"Cote", premier texte de "Marines", est la tragique et triste histoire d'un enfant déraciné et d'un amour déçu.
C'est avec le récit des souvenirs d'un jeune orphelin breton, élevé par le recteur d'un petit village de Cornouaille, que s'ouvre ce recueil de huit nouvelles écrites à la première personne du singulier.
Si elles ne sont que peut-être autobiographiques, elles sont, tout au moins, assurément très intimes et très personnelles.
Reparti à la ville, pour y devenir un "Monsieur", le jeune orphelin ne reviendra à la côte que pour y naviguer, chaque été, pendant ses vacances, mouillant dans tous les petits ports sauf dans celui de son enfance.
Ce sont, ensuite, vagabondages de plaisancier et promenades en mer que nous offre
Jean Merrien.
"Mer" est avant-tout le récit d'une rencontre, celle d'un marin avec son premier bateau.
Il aura pour nom "Compagnon"....
"Voile" est un chant d'amour pour la mer.
Pourtant pour une femme, le marin, prêt à se renier, aurait finalement vendu son beau voilier.
Mais quand vint l'été nouveau, "Compagnon" s'est de nouveau laissé porter vers le large...
"Calme" est l'angoissant moment d'un malaise.
En vue des hautes falaises de Groix, le marin, par un choc à la tête, est soudain rendu aveugle.
Le bateau, désemparé, n'a plus d'yeux pour le guider....
"Port" est un double portrait dessiné durant une courte escale.
Alphonse et Jean-Marie sont deux cousins que la vie a rapproché mais que la politique transforme en deux ennemis irréductibles....
"Plage" est un sauvetage, une rencontre qui, n'étant pas devenue tragique, a sombré dans la bêtise et la banalité.
Bloqué à l'hôtel, le marin va y entrevoir un adolescent triste et encadré de deux parents grossiers et vulgaires. C'est cet adolescent qu'il va recueillir, quelques heures plus tard, en mer, perdu dans un petit kayak à demi rempli d'eau....
"Régate" est aussi le récit d'un sauvetage mais tragique celui-là.
La course, interrompue, n'a pas permis de sauver l'imprudent....
"Ile" vient refermer l'ouvrage comme il avait été ouvert.
L'auteur, semblant être devenu fou, s'est installé à l'île aux chevaux mais sa solitude est brisé par l'apparition d'un enfant perdu....
Ces huit textes, ayant pour dénominateur commun l'amour de la mer, semblent parler d'un homme, en font le tour et le dessinent mieux qu'un fusain sur sa toile.
Ils sont écrits d'une manière sobre, efficace mais dans un style élégant.
Jean Merrien y utilise un vocabulaire maritime vrai et sincère.
Dans ces pages, affleurent, sans cesse, les sentiments et l'humanité qui pourtant, semblant être "empêchés" par un trop grand vent de "Noroît", ne sont à aucun moment vraiment exprimés.
Ce livre, s'il peut parfois agacer, ne peut laisser indifférent.