Les véhicules anti-émeutes sont un sujet assez compliqué, du fait de la grande variété de manières dont le sujet est abordé par les autorités: entre les véhicules purement civils, les civils militarisés, les purement militaires et ceux qui ont été spécialement conçus dès le départ dans ce but, on a de base une grande variété de plates-formes sur laquelle on peut attacher des équipements non moins variés, de la lame de bulldozer au canon de 100mm (chez les Chinois, mais les Occidentaux ne font guère mieux, avec des canons de 76mm utilisés par les Anglais en Irlande du Nord).
Chris McNab ne s'en sort néanmoins pas trop mal, étant donné le format restreint imposé par l'éditeur. Il aborde ainsi dans un premier temps le concept de véhicule anti-émeute avant d'observer différentes approches au travers de grands évènements: le conflit Nord-Irlandais, l'apartheid Sud-Africain, les troubles dans les répliques soviétiques, les émeutes raciales des années 60 aux USA. Ce faisant il passe en revue un certain nombre de véhicules, bien qu'il néglige largement certaines région, notamment l'Amérique du Sud et l'Asie, pourtant l'usage polémique de ce type d'engins au Brésil ressort régulièrement dans l'actualité et aurait mérité sans doute qu'on s'y intéresse un peu plus.
Un aspect de ce déséquilibre de traitement entre véhicule me dérange particulièrement: j'ai en effet eu parfois la désagréable impression d'avoir en main une brochure commerciale pour le Paramount Maverick. Celui-ci est en effet très abondamment traité avec plusieurs pages de texte qui lui sont consacrées, une bonne dizaine de photos, une illustration double page et même en conclusion de l'ouvrage une citation d'une page complète de la présidente du groupe Paramount. Pourtant le Maverick est un véhicule qui n'a rien d'exceptionnel, n'est pas spécialement répandu et n'a jamais rien fait de notable, alors on se demande bien pourquoi une telle place d'honneur lui est accordée, en dehors d'un placement produit.
L'autre point négatif pour moi est la disparition des illustrations traditionnelles qui étaient la marque distinctive des ouvrages Osprey, au profit d'illustrations en 3D. Celles-ci malheureusement peinent à rivaliser avec la qualité de l'ancienne méthode et le résultat est assez inégal. Je n'ai notamment pas aimé du tout les profils des véhicules, qui manquent à mon goût de détails et dont la finition laisse à désirer, bien que les images de scènes s'en sortent un peu mieux.
L'ouvrage reste toutefois correct et permet d'avoir une vue d'ensemble du domaine, qu'il aborde par ailleurs avec un parti-pris affirmé en faveur du véhicule spécialement conçu dès l'origine pour cet usage.