J'ai fini ce livre parce qu'il était très bien écrit (très très très bien écrit, d'ailleurs, avec le style calibré et sans émotion d'un parfait ouvrier des mots) et parce que je voulais quand même savoir où l'auteur nous conduisait, du fait qu'un suspense diabolique était annoncé par la quatrième de couverture. Mais, au final, c'est 350 pages qui auraient pu se réduire à une centaine. Et de suspense, il n'y en a pas l'ombre.
Il y a pourtant quelques passages intéressants, comme la visite que rend le personnage principal à sa mère, dans la maison de retraite où elle végète. Mais on les oublie vite tellement il y a de longueurs et de détails totalement superflus. On apprend notamment comment opérer un oedème au cerveau, comment mener une partie de squash, comme jouer du blues, comment préparer une matelote de poisson... En gros, en lisant ce livre, on fait l'économie d'un manuel d'anotomie, d'un précis de neurochirurgie, d'un livre de cuisine, d'une anthologie de la poésie anglaise, d'un guide touristique sur l'Ariège, d'un manuel de squash... sans parler de l'économie de temps énorme que l'on fait en découvrant, de loin en loin, des phrases qui reprennent tout ce qui a pu se dire depuis quelques années pour condamner ou, au contraire, justifier la guerre en Irak. Ainsi, pas la peine de lire les journaux :
Ian McEwan nous en fait un condensé dans son roman, en recréant des dialogues entre des pro et des anti-guerre pour composer un fabuleux patchwork de phrases toute faites.
Au bout du compte, le suspense annoncé par la quatrième de couverture est totalement inexistant, puisque ce qui se passe à la fin (le prétendu dénouement d'un problème posé au départ) tombe comme un cheveu sur la soupe après des pages interminables de digressions et de descriptions, et tout s'achève dans des rebondissements saugrenus et peu crédibles (voire ridicules).
Finalement, on peut juste saluer le travail énorme que cela a dû demander à
Ian McEwan... comme on salue le travail bien fait d'un peintre en bâtiment. Personnellement, je préfère trouver dans un roman la même émotion que celle que peut procurer un tableau de maître. Même si les peintres en bâtiments sont tout aussi méritants.
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