Dans certains milieux, la délinquance n’est pas vécue comme une promotion négative. Quand tu nais dedans, tu ne vois rien d’autre et tu ne connais rien d’autre, et cela ne veut surtout pas dire que tu es malheureux. Voilà, c’est comme ça, tu ne te poses pas de questions parce qu’il n’y a pas lieu de t’en poser.
[À Marbella] Le videur à l'entrée de la boîte, c'est moins un physionomiste qu'un expert-comptable. Il sait exactement ce que tu as sur ton compte rien qu'au pli de ton futal.
Même avec un prix pour les deux, je prenais trente ans fermes. 10950 jours. J'avais le temps d'apprendre le Mandarin et de traduire le Coran en Ch'timi. (p.74)
Moi, tout ce que je veux, c'est franchir les échelons pour un jour pouvoir investir dans la légalité. (p.11)
La thune ne poussait pas dans ma poche. Je suis entré dans le bizness parce que je voyais des gens bien sapés autour de moi. Frères Armani et Hugo Boss, je vous salue. Dans la rue, le Gaulois, il va se planquer pour fumer, pour rouler son pétard. Le mec de la barre Ravel, il va sortir son matos au grand air légal, comme un paquet de Granolas. La seule chose dont tu dois te cacher, c’est la famille, les anciens. C’est eux, pour nous, la police. Mais perso, comme je suis orphelin, je n’ai peur de rien.
Un boss, c'est soit quelqu'un qui a tout compris soit quelqu'un qui collectionne les phrases toutes faites. A toi de t'y retrouver ensuite. (p.70)
Tout ce qu'on avait en commun, elle et moi, c'était d'avoir tué quelqu'un le même jour. (p.67)
Malgré les apparences, ma belle gueule, tout ça, j'ai du mal avec les filles. J'ai l'impression qu'on peut lire dans mon âme et j'aime pas. On peut voir le sang sous mon sourire d'ange, comme dans une plaie ouverte. Je me dis parfois que, derrière le dealer, il n'y a personne, pas même l'ombre de qui je suis. (p.29)
C'est bien d'avoir quelqu'un du métier dans la famille. Mon frère, toutes les conneries, il les avait réussies avant moi, ce qui fait que j'avais un parfum d'avance sur les nains de ma génération. (p.21)
Aujourd'hui, la fumette, c'est comme la mythomanie des politiques, tout le monde connaît. banal. T'es plus un vrai drogué annonçant la fin du monde quand tu palpes du trois feuilles, t'es juste un dépressif non remboursé par la Sécu. (p.20)