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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Léa, ou l'histoire du basculement d'une enfant vers la folie, racontée par son père à un homme dont il fait la connaissance lors d'un voyage à Saint-Rémy-de-Provence.

J'ai trouvé l'écriture parfois compliquée, m'obligeant à de nombreux retours en arrière, mais toujours empreinte de sensibilité et j'ai ressenti toute la peine du père dans le récit qu'il fait de l'évolution de sa fille par rapport à ce que représente pour elle la musique, qu'il pensait tout d'abord comme étant le remède à son mal-être après le décès de sa mère.

J ‘ai beaucoup aimé aussi l'échange qui a lieu entre le père et cet inconnu, qui est là pour l'écouter, simplement, sans juger, avec beaucoup d'humanité… une relation que tout un chacun aimerait entretenir avec quelqu'un lorsqu'il éprouve un chagrin incommensurable.

Je ne peux résister à la tentation de vous livrer une partie de la postface de l'écrivain, que j'apprécie tout particulièrement :

« Ce livre traite d'une expérience difficile à avouer : même les êtres qui nous sont les plus proches peuvent nous devenir étrangers. Un événement inattendu, un changement imperceptible de la situation, une remarque surprenante : d'un seul coup, une personne avec laquelle nous partagions une grande intimité nous apparaît étrangère, nous avons le sentiment de la perdre. Il se peut que nous fassions la même expérience avec nous-mêmes ; nous aussi, nous pouvons nous trouver soudain étrangers à nous-mêmes.
Cela peut arriver au moment où nous nous apercevons que nous ne vivons pas notre propre vie, mais celle que d'autres attendent de nous. Ou encore, quand nous nous surprenons en train de penser, de sentir, de faire des choses qui ne s'accordent pas avec l'image que nous avons de nous-mêmes. Qu'il s'agisse des autres ou de nous-mêmes, c'est une expérience bouleversante, suivie d'un sentiment de fragilité : aucune relation humaine, aucune représentation des autres ni de nous-mêmes n'est jamais sûre, stable ou à l'abri de ce sentiment d'aliénation.
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Martijn van Vliet et Adrian Herzog se rencontre dans un café en Provence «par un matin clair et venteux». Deux bernois égarés qui vont faire le voyage du retour ensemble. La rencontre d'un étranger, le voyage, permettent cet échange car on sait ne plus revoir ensuite la personne à laquelle on se confie. Voyage au cours duquel van Vliet va raconter et tenter d'éclaircir le cheminement qui a entraîné et fait basculer sa fille dans la folie. van Vliet va faire le récit douloureux de son amour exclusif pour sa fille, de la passion subite, et exclusive aussi, de celle-ci pour le violon qui va la conduire progressivement à la folie. Il va revisiter le passé à la lumière du présent pour tenter d'y déceler des indices annonciateurs de la catastrophe finale. Et Adrian qui l'écoute fait le rapprochement avec sa propre situation qui a bien des points communs avec celle de Martijn.
Ce récit est prenant, étouffant et éprouvant. Ce père désemparé, qui se sacrifie pour sa fille et voudrait aussi la garder près de lui est touchant et exaspérant parfois. de même Léa apparaît par moment très attirante et à d'autres odieuse. Et c'est justement cela qui nous retient. le lecteur lui-même ne sait plus où il en est, à l'image du père et de sa fille. L'auteur nous inclut dans son récit.
Pour moi ce livre est aussi beau bien que plus dépouillé, d'un style plus sobre, que le premier roman de Pascal Mercier «Un train pour Lisbonne»
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Comment peut-on perdre quelqu'un alors que cette même personne vit à côté de vous ? Bien qu'étrange, cette situation n'en n'est pas moins dramatique. La folie reste un mystère pour les proches de la personne qui en est atteinte. Cette barrière qui s'érige au fil des jours devient tellement infranchissable, que le père et la fille n'arrivent plus à communiquer. Alors que seule la musique semble rapprocher Léa et son père, la musique accélère leur « séparation ».

Pascal Mercier a traité de manière poignante le naufrage de cet amour filial, cause ou source de l'arrivée sournoise de cette folie qui va les conduire tous les deux à leur perte sur le tempo d'une partition inachevée.

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Léa, huit ans rencontre la musique dans la rue sur l'archet d'un violon qui glisse intemporel et la transporte vers l'infini. Enfant en mal de mère, baignant dans l'amour exclusif et intrusif de son père, cette fillette surdouée va essayer d'endiguer sa faille sous jacente dans le cadre obsesionnel de Marie, la belle Marie, l'implacable Marie, l'exigeante Marie son professeur de musique.
Perfection oblige, l'élève dépassera t elle le maitre dont Léa désire plus que tout obtenir amour et reconnaissance.
Paradoxe éternel car en dépassant le maitre....qui mènera Léa à la cassure définitive celle de la folie, celle qui broie et éclate.
Un livre réaliste et bien traité(sous forme de dialogue entre deux hommes, deux étrangers, deux scientifiques dont le père de Léa qui ont perdu confiance en eux) qui parle plus généralement de ces enfants poussés à l'extrème par des coachs qui projettent sur eux leurs propres ambitions. Un livre bien traité qui parle de destins brisés puisqu'après la fille celui du père s'enclenchera vers l'alcool et la dépression.
"L'enfer est pavé de bonnes intentions" disait Sartre.....
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Roman passionnant, d'un style riche et fluide où le récit d'un drame intime s'immisce au creux de la vie d'un autre. Où le monde de la musique dévoile ses dictatures, ses folies. Où la relation d'amour d'un père pour sa fille dérive dans un absolutisme douloureux et dénué de raison. Tenus en haleine, cheminant avec les deux narrateurs, nous ne pouvons pas être distraits de ce récit bouleversant. le chant déchirant d'un violon nous accompagne.
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Le narrateur rencontre lors d'un séjour à Saint-Rémy-de-Provence van Vliet, un homme désespéré qui lui raconte son histoire, qui fait douloureusement écho à la sienne. Veuf, il ne parvient pas à redonner la joie de vivre à sa fille Léa, qui n'a que 6 ans à la mort de sa mère. Un jour, la petite fille entend jouer du violon dans les couloirs du métro. Elle est fascinée par l'instrument, si bien que son père voit là un moyen de lui redonner goût à la vie. La petite prend des cours et s'avère très talentueuse : encouragée par son professeur et par son père, elle devient une excellente musicienne à force de travail acharné. Elle est ensuite prise en charge par un célèbre virtuose, qui lui ouvre les portes de la gloire. Mais celle que l'on surnomme "Mademoiselle Mozart" est passionnée et entière, au point de jalouser la nouvelle femme de son mentor et de rompre tout contact avec lui. Dévorée par sa passion, elle commence à manifester des troubles psychologiques qui inquiètent son père…

Ce roman, publié en 2007 en Allemagne, est construit avec un enchâssement de récits : le narrateur transcrit les propos de van Vliet en donnant des indices sur sa propre vie, qui fait écho à celle de son compagnon de voyage. Dans ce choix de construction, et dans la façon de mêler les deux histoires, il "sonne" très 19ème. On croirait lire Maupassant ou Daudet, d'autant plus que la langue est de facture très classique.

L'auteur montre avec rigueur la folie dans laquelle Léa va peu à peu sombrer. On sait dès le début qu'elle est hospitalisée et que psychiatre a interdit à van Vliet de revoir sa fille. Et pour cause : du père, qui va jusqu'à détourner des millions sur des contrats du laboratoire pharmaceutique pour lequel il travaille pour acheter un splendide violon de maître, ou de la fille qui vit, pense et respire par son instrument, on se demande qui est le plus fou. Et c'est sans doute cela qui dévore van Vliet, et fascine le narrateur : par amour pour sa fille, n'a-t-il pas contribué à la conduire à la folie ?

Lien : http://www.usine-a-paroles.fr/
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