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Roman intéressant d'une auteure italienne . Sur fond historique, elle bâtit une fiction qui tient la route.
Ceux qui se passionnent pour la turbulente histoire de l'Italie au XX Eme siècle revisiteront la situation particulière du Tyrol du sud, du Haut Adige (enclave que Mussolini décide d'italianiser,on y parlait allemand )qui connaît dans les années 1960-1970 des actes de terrorisme.
Le récit déroule pendant un long voyage en train d'Eva jusqu'à Reggio de Calabre des histoires de femmes , des histoires d'amours contrariés.
Eva naît d'une aventure passagère de Gerda avec un certain Hannes.Pour continuer à travailler dans les hôtels, Gerda fait le choix de placer Eva dans une famille bienveillante .Eva se rend en Calabre pour répondre à l'appel de Vito, un ancien brigadier en Haut Adige qui avait brusquement quitté Gerda et Eva…
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Ce roman est une belle façon de mettre l'accent sur un pan de l'histoire de l'Italie et sur une région magnifique.
Si vous avez lu Mario Rigoni Stern vous connaissez déjà un peu ce coin d'Italie qui appartint à l'Empire Austro-Hongrois et qui fut donné à l'Italie en 1918.
Lorsque l'on lit ça dans un livre d'histoire on a peine à imaginer les conséquences pour les hommes et femmes qui vivent là.

Francesca Melandri c'est attachée à nous faire comprendre les chose à travers l'histoire de deux femmes, Gerda et Eva.
Dans les montagnes du Haut-Adige (pour les italiens) ou du Sud Tyrol (pour les autrichiens) c'est le choc total, des autrichiens se retrouvent du jour au lendemain italiens, changement de langue, bouleversement de l'identité culturelle, ils deviennent les parias d'une communauté.
La famille Huber va faire les frais du changement apportant séparations, fracture familiale, conflit de génération.

Le roman est un lent retour en arrière, Eva va traverser toute l'Italie pour être au chevet de Vito, son presque père qui va mourir, il fut l'amour de sa mère, un père de substitution dont elle n'a jamais accepté le départ.
Eva se souvient de l'homme qui l'appelait « sisiduzza » ce qui signifie « toute petite étincelle »
Le paysage se dessine d'une région supportant les changements historiques mais aussi les changements de société.
Dans les années 60 une jeune femme enceinte est une honte pour sa famille, elle devient une Matratze, une femme marquée au fer rouge
« C'était une Matratze parce que son père, Hermann, l'avait laissée partir » partir pour gagner sa vie.
Puis enceinte elle a été chassée par Herman, lui qui avait choisi le mauvais camp, celui des nazis.
Gerda a fait face avec courage pour élever seule sa fille Eva, elle a travaillé sans relâche au Grand Hôtel de Frau Mayer à Merano, elle a tenté d'oublier Peter l'apprenti terroriste, Segi le frère plein de haine, Ulli le presque frère qui lui opte pour la transgression, elle est devenue une cuisinière de talent.
Gerda est belle et rayonne d'amour pour sa fille. Lorsque Vito apparait il va être à la fois son amour et sa croix.
C'est un très beau roman qu'a écrit Francesca Melandri, mêlant l'histoire tourmentée de la région qui ne peut oublier son passé, et les personnages qu'elle nous livre toute en finesse et émotion. Si aujourd'hui la région voit affluer les touristes c'est après une période douloureuse. On croise des personnages bien réels de l'histoire italienne comme Aldo Moro, mais surtout on est pris d'affection pour Vito et Gerda qui portent le récit, et je vous défie de ne pas verser votre larme.

Lien : http://asautsetagambades.hau..
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Tôt dans le livre apparaît le fil rouge, comme un verset biblique : « Malheur aux filles des pères sans amour ; leur destin est celui des mal aimées ». La malédiction qui frappe Eva et sa mère Gerda sera levée aux dernières pages, trop tard pour le bonheur, mais l'auteur nous enseigne qu'il n'est jamais trop tard pour guérir, au moins cicatriser. L'histoire des deux femmes se raconte en deux pistes, celle du temps de 1919 à 1992 pour la mère, et celle d'un long voyage pour la fille, du km 0 au km 1397, du Haut-Adige/Sud-Tyrol à la Sicile. Les bonheurs, les chagrins, les injustices et les trahisons de ces années ne se résument pas, ils frappent et s'émoussent au long d'une histoire politique tout aussi brulante, celle de la lutte pour l'autonomie d'une province italienne germanophone dans un contexte de fascisme, puis de collaboration et de résistance, dans un cycle infernal attentats-répression.

À tous points de vue, Vito, père d'élection rejoint au terme de sa vie et au terme du voyage d'Eva, figure l'homme nouveau, l'homme de la réconciliation. Celui qui respecte Gerda, soeur de terroriste, mère célibataire, et qui offre à Eva, la fille qu'il n'a pu chérir, son désir d'être père, celui « qui te conseille, qui te console, qui te gronde au besoin si tu te trompes. Surtout qui te protège ». C'est aussi le carabinier du Sud qui travaille au Nord à la paix. Programme « freundlich », mais l'auteur mérite l'admiration pour la présence, la fraicheur et la beauté du décor, l'amitié pour ses personnages, un naturel aussi convaincant dans l'intime que dans l'épique, et le charme d'un humour discret, omniprésent.
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De cet auteur, j'avais bien aimé "Plus haut que la mer", donc je voulais découvrir son premier roman, mais je suis assez déçue.
J'ai eu beaucoup de mal à rentrer dans l'histoire, les personnages féminins ne sont pas très sympathiques, on ne peut pas vraiment s'identifier à elles et surtout, pour moi l'aspect historique est trop important. C'est vrai que je ne connaissais pas le Haut-Adige ou Tyrol du sud mais je n'ai pas forcément envie de lire des descriptions de guides touristiques ou des compte-rendus politico-historiques dans les romans que je lis. Je crois que je suis passée à côté, même si l'écriture est belle. Mais bon, c'est juste mon avis !
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"Une terre dont, aujourd'hui encore, beaucoup d'italiens aiment la géographie mais ignorent l'histoire." Cette région est celle du Haut-Adige ou Tyrol du Sud, cédée à l'Italie en 1919, des débris de l'Autriche-Hongrie, alors qu'elle n'était peuplée que de germanophones. Dans son premier roman, Eva dort, Francesca Melandri y raconte presque un siècle de luttes, souvent violentes, pour ne pas perdre son identité, et gagner son autonomie, de Mussolini à Moro. Une fresque historique qui est plus qu'une toile de fond et qui prend parfois toute la place, reléguant son intrigue principale, familiale celle-ci, au deuxième plan. Eva dort trace les portraits de deux femmes, une mère et une fille, et de l'homme qui a le plus compté pour elles, même s'il ne fut jamais le mari de la première ni le père de la seconde. le roman est riche, presque trop. Sa construction, en incessants retours en arrière, dilue les passions intimes au profit des événements historiques. Francesca Melandri ne voulait pas écrire un livre seulement sentimental, ce qu'il est pourtant, une sorte de mélodrame où le droit d'aimer est dénié par les contraintes d'une époque où les unions mixtes (une germanophone et un italien) étaient sinon interdites, du moins proscrites par la morale. Malgré un aspect répétitif et une frustration de ne pas mieux entendre le thème principal de cette partition, Eva dort est une oeuvre estimable, pudique et douce, au-delà de la douleur de la perte, et dont la langue, cristalline, révèle une romancière promise à un bel avenir.
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Qui sait que la région italienne du Haut-Adige/Tyrol du Sud est celle qui a l'autonomie la plus aboutie de toute l'Europe ?
Qui sait que la majorité des habitants de cette région est de langue allemande ? Qu'une partie seulement parle italien et qu'une autre toute petite partie parle une des langues les plus rares d'Europe, le ladin ?
Qui sait que ces habitants germanophones ont subi une « italianisation forcée » de la part du régime fasciste en place à partir des années 1920 et qu'aux vues des tensions que cette volonté politique a provoquées, un accord a été trouvé avec le troisième Reich pour proposer à ces personnes d'émigrer vers les nouveaux territoires allemands ?
Qui sait que dans les années 1960, certains de ces citoyens germanophones se sentaient tellement persécutés par le pouvoir en place qu'ils ont basculé dans la violence du terrorisme en créant le BAS, Befreiungausschuss Südtirol militant pour la réunification de la région avec l'Autriche ?
Qui sait qu'aujourd'hui la spécificité du Trentin-Haut-Adige a été reconnue et que les écoles, les administrations… respectent la langue de chacun ? Que les panneaux de signalisations sont en trois langues ?

Après la lecture de « Eva dort », je peux répondre : Moi ! Moi ! Moi ! À toutes ces questions et bien d'autres encore !

Francesca Melandri nous fait découvrir un pan assez méconnu de l'histoire italienne en mettant en scène les personnages fictifs de Gerda Huber et de sa fille Eva.
Eva reçoit un jour l'appel de Vito, qui fût comme un père pour elle avant que le contact ne soit rompu. Il est au crépuscule de sa vie et lui demande de venir lui rendre visite en Calabre. Eva quitte alors précipitamment son Tyrol du Sud natal pour faire le voyage jusqu'à l'autre bout de l'Italie. Pendant que le train la transporte au travers des paysages de carte postale, elle se remémore son enfance, l'histoire personnelle de sa mère ainsi que celle du Haut-Adige.

Francesca Melandri a réalisé plusieurs documentaires avant de se lancer dans l'écriture et on peut dire que cela se ressent fortement dans son premier roman. Ce n'est pas du tout une critique, au contraire. le livre est extrêmement bien documenté et les quelques libertés historiques prises par l'autrice pour les besoins de la narration sont corrigées par elle-même à la fin de l'ouvrage.
L'amour de l'écrivaine pour l'Italie transpire à chaque page, avec toute sa richesse culturelle et ses différences. J'ai particulièrement apprécié toutes les descriptions culinaires et énumération de plats typiques du nord de l'Italie, en allemand dans le texte et loin des clichés habituels sur la cuisine italienne : pas de pizzas ni de pâtes ici !

Par contre, j'ai eu un peu plus de mal avec les personnages. Gerda et Eva sont grandes, blondes et belles. Gerda encore plus qu'Eva d'ailleurs. Mais c'est tout.
Bien sûr grâce au déroulé du récit, la vie des deux protagonistes se dévoile devant nous. de par leurs agissements, leurs choix, on devine leur caractère mais il manque quelque chose pour que leur portrait soit vraiment convainquant.
C'est dommage mais cela ne gâche pas non plus cette belle lecture, elle a juste un tout petit goût d'inachevé…
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Fait historique intéressant, puisque peu connu mais qui m'a fait penser tout le long de la lecture à la légende vivante de l'alpinisme Reinhold Messner, lui aussi de la même région. Une mère, une fille. Deux époques alternent les chapitres. Prose bien fournie, trop peut-être, j'ai un peu décroché les passages sur la politique et difficile de s'y retrouver dans la multitude personnages et les retours arrière. Eva nous raconte aussi le destin du Haut-Adige. Cette région était autrichienne jusqu'en 1919, quand elle fut rattachée à l'Italie à l'issue de la Première Guerre mondiale. Comme elle le dit, je cite : « Mon passeport est italien, ma langue c'est l'allemand, ma terre c'est la partie sud du Tyrol dont les autres parties, le Tyrol du Nord et de l'Est, sont pourtant en Autriche. »
Rien à voir avec ‘Plus haut que la mer' que j'ai adoré.

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Ce roman, très bien documenté, m’a fait découvrir un pan d’histoire de l’Italie que je ne connaissais pas : le Tyrol du Sud, région germanophone faisant partie de l’Autriche-Hongrie, a été rattaché à l’Italie suite aux traités mettant fin à la Première Guerre mondiale.

C’est dans cette région du Haut-Adige et sur fond d’Histoire, que le livre relate la saga d’une famille et d’une communauté germanophone isolée et rejetée par une nation en proie aux difficultés économiques et sociales, puis à la montée d’un fort nationalisme, l’arrivée du fascisme et de la 2e Guerre Mondiale, l’instabilité politique d’après-guerre et les années ‘’de plomb’’ pendant lesquelles ont sévi des groupuscules révolutionnaires ; le statut d’autonomie, maintes fois promis, ne sera appliqué qu’au début des années 90 et, ‘’Un matin du printemps de 1998, à la suite des accords de Schengen, en présence des autorités italiennes et autrichiennes, on enleva la barrière séparant les deux pays au col du Brenner. Plus aucune frontière physique ne séparait le Tyrol du Sud de l’Autriche, sa terre mère perdue’’ (citation du roman).
La saga est passionnante avec une large palette de personnages, le fil rouge étant Eva et sa mère Gerda.

J’ai beaucoup aimé la structure du roman : les chapitres alternent présent et passé relatés par Eva. Le présent est un voyage en train la menant du Haut Adige en Calabre (un chapitre = une étape) : des descriptions magnifiques et pleines de sensibilité des différentes régions traversées et de la diversité des paysages. A chaque chapitre de ce présent qui mène Eva vers un personnage qui a marqué son enfance répond un chapitre dans lequel elle évoque la vie de sa mère, sa propre vie et celle de sa communauté dans l’ordre chronologique : un puzzle sur fond d’Histoire.

Un très beau premier roman et un excellent auteur à découvrir.
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On m'a prêté ce livre que j'ai lu bien volontiers enthousiasmée par cet auteur dont j'avais apprécié l'ouvrage "tous sauf moi". j'ai plongé une fois de plus dans l'histoire de l'Italie pays que j'affectionne tout particulièrement, mais dans un de ses aspects méconnus, le conflit dans le Haut Adige ou Tyrol du sud entre les populations germanophones et les italophones complexe et difficile à expliquer. Là encore Francesca Melandri nous emporte mêlant histoire personnelle et histoire tout court avec un style soigné et une analyse fouillée de la psychologie humaine toute en nuances. Un très bon roman qui nous emporte mais qui a beaucoup de contenu.
J'aime beaucoup la littérature italienne contemporaine et ce livre est l'illustration de ce que l'on fait de très bien dans ce domaine.
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Le dernier roman de Francesca Melandri, Tous, sauf moi, n'étant pas disponible à la bibliothèque quand je le cherchais, je me suis rabattue sur Eva dort, et, même si la lecture ne m'a pas autant enthousiasmée que beaucoup, je dois bien avouer avoir complètement découvert un pan de l'histoire que je ne soupçonnais pas.

En effet, dans ce roman, nous avons deux fils conducteurs qui alternent : Eva, la quarantaine, qui traverse l'Italie du Nord au Sud (plus de 1000 kilomètres) un week-end de Pâques, pour rejoindre Vito, pas vu depuis une trentaine d'années, ce qui est l'occasion d'évoquer des souvenirs de cet homme et de sa vie à elle, de sa famille au destin particulier - des Allemands du Sud-Tyrol, terre cédée à l'Italie suite à la première guerre mondiale ; par ailleurs, un narrateur omniscient raconte le destin de cette famille et de leur entourage, de ce village, de l'italianisation forcée à l'époque fasciste, de la ségrégation des Italiens face aux Allemands, des revendications ethniques allant jusqu'au terrorisme avant une pacification, entre 1919 et 1992.

Beaucoup d'aller-retour entre tous ces personnages, ces époques, ces points de vue. Je m'y suis parfois un peu perdue, c'est mon bémol. Mais j'ai trouvé fort intéressante l'histoire de cette région, j'ai été touchée par ces personnages, chacun essayant de se débattre avec ce qu'il a reçu de tradition familiale plus ou moins tendre et de diktats sociaux (fille-mère, homosexualité, richesse et pauvreté / bourgeoisie et paysannerie, transfuge de classe etc.).
En plus du fond très documenté sans pour autant rendre l'écriture didactique, le style très imagé et sensoriel de l'auteure est un bel atout.

Cette lecture m'a donc mis le pied à l'étrier pour son dernier roman !
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