Mathilde attend seule dans une pièce de la Cour d'Assises de Rennes le verdict du procès qui la concerne. Ayant choisi la vengeance suite à une agression, elle nous confie dans son journal les raisons de son acte et ce qui l'a menée en prison. En parallèle, nous suivons les délibérations du jury qui tient son sort entre ses mains.
Je crois qu'entre
Mathieu Menegaux et moi ça passe ou ça casse : alors que j'avais adoré ma première lecture de cet auteur (
Un fils parfait), j'avais détesté la seconde (
Est-ce ainsi que les hommes jugent ?), trouvant les ficelles beaucoup trop grosses et le propos manichéen. Et malheureusement ce n'est pas
Femmes en colère qui va me réconcilier avec cet auteur puisque je lui trouve à nouveau les mêmes défauts. Premier reproche pour ce roman : au bout de quelques pages on a déjà deviné l'essentiel de l'intrigue alors que celle-ci n'est normalement révélée au lecteur que par bribes via la lecture du journal de Mathilde. Bon, passe encore, l'auteur défend une thèse (
la difficulté pour les femmes d'obtenir justice suite à un viol) et ce n'est pas forcément gênant que pour cela il fasse appel à un scenario aussi bateau. Hélas, la suite de ce roman ne nous épargne aucun cliché : bien sûr, le jury populaire est clivé selon son sexe, les seuls défenseurs de Mathilde étant les femmes et ses contempteurs les hommes (n'aurait-il pas été possible de nuancer un peu le propos avec un homme conscient des injustices faites aux femmes ou une femme rejetant toute solidarité féminine ?). Bien sûr les magistrats professionnels sont droits dans leurs bottes et pour une application stricte du droit, effarés par ces jurés qui veulent penser par eux-mêmes et encore plus effarés que des débats de société aient lieu dans les médias ou sur les réseaux sociaux. Et je passe sur les débats entre jurés eux-mêmes, ultra prévisibles et conduisant le roman vers la fin attendue après une dernière petite pirouette qui ne suffit pas à surprendre et n'apporte pas grand chose.
Alors certes ce roman soulève des questions au coeur de l'actualité et particulièrement importantes, notamment sur les difficultés de la justice à écouter suffisamment les victimes de viol, et il y a quelques passages intéressants. Malheureusement le lecteur s'ennuie vite, une bonne partie du récit étant également consacrée à expliquer au lecteur (forcément ignare) les arcanes de la justice et du droit français, au point que j'ai souvent eu l'impression de lire un Que sais-je sur les procès aux assises. Ca se lit vite mais j'ai trouvé qu'on n'en retirait pas grand chose et surtout principal reproche, j'ai plus souvent eu l'impression de lire un article de journal à charge qu'un vrai roman, construit et nuancé, avec des personnages qui ne sont pas là juste pour illustrer une thèse. Bref je crois que cet auteur n'est pas pour moi, je ne me hasarderai pas à lire ses prochains titres.