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EAN : 9781090635181
les éditions Noir au Blanc (30/03/2014)

Note moyenne : /5 (sur 0 notes)
Résumé :
Albertine n’a pas eu d’enfants. Elle va terminer sa vie sous la charmille d’une maison de retraite, dans le souvenir de son mari et de sa chère maison où elle était devenue trop seule. C’est alors que frappe à sa porte l’envoyé d’une chaîne de télévision. Il lui propose un surprenant marché qui, au-delà de sa mort, changera son destin et celui d’un jeune asocial, Benjamin, l’autre héros de ce récit utopique et optimiste.

Originaire de Normandie, avoca... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Georges Meunier, littérature française.

Deuxième chance

Les racailles ont leurs heures de gloire chez Noir au Blanc et c'est tant mieux! C'est bon de lire des textes qui ne sont ni pédants, ni désespérants. Je dirais de Georges Meunier que son style est généreux et touchant. Une fluidité rafraîchissante au service d'un très beau récit !

Envie de vous en dire un peu plus sur quelques aspects :

La transmission intergénérationnelle? Oui.... La vieillesse qui peut être paisible aussi , celle qui ne s'attache plus qu'à l'essentiel, concentrant ses forces sur la qualité des rapports humains. L'acculturation est une autre facette du roman . Les difficultés du héros à se reconstruire sont parmi les plus beaux moments du texte.
Deuxième chance, est avant tout un roman qui tient en haleine ... ! Que rajouter? Que l'auteur est avocat. La comparution des jeunes devant leur juge, il semble bien connaître. Vu sous cet angle ,filtre aussi une belle leçon d'humanité, celle des hommes qui aiment tout simplement leur métier !
(Micheline Verger, site « Points de vue » http://michelinepartage.blogspot.gr/p/du-cote-des-romans.html, insertion mai 2014)

Lien : http://michelinepartage.blog..
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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
Pendant les semaines qui suivirent, Benjamin se tint tranquille. Plus par contrainte que par choix. Il fallait qu’il réunisse pour le tribunal un dossier montrant qu’il avait fait des recherches d’emploi ou d’apprentissage, et cela lui prit beaucoup de temps, qu’il ne put consacrer à d’autres activités plus risquées et plus lucratives. Par bonheur, Aldo, son colocataire avec lequel il partageait une chambre de bonne, l’aida pour les paperasses. Aldo avait cinq ans de plus que lui ; il venait souvent à son secours, comme l'aurait fait un grand frère, et n’avait guère pour défaut que de posséder une guitare et de croire qu’il chantait juste. Il avait par-dessus tout une qualité inappréciable, c’était de ne pas mettre son nez dans la vie des autres si on ne lui demandait rien. Benjamin fut donc très surpris quand un matin, au moment où il allait partir débarder quelques cageots aux halles, Aldo alluma la lampe de son lit, et lui dit:

— Ce soir, je ne serai pas là. Je te laisse «l’appart’»pour toi seul. Enfin, pas tout à fait, tu verras, c’est un cadeau.

— Un cadeau? s’étonna Benjamin, qui avait déjà ouvert la porte. Pourquoi?

— Eh bien, j’ai vu sur les papiers que tu m’as demandé de remplir que tu aurais dix-huit ans demain. Ça se fête, non?

Ce n’est qu’à son retour, le soir, au moment de pousser la porte de la chambre, que Benjamin se souvint de ce qu’Aldo lui avait dit quand il partait. Il n’y avait plus pensé. La journée avait été épuisante. Il n’avait trouvé à travailler que chez un négociant en viandes, et les quartiers de bœuf lui avaient brisé les reins. Il était tout à coup curieux de savoir ce qu’Aldo avait pu lui laisser comme cadeau. Il chercha sa clef et l’introduisit dans la serrure. C’était ouvert. Aldo avait-il changé d’avis? Mais ce n’était pas Aldo qui était assis sur son lit. C’était une femme. Brune. Jeune. Mince, plutôt petite. Elle le regardait avec un peu d’appréhension et, devant sa surprise, elle bégaya:

— C’est... c’est Aldo qui m’a demandé...

— Je sais, répondit faussement Benjamin.

Il s’installa sur l’autre lit, en face d’elle. Elle était plutôt jolie.

— Tu as quoi, dans ce sac? dit-il en désignant un sachet de plastique posé à côté d’elle.

Elle prit le sac et le lui donna.

— Je suis passée au «Macdo». Aldo m’avait dit que tu aurais faim. J’en ai pris pour moi aussi. Tu veux qu’on mange? C’est encore un peu chaud.

Benjamin ne répondit pas. Il distribua les cartons et les gobelets pleins de soda et posa le sac par terre, entre eux.

— Ce sera la poubelle, fit-il en plantant les dents dans son sandwich. Tout en mâchonnant, il l’observait. Il se dit qu’elle grignotait comme une souris, à toutes petites bouchées, plissant le front à chaque nouvelle entaille de ses incisives dans le pain. Elle n’était pas à la moitié de son repas quand il termina le sien. Il s’allongea sur son lit avec un rot sonore et attendit, les yeux rivés au plafond. Au bout d’un moment, il l’entendit mettre dans le sac les emballages et les gobelets. Puis, après un silence, une question :

— Tu veux que je vienne? Il se tourna vers elle. Il avait bien fait de s’allonger, ses reins commençaient à lui faire moins mal. Elle avait à nouveau l’attitude inquiète, apeurée, même, qu’il lui avait vue en arrivant.

— Non, répondit-il.

— Pourquoi? Tu sais, Aldo m’a payée, je ne te demanderai rien.

À nouveau, il ne répondit pas, continuant à la dévisager sans la voir. Puis il attrapa son blouson et en extirpa un portefeuille dont il se mit à explorer les poches. Il finit par en sortir une photo, qu’il lui tendit.

— Tu ne trouves pas qu’elle te ressemble? lui demanda-t-il.

Elle fronça les sourcils. Elle devait être un peu myope.

— C’est ta petite amie? interrogea-t-elle. Oui, je trouve qu’elle me ressemble. En plus vieux.

Benjamin lui reprit la photo, et la rangea soigneusement dans le portefeuille qui était resté ouvert près de lui sur le lit.

— Non, c’est ma mère, laissa-t-il finalement tomber. Elle allait avoir trente ans.

En disant ces mots, Benjamin s’était remis sur le dos. Il poursuivit, sans la regarder:

— Elle aussi, elle se débrouillait comme elle pouvait pour nous trouver à vivre à tous les deux. Un peu comme toi. En fait, à la fin, je ne l’ai plus beaucoup vue. Quand cette photo a été prise, j’avais huit ans ; je lui avais été enlevé depuis trois ou quatre ans déjà.

Il marqua une pause, puis reprit:

— Si tu veux, tu peux rester dormir ici. Aldo ne rentrera pas avant demain. Tout ce que je te demande, c’est de lui dire que ça s’est bien passé entre nous. Ta lumière est à la tête du lit.

Il éteignit sa lampe et, dans l’obscurité, il eut juste le temps de l’entendre enlever ses chaussures et s’allonger sur le lit d’Aldo avant que le sommeil ne le submerge. Quand le petit jour le réveilla, elle n’était plus là. Elle était partie comme une souris. Le sac de plastique contenant les déchets avait aussi disparu. C’était une brave fille. Il aurait dû lui demander son nom.
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— Alors, Benjamin, que me répondez-vous ? demanda la juge.
En cet après-midi de juin, dans les combles du palais de justice, la petite mansarde qui faisait office de bureau pour le juge des enfants et son greffier était surchauffée. On aurait pu croire que le papier peint défraîchi, auréolé de taches d’infiltrations, avait été collé directement sous le zinc de la toiture, sans aucun isolant. Les crédits du ministère, presque épuisés après le ravalement de la façade, n’avaient pas gravi les escaliers au-delà des bureaux du premier étage et de la présidence.
Lors de la dernière assemblée générale des magistrats, le président avait consolé ses collègues les moins bien lotis en assurant que la tranche de travaux suivante était prévue, mais pour l’instant sans date. Il avait fait passer le même message au personnel titulaire des greffes, en leur demandant de relayer l’information vers les vacataires. Personne ne s’était fait d’illusions sur ces promesses, d’autant plus que l’on savait le président sur le départ, à la faveur d’une promotion. On avait accueilli avec le même scepticisme ses exhortations à travailler ensemble pour une justice qui devait soigner son image et son exemplarité en montrant au public une façade lisse et sans faille ; le ravalement interne viendrait plus tard.
Certains avaient trouvé la métaphore osée, mais même les syndicalistes les plus actifs n’avaient su qu'opposer à cet appel au renoncement qui leur était adressé au titre du respect dû à leur engagement et de leur dévouement à l’œuvre de justice.
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