutes ses forces.
L'histoire baigne dans une atmosphère assez particulière, et cette petite touche de fantastique n'est pas pour me de plaire, je le reconnais.
Bon, j'ai pour l'instant les trois tomes suivants sont déjà dans ma Pal, et comme les deux derniers vont être édités tous les deux ce mois-ci, je pense que je vais assez vite lire cette série dans son intégralité.


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Depuis le temps que j'entendais parler de cette saga sur Babelio, qui mêle du surnaturel dans une histoire de famille au fil des années, je me disais que je devais absolument la lire. C'est chose faite, du moins pour le 1er tome.

Lorsque, lors de la grande crue de 1919, arrive une mystérieuse jeune femme ayant un penchant naturel pour l'eau, spécialement l'eau des rivières, comme celle de la Perdido baignant la petite ville du même nom, au sud de l'Alabama, la famille Caskey va devoir se réorganiser. Toute la famille Caskey, les femmes, les hommes, les enfants, et les domestiques noirs. Cela ne fait pas une multitude de gens, mais une lutte de pouvoir gagne l'atmosphère humide et lourde de cette région. Les femmes, puissantes, rivalisent de moyens sournois ou plus directs, et les hommes, comme toujours, se laissent mener par le bout du nez.


L'histoire commence mal : la description de la crue dure des pages et des pages, et cela m'a fait penser au mauvais épisode pluvieux de juillet 2021, lorsque beaucoup de rivières de Wallonie ont débordé et ont provoqué de nombreuses catastrophes. Arrivée à la moitié du roman, je commençais franchement à m'engluer dans cette atmosphère. Puis tout doucement, a commencé à émerger cette lutte de pouvoir dont je parle plus haut. Mais que c'est lent…
La psychologie n'est pas très développée, elle se réduit à quelques traits de caractère, toujours les mêmes selon les personnages. Seul le caractère d'Elinor Dammert, la mystérieuse jeune femme « sauvée » ( ?) des eaux reste nébuleux, d'autant plus que son attirance obscure pour l'eau entraine avec elle plusieurs mystères du genre surnaturel.

Le surnaturel me séduit toujours, et c'est vrai qu'ici il est distillé à très petites doses, ce qui ne me déplait pas. J'aime bien l'atmosphère, mais l'action en elle-même ainsi que les personnages ne me fascinent pas.

Je laisse donc la vie de ces gens couler le long de la Perdido, ils se débrouilleront très bien sans moi.
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