Léa, ou l'histoire du basculement d'une enfant vers la folie, racontée par son père à un homme dont il fait la connaissance lors d'un voyage à Saint-Rémy-de-Provence.
J'ai trouvé l'écriture parfois compliquée, m'obligeant à de nombreux retours en arrière, mais toujours empreinte de sensibilité et j'ai ressenti toute la peine du père dans le récit qu'il fait de l'évolution de sa fille par rapport à ce que représente pour elle la musique, qu'il pensait tout d'abord comme étant le remède à son mal-être après le décès de sa mère.
J ‘ai beaucoup aimé aussi l'échange qui a lieu entre le père et cet inconnu, qui est là pour l'écouter, simplement, sans juger, avec beaucoup d'humanité… une relation que tout un chacun aimerait entretenir avec quelqu'un lorsqu'il éprouve un chagrin incommensurable.
Je ne peux résister à la tentation de vous livrer une partie de la postface de l'écrivain, que j'apprécie tout particulièrement :
« Ce livre traite d'une expérience diffici
le à avouer : même les êtres qui nous sont les plus proches peuvent nous devenir étrangers. Un événement inattendu, un changement imperceptible de la situation, une remarque surprenante : d'un seul coup, une personne avec laquelle nous partagions une grande intimité nous apparaît étrangère, nous avons le sentiment de la perdre. Il se peut que nous fassions la même expérience avec nous-mêmes ; nous aussi, nous pouvons nous trouver soudain étrangers à nous-mêmes.
Cela peut arriver au moment où nous nous apercevons que nous ne vivons pas notre propre vie, mais celle que d'autres attendent de nous. Ou encore, quand nous nous surprenons en train de penser, de sentir, de faire des choses qui ne s'accordent pas avec l'image que nous avons de nous-mêmes. Qu'il s'agisse des autres ou de nous-mêmes, c'est une expérience bouleversante, suivie d'un sentiment de fragilité : aucune relation humaine, aucune représentation des autres ni de nous-mêmes n'est jamais sûre, stable ou à l'abri de ce sentiment d'aliénation.