AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
4,21

sur 961 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  


A Belfast, aux débuts des années 90, des tas de trios de lettres fleurissent sur les murs : IRA, UVF, UFF, UDA, FTP, FTQ et le nouveau et mystérieux OTG.

Jake Jackson travaille pour une société de recouvrement, mais n'aime pas son travail. Sa fiancée l'a quitté et il vit seul. Les soirs, ils retrouvent ses amis, catholiques ou protestants, peu importe autour d'une bière.

Son ami Chuckie, qui vit toujours chez sa mère, a une idée de génie pour gagner de l'argent.

J'ai aimé les idées loufoques de Chuckie, son beau parlé qui convainc toujours ses interlocuteurs, et surtout les instances européennes prêtes à donner de l'argent à une idée fumeuse.

J'ai aimé Aoirghe, à prononcer comme un éternuement, une amie de Chuckie qui se fâche avec tous ses potes.

J'ai aimé le regard de l'auteur sur cette province dévastée par les bombes sans que jamais aucune des « armées » ne se soient affrontées.

J'ai aimé son humour sur certaines situations du quotidien, et son regard sur les événements.

Une citation :

ce conflit politique, qui avait marqué toute la vie d'adulte de Chuckie, se résumait à un mensonge. Il s'agissait en fait d'une guerre entre une armée qui disait qu'elle ne voulait pas de battre, et un groupe de révolutionnaires qui affirmaient qu'ils ne voulaient pas se battre non plus. (…) Et puis ces armées ne s'entre-tuaient pas souvent. D'habitude, elles se contentaient de tuer les malheureux citoyens qui se trouvaient disponibles pour le massacre. (p.424)

L'image que je retiendrai :

Celle du bar nommé Wigwam dans lequel se retrouve le groupe d'amis et dont la serveuse parle irlandais alors que personne ne la comprend.
Lien : https://alexmotamots.fr/eure..
Commenter  J’apprécie          110
Qu'est-ce que ça fait plaisir de lire un livre pareil !
Hormis des côtés un peu hyperbolique-hollywoodien, je retrouve tout ce que j'aime. C'est drôle. Les personnages prennent bien chair (prennent cher par moments aussi) et leurs personnalités et caractères s'affirment. C'est rempli d'émotion.s, en pagaille. C'est aussi un regard pointu tout en étant ras-de-sol, à la fois désabusé et amoureux, sur ce cadre dramatiquement grotesque ou grotesquement dramatique de cette Irlande du Nord, de cette ville de Belfast dans lequel McLiam Wilson plante son oeuvre, et existe.
Le ton, ce ton, qui me rappelle mes lectures passées de Fante (les deux Fante), parfois aussi de Selby mais avec un spot de lumière interne qui perce nettement sous les strates cyniques et violentes (celles-ci ne sont pas gratuites, ce qui fait toute la différence). Doux amer lumineux. le ton et le rythme font penser, font écho, à du stand-up. C'est presque un texte qui pourrait être dit, sur une scène, plein de punchlines, avec rythme boum boum boum, explosif. Bombesque. Irlande du Nord ! Yep !
Sans être politique directement, McLiam WIlson parvient à faire comprendre et passer beaucoup de choses, beaucoup de valeurs, simples, humanistes. Au fond, oui, c'est simple. Simple comme j'aime ce livre.
Commenter  J’apprécie          110
J'ai adoré ce roman, très bien écrit (excellente traduction) et touchant. Les personnages sont intéressants et leurs histoires révèlent une Irlande du nord meurtrie par les événements terroristes. Parfois, le ton est légèrement décalé, ce qui provoque l'hilarité, parfois, le style est assez poétique, voire philosophique. Les personnalités des deux principaux héros (Jake et Chuckie) sont attachantes et le lecteur n'a aucun mal à s'identifier à eux et à ressentir leurs émotions. Pour moi, ce fut un dépaysement passionnant car l'image que nous avons habituellement de l'IRA et des autres groupes armés du même genre est plutôt négative, mais la sensibilité et l'humanisme présentes dans ce livre change notre regard d'étranger sur ce pays.
Commenter  J’apprécie          210
Coup de coeur pour ce livre, cet hommage à Belfast.
Parce que Belfast est un personnage central du livre !
Chuck est un protestant porté sur l'alcool, qui n'a jamais quitté Belfast et vit avec sa mère.
Jack est catholique, il a voyagé et fait des études mais il est revenu à Belfast et va de petits boulots en petits boulots.

Les 2 sont amis. Ils vivent dans le Belfast des attentats, au rythme des bombes et se sentent étrangers à ces rivalités communautaires...

Quand il a 30 ans, Chuck décide qu'il doit faire quelque chose de sa vie et va faire fortune en profitant des opportunités permises par la filouterie et les subventions des organisations. Il va en étonner plus d'un dans son entourage et sa mère la première.

L'auteur, par une plume particulièrement léchée, nous fait découvrir les quartiers de Belfast et de ses habitants, surtout les prolétaires qui font des petits boulots, draguent, fréquentent les pubs et s'endettent facilement.

J'ai passé 545 pages en Irlande du Nord, bloody sunday en tête.

Génial !
Commenter  J’apprécie          50
Quoi de mieux en pleine troisième vague de chaleur (atténuation du mot canicule) que de partir en Irlande du Nord ? Bon, d'accord, en pleine guerre civile dans les années 90, mais le bruit des bombes et autres déflagrations ne surprennent même plus les habitants.

De la pluie, de l'humidité, du gris et une rue de Belfast : Eureka street où vit Chuckie, protestant, chez sa mère, dans une petite maison étroite, comme toutes celles du quartier. Un peu désoeuvré, Chuckie écume les pubs avec ses potes, n'a aucun projet, pas de travail, pas de petite amie. Son copain Jack, catholique, vit dans une rue un peu mieux lotie, dans un bel appartement et travaille. Sarah sa compagne, l'a quitté mais grâce à cette relation, il habite un bel appartement avec un chat miteux qu'il n'aime pas trop. Il a repéré une serveuse d'un pub, se pose des questions existentielles sur son boulot qui consiste à récupérer des articles achetés à crédit chez des habitants de Belfast, parfois par la violence.

Les deux amis sont en bout de route de leur vie routinière et entre deux pintes et deux migraines, ils pensent à changer leur vie. Autour d'eux, la famille, les amis et les voisins gravitent. La vie du quartier n'est pas désagréable, mais tous vivent dans une misère plus ou moins prononcée.

Chuckie va avoir l'idée du siècle, pourtant stupide au premier abord, pour se faire beaucoup d'argent, et ça marche !

J'ai suivi l'évolution de Chuckie et Jack avec plaisir, la vie de leur entourage solidaire mais avec les préjugés de l'époque. J'ai moins aimé le côté politique pourtant indispensable. J'ai beaucoup ri, attendrie par ces personnages qui profitent des occasions que la vie leur donne, en se posant de multiples questions et en avançant, conscients de l'importance de prendre leur destin en main malgré la guerre et la misère.

Une lecture addictive où l'auteur mettant en scène des personnages masculins arrive à glisser entre deux lignes une pensée féministe avec le changement de vie radical de la mère de Chuckie.
Lien : http://pyrouette.canalblog.c..
Commenter  J’apprécie          500
Ne cherchons pas Eureka Street sur un plan de Belfast, ni Poetry Street : elles sont imaginaires mais le reste du Belfast de Robert McLiam Wilson est bien réel dans cette année 1994 où la guerre civile existe encore avec son cortège d'attentats absurdes.
Nous sommes subjugués par ces aventures où nous emmènent Chuckie Lurgan et Jake Jackson, respectivement protestant et catholique, mais amis, tous deux issus des bas quartiers ainsi que les amis de leur bande.
C'est raconté avec beaucoup de truculence et d'humour : on rit de bon coeur de temps à autre. C'est aussi très humain et les personnages ont un coeur : cela fait en effet penser à Charles Dickens ou à Victor Hugo, mais j'y vois aussi une influence de la "beat generation", tardive et transplantée à Belfast et non pas aux États-Unis. de plus Chuckie me fait irrésistiblement penser à Ignatius Reilly dans la Conjuration des Imbéciles de John Kennedy Toole : Robert McLiam Wilson ne peut pas ne pas l'avoir lu.
Un très grand livre assurément, paru en 1996 et servi par la belle traduction de Brice Matthieussent, que je recommande chaleureusement à tout amateur de littérature anglo-saxonne ou même, tout simplement, de très bonne littérature.
Commenter  J’apprécie          30
j'ai adoré, j'ai adoré, j'ai adoré…. un roman fantastique que nous transporte en Irlande du nord, plus précisément à Belfast, en plein conflit entre protestants et catholiques. Deux amis irlandais, un protestant qui cherchera gloires et fortune et l'autre,un catholique souvent amoureux qui cherche le bonheur partout.
Commenter  J’apprécie          00

L'incipit est un extrait d'une phrase de Tahar Ben Jelloun : « Toutes les histoires sont des histoires d'amour ». Ici, il s'agit de l'amour d'une femme, d'un ami, d'une mère, d'une ville.
Dans les années 1990, à Belfast, le quotidien de deux amis, l'un protestant, l'autre catholique.
Ils travaillent, ou pas, ils ont des parents, des histoires d'amour, surtout, ils se posent des questions existentielles et ont bien du mal à trouver les réponses.
Ils se retrouvent au pub avec leur bande de copains, ils se bagarrent, ils aiment.
Et tout ça au milieu de la terreur des attentats, presque banals dans cette Irlande du Nord déchirée depuis des décennies.
J'ai beaucoup aimé ce roman aux personnages profonds et complexes, touchants et sensibles. C'est une fresque de la ville qui elle-même est personnifiée au point que le lecteur peut presque en sentir les trépidations et les odeurs.
Le style est délectable, la cerise étant incarnée par les passages pleins d'humour qui m'ont fait éclater de rire.
C'est désopilant, c'est vivant, c'est humain.
Commenter  J’apprécie          310
Belfast, Irlande du Nord, années 90, peu avant et après le cessez-le-feu de l'IRA.
Jack le catho vit dans Poetry Street, une large avenue sans voitures calcinées , ni patrouilles militaires. Sa compagne anglaise est partie il y a six mois, ayant eu assez de vivre dans cette ville. Lui il glande, fait des boulots merdiques à droite à gauche, en attendant que quelque chose se passe dans cette ville où la mort en public est chose fréquente.
Chuckie le protestant a trente ans, lui vit à Eurêka Street avec sa mamôn et lasse de l'incohérence de sa vie, veut organiser son existence.Sauf qu'échafauder une telle organisation écumant les bars, bourré quasi en permanence, s'avère compliqué 😆. Pourtant le mec a du talent. Il a des bonnes idées, qui peuvent aussi vous éclairer si vous aviez des ambitions capitalistes similaires , comme comment gagner un million de livres Sterling sans lever le petit doigt😆.....et ça marche !!!
Le chemin que vont emprunter ces deux-là (malgré eux 😆)pour changer le cours de leurs vies est au coeur de ce livre, où le troisième personnage est Belfast, la ville d'où est issu l'auteur. Belfast, cette ville qui donne « l'impression d'être le ventre de l'univers...un décor souvent filmé rarement vu...un monde brisé-brisé mais beau ...un simple fouillis de rues et quelques grosses collines, un simple murmure de Dieu. »
Les deux personnages sont sublimes, et leur attitude d'une lucidité couplée d'une indifférence insondable envers la vie, désarmante. Dans la noirceur d'une ville, scène d'événements tragiques, l'auteur les enveloppe d'un halo d'humour, d'humanisme et d'optimisme qui m'ont fait sourire et rire, tout en dégustant de la belle littérature. Dans son ensemble une satire très subtile de notre monde , où pour préserver notre santé mentale vaut mieux ne pas chercher de raisonnement logique. Syrie, Irlande du Nord,.....l'absurde est partout. le cours de l'histoire et celui de la politique se télescopant, les histoires individuelles sont mutilées ou tronquées à jamais. J'ai particulièrement apprécié les piques au monde des “affaires”, à l'ignorance des américains, à l'hypocrisie des politiciens et autres genres de personnages publiques plus soucieux de leur image et de leur réputations que de leurs actes et à l'absurdité des conflits politiques et religieux basés sur des fondements et justifications non tangibles.

Eurêka Street est encore une rencontre babeliote, une lecture coup de coeur, merci Bison.

"Dans Eurêka Street, les gens vivaient les uns sur les autres comme des allumettes dans une boite, mais avec chaleur et sociabilité."
Commenter  J’apprécie          11811
Des irlandais, la trentaine chargée, collectionnent les mauvais coups et surtout les coups du sort dans un Belfast où s'affrontent les catholiques et les protestants sous la surveillances d'anglais qui ont la notoriété mondiale de foutre la merde partout où ils passent (le jour où ils arrêteront de se torcher avec la géopolitique, le monde ira un poil mieux).
Jake Jackson vient de se faire plaquer par Sarah, retournée à Londres où elle y a avorté, ce qu'il apprendra plus tard. Il décide de quitter son job de déménageur-encaisseur lorsqu'avec ses deux acolytes, ils récupèrent le lit médical d'une vieille dame atteinte d'un AVC qui n'avait pas fini de payer ses traites, en la virant par terre. Depuis il traine ses regrets, attendant de rencontrer la femme qui lui fera oublier ses déboires amoureux.
Son ami, Chuckie, rêve de toucher le jackpot mais sans avoir à passer sous un bus afin de percevoir la prime d'assurance. Il a l'idée d'une géniale arnaque. Il fait passer une annonce proposant un godemichet géant moyennant la modique somme de 9,99 £. Il ne compte bien évidemment jamais expédier l'objet du délit à l'acquéreur(se)(heureuse) mais à la place un chèque de remboursement portant la mention : « REMBOURSEMENT GODEMICHET GEANT ». Il se doute que personne n'osera déposer le chèque à sa banque. Il fait rapidement fortune…
Chuckie Lurgan est à « Eureka Street » ce qu'Ignatius J. Reilly est à « La conjuration des imbéciles ». le premier est autant obsédé par gagner du fric au travers de procédés douteux et sauter la ravissante californienne Max que le second l'est à son anneau gastrique et à ses excentricités délirantes.
Robert McLiam Wilson signe un roman d'une rare cocasserie. Il donne l'impression de régler ses comptes avec l'absurdité d'un pays divisé par une guerre de religion tout aussi absurde, sur le ton de la plaisanterie. Il aurait pu finir chacun de ses chapitres par : « Mais la vie continue… ».
Il réunit une brochette de personnages aux caractères haut en couleurs, que les travers de leur existence n'atteignent plus. Ils jonglent avec un humour corrosif et échappent ainsi à la sinistrose qui tapisse les rues de Belfast. Sur fond d'attentats terroristes meurtriers, ils sont capables de tels échanges :
« - Ta queue atteint-elle ton cul ? Demanda-t-il.
J'ai écarquillé les yeux.
- Quoi ? fit Billy.
- Ta queue atteint-elle ton cul ?
Billy ne trouvait pas ça drôle du tout.
- Qu'est-ce que tu veux dire ?
- Eh ben, si elle l'atteint, tu peux aller te faire enculer plus facilement. » D'une logique implacable…
Le roman de Robert McLiam Wilson est un véritable chef d'oeuvre de second degrés et un hymne à une humanité que rien ne saurait altérer. C'est une histoire sur l'amitié. C'est le témoignage que même au milieu d'une société dure, cultiver la dérision aide à se sortir de bien des situations sans être atteint au plus profond de soi-même.
Moralité de cette histoire : plus la connerie est grosse, et plus on y croit et plus elle marche, parce qu'on en a besoin !
Une lecture savoureuse et un auteur génial à découvrir impérativement…
Traduction de Brice Mathieussent.
Editions Christian Bourgois, 10 :18 « domaine étranger », 545 pages.
Commenter  J’apprécie          660




Lecteurs (2447) Voir plus



Quiz Voir plus

Eureka Street

Où se passe l'histoire de ce livre ?

Aux Etats-Unis
En Ecosse
En Irlande
Au Canada

11 questions
60 lecteurs ont répondu
Thème : Eureka Street de Robert McLiam WilsonCréer un quiz sur ce livre

{* *}