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sur 552 notes
Nous sommes au XVIème siècle, peu avant la mort de Louis XII. Nicolas Ferrial n'est encore qu'un enfant. Il a eu la malchance d'être né laid et difforme. Sa famille le maltraite et c'est en cherchant un peu de distraction loin d'eux dans la rue qu'il sauve le bouffon du roi, Caillette, frappé par d'autres enfants. Ce fut sa chance : il devint lui aussi bouffon du roi, non par pour sa folie comme Caillette mais pour son sens de la répartie et de la moquerie.
Statut à double tranchant : une existence protégée, privilégiée certes, mais tant que le roi rit ... Et le jour où il ne rit plus?
C'est un roman passionnant sur cet homme singulier qui fit LA plaisanterie de trop.

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Gros coup de coeur, ce roman est un must-read !

Dans le roi n'avait pas ri, Guillaume Meurice donne voix et vie à Triboulet, le bouffon des rois Louis XII et François Ier. Être difforme moqué et rejeté, il réussit son ascension à la cour par le hasard d'une rencontre et grâce à son sens de la répartie. Facéties et frasques tolérées et encouragées par le roi lui offrent protection et appui, mais jusqu'où… Car finalement, le pouvoir tolère-t-il vraiment le rire ?

Avant toute chose, il faut préciser que je suis très, très livre papier. Mais ce roman ne sortait pas en librairie à Montréal avant mai donc j'ai fait le choix de l'acheter en numérique (parce que j'aurais pu passer par la plateforme dont il ne faut pas prononcer le nom pour le faire livrer chez moi, mais non, évidemment). C'est la première fois que je fais ça : c'est vous dire à quel point j'étais impatiente de lire Guillaume Meurice. Autre précision, au cas où ce ne serait pas évident. Je l'adore : humoriste et chroniqueur sur France Inter dans Par Jupiter, le moment Meurice est un instant que j'attends avec impatience à chaque fois. Je l'ai désormais découvert comme écrivain et je suis conquise.

Le roi n'avait pas ri est un roman passionnant et extrêmement bien écrit, bien rythmé. On y suit Triboulet qui nous raconte sa vie et son parcours, depuis une enfance miséreuse que sa condition d'être difforme rend encore plus difficile et douloureuse jusqu'à son ascension sociale à la cour du roi. Rejeté, martyrisé, banni de la société, il était voué à traîner son malheur jusqu'à la mort. Mais une rencontre hasardeuse fait basculer son destin et lui fait intégrer la cour de Louis XII comme fou du roi, rôle qu'il conservera auprès de François Ier. Il y évoluera parmi les plus hautes sphères de pouvoir dans une position instable, dépendant du rire et donc de l'approbation royale, qui peut vous faire passer de la gloire à la déchéance en un instant. Mais où s'arrête le rire, où commence l'outrage ? Triboulet s'y frotte, exerce son Verbe, jusqu'à frôler la frontière interdite, si tentante à traverser.

Ce récit s'appuie sur des réalités historiques mais est romancé. On connaît très peu de choses sur Triboulet et je vous invite d'ailleurs à écouter Guillaume Meurice qui parle de son processus d'écriture mêlant faits et fiction, notamment dans un de mes podcasts favoris, Passion Médiévistes. J'ai adoré que ce récit permette d'ailleurs de nuancer le roman national qui a tendance à notamment souvent présenter François Ier comme un roi épatant, alors que certains de ses agissements prouvent clairement que ce n'était pas toujours le cas.
Guillaume Meurice marie de manière très équilibrée des descriptions qui permettent de s'immerger dans la vie de l'époque, les conditions de vie des faibles comme des forts, à Blois, sur les champs de bataille milanais, à Paris un peu aussi, avec une narration vivante et captivante. Une fois qu'on commence à suivre Triboulet, impossible de le lâcher jusqu'au dénouement. À travers ses yeux sont présentées les pires bassesses et horreurs humaines mais aussi son cheminement personnel et intellectuel, où il trouve finalement un sens à sa vie en devenant le bouffon du roi. On s'attache à ce personnage futé et humaniste, qui sous le chapeau de fou est très intelligent et fin d'esprit.

Au-delà de la vie de Triboulet, de nombreuses réflexions sont abordées sur les rapports entre le rire et le pouvoir, sur la folie et le pouvoir des mots aussi. Triboulet nous fait nous interroger sur notre propre capacité à nous convaincre, à nous faire manipuler. Il nous rappelle que le rire est une soupape mais aussi un vecteur de prise de conscience. Un outil puissant et libérateur. Il nous parle aussi d'Érasme, de Jean Marot, de l'absurdité des hommes, qui lorsqu'ils se croient sages sont parfois les plus fous. Ce roman fait beaucoup réfléchir, émeut par moments et fait vraiment rire à d'autres. Les réparties de Triboulet et sa volubilité, son insolence aussi, m'ont fait éclater de rire maintes fois. Je garde beaucoup de passages du livre en tête, des phrases édifiantes qui viennent alimenter la pensée. Je ne vous en livre que deux, au hasard de mes notes, bien que plusieurs mériteraient d'être mis en lumière :

« Continue à dire au monde qui il est… Tu en dis bien plus dans tes bouffonneries que n'importe quel traité de philosophie… La parole sauve… le rire aussi… D'une autre manière »

« Mais lorsqu'elle est tolérée, l'irrévérence fait-elle révérence ? »


C'est donc un énorme coup de coeur pour le roi n'avait pas ri, que je vous recommande chaudement. Guillaume Meurice réussit à nous faire rire et réfléchir avec une très belle plume, qui nous transporte dans le temps et l'espace et nous rappelle aussi que certains questionnements restent intemporels et universels. En tout cas, avec ce roman, il touche le grelot (voilà, c'était ma piètre tentative d'humoriste, je tire ma révérence).
Lien : https://lescahiersdecorinne...
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Mon regard se promenait dans les rayons de la bibliothèque et s'est arrêté sur ce roman et notamment sur le nom de son auteur : Guillaume Meurice. Depuis la polémique sur les 2 chroniques qui ont mené France Inter à le suspendre de son antenne, les avis sont divisés sur qu'il faut penser de ses interventions.
Ce livre a été publié en 2021 en dit long sur ce chroniqueur/auteur/comédien et je trouve que le parallèle avec ce qu'il se passe aujourd'hui et l'histoire de Triboulet est assez interpellant.
Le roman est bien écrit, touchant, et des réflexions philosophiques sur l'humanité y sont brillamment semées.
C'est aussi une immersion dans une époque qui fait froid dans le dos, tant pour sa brutalité que pour sa précarité.
C'est un livre que j'ai beaucoup apprécié et que je conseille aux personnes curieuses d'avoir une autre approche de cette actualité médiatique qui fait tant parler.
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Franchement un peu déçue.
Je m'attendais à quelque chose de plus incisif. Voire un texte plus personnel, vus le sujet et l'auteur.
C'était l'occasion de prêcher pour sa paroisse, il est un peu passé à côté. Par moment, j'ai eu l'impression d'avoir affaire à une mauvaise audiodescription d'une mauvaise adaptation de Notre Dame de Paris.
Marignan et Pavie passent à la trappe aussi, alors que c'était l'occasion de donner un peu de corps à l'histoire. Et la duchesse d'Étampes, qui joue pourtant un rôle si crucial, a à peine son petit moment de gloire, et encore.
Bref, on survole.
Et puis alors, la fin tombe comme un couperet.
Mais bon, effectivement, c'est un peu l'idée.
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Comment rire de la politique ? Aujourd'hui la question nous parait simple tant l'humour et la satire prennent une place majeure dans notre paysage public. On se souvient tous du bébête show ou des guignols. On écoute avec plaisir les éditoriaux cinglants et savoureux de quelques chroniqueurs radio. On lit avec délice le canard. Mais quels étaient les standards de l'humour politique à la Renaissance ?
Guillaume Meurice nous offre ici un portrait mordant du célèbre Triboulet, bouffon du roi. Issu de la fange le pauvre bougre va se hisser progressivement jusqu'à l'oreille du Roi, pour le divertir… mais pas que ! Derrière l'irrévérence se cache conseils, injonctions et mises en garde. On peut dire beaucoup de choses quand le rire cache le vrai message. Mais attention la position d'amuseur officiel, bien que méprisable aux yeux du plus grand nombre, fait de Triboulet un être honni et jalousé. Tout le monde chuchote mais lui le déclame haut et fort, et forcément ça ne plait pas ! On rit jaune devant les farces qui amusent le monarque.
Le récit est drôle, mais plus complexe qu'il n'y parait. On distingue dans le ton et le phrasé un talent proche de Jean Teulé. A lire, pour rire, et surtout réfléchir.
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Triboulet, le fou du roi, est d'une laideur repoussante avec un corps difforme. Sa fonction première est d'amuser François 1er, ses facéties se font le plus souvent aux dépens des nobles de la cour, mais un éclat de rire du roi fait ravaler à ces seigneurs les rancoeurs et les humiliations, jusqu'au jour où… le roi ne rit pas et la vie de Triboulet est suspendue à ce silence assourdissant.
L'auteur laisse alors son récit en suspens, nous ne savons pas quelle a été la faute de Triboulet ni son châtiment, et nous ne les découvrirons qu'à la toute fin. Il va laisser Triboulet nous raconter sa misérable vie, détesté par ses parents depuis sa naissance, chassé du foyer, servant d'exutoire aux plus forts que lui, ceci jusqu'au jour où il redresse la tête et réplique. Il comprend alors que les mots peuvent être des armes. Un heureux hasard le fait secourir Caillette, le fou de Louis VIII. Suite à cet acte, le Vernoy, noble de la cour, le remarque, le fait entrer à la cour et lui donne une éducation digne d'un noble. Triboulet va d'ailleurs étudier avec le jeune François, futur François 1er, qui, à la mort de Louis VIII, en fera son fou jusqu'à ce jour funeste où Triboulet enfreint LA règle fixée par son souverain.
Ce récit de la vie de Triboulet est entrecoupé de passages énigmatiques où il médite sous un châtaignier, passages qui prennent tout leur sens à la dernière page.
Le pouvoir du rire est à l'honneur dans ce récit. Nous voyons ici le contre-pouvoir qu'exerce le fou du roi quand il est intelligent et cultivé. C'est un fin observateur, diplomate avec le roi, qui, sous son chapeau à grelots, expose, ridiculise les comportements des courtisans et recadre les choses. La vérité n'est pas toujours bonne à dire où à entendre, sauf quand elle vient du fou du roi et que celui-ci à l'approbation de son souverain.
Un roman historique qui nous éclaire sur le rôle des « fous du roi » dont le plus célèbre fût Triboulet.
Ce roman est rendu addictif par sa construction très particulière, le mystère et le suspense sont installés dès les premières pages, la chute, quant à elle, ne nous est révélée qu'à la toute dernière page, et quelle chute.
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L'humour et le pouvoir ,une vieille histoire .
C'est l'histoire de la chute de Triboulet ,bouffon de louis XII et François I ,après avoir obtenu leurs reconnaissances . Triboulet a t il abusé de son pouvoir ? a t il visé juste ?
Ce roman est tres bien documenté sur la période historique ,car sur Triboulet lui même ,on en sait peu ( son costume grâce aux factures retrouvées) .Ce récit historique questionne la place de l'humoriste dans la société. Est il la pour alléger le climat ? Pour nous faire prendre du recul ? Ou la pseudo liberté de parole cautionne le pouvoir ben place ?
le bouffon est toléré tant qu'il amuse , tant qu'il bine franchit pas la limite . le travail des humoristes aujourd'hui subit dès ce surestarie les chaînes privées c'est évident le vrai pouvoir est celui de l argent .
la littérature stv la pour nous ouvrir les yeux un peu plus grand .
Guillaume Meurice porte un regard lucide sur son rôle ,fin observateur de la société sur France Inter ,et dans son spectacle !
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Ce roman de Guillaume Meurice faisait partie des nouveautés à la bibliothèque, et j'étais curieuse de lire l'auteur qu'il était, appréciant sa verve d'humoriste. Nous suivons la vie de Triboulet, bouffon du roi Louis XII puis de François 1er. Notre héros est né dans une famille pauvre, difforme, il est méprisé par les siens et moqué par les enfants, mais un jour qu'il prend la défense d'un plus faible que lui, il croise le chemin d'un noble qui va l'introduire auprès du roi grâce aux réparties qu'il a appris à maîtriser, il va immédiatement lui plaire, lui permettant de moquer des membres de sa cour par l'intermédiaire de ce « fou », il doit seulement ne jamais moquer la reine ou des courtisanes. Triboulet va bien sûr se faire des ennemis, mais il est sous protection du roi… Il va être instruit et faire connaissance avec le jeune futur François 1er en étant d'abord son compagnon de jeu, puis qui l'emmènera en campagne contre ses ennemis une fois qu'il aura accédé au trône… Un ouvrage bien écrit, avec de très légères pointes d'humour, ici, le propos n'est pas de nous faire rire, mais plutôt de partager la vie et les sentiments de Triboulet, son ascension auprès du pouvoir, et comment il a chût… C'est inspiré du vrai Triboulet qui doit sa vie sauve à un dernier trait d'esprit quand le roi le condamne… Une intéressante façon de connaître une des petites histoires de la grand Histoire.
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Biographie historique romancée qui raconte la vie du bouffon du roi, celui de François 1er pour être précis. C'est une histoire à la fois touchante et drôle. La répartie de Guillaume Meurice est cinglante, drôle. le sujet est passionnant : peut-on rire de tout ? de quoi le rire est-il l'ennemi ? Quelles sont les limites quand le rire est censé pouvoir toutes les franchir. le livre démarre par le jour où la sailli n'a pas fait rire le roi, le jour où Triboulet est allé trop loin. Puis, le livre nous fait une rétrospective de la vie de Triboulet, de sa relation profonde avec le roi qui l'appelle "frère" jusqu'à ce jour fatidique où il cessa de le faire rire.

Bien sûr, ça pose la question de l'humour aujourd'hui, c'est l'éternelle question, où est la limite de la liberté d'expression ? Comment réagir face à des polémiques d'humoristes qui ont dérapé ? Contexte, spectateur, sujet, c'est délicat, l'humour ne fait pas toujours rire, il blesse parfois.
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Chroniqueur aussi drôle que pertinent Guillaume Meurice s'avère être un auteur qui vaut le détour.
Cette fable bouffonne autour d'un gueux aussi laid qu'intelligent est aussi jubilatoire que documentée.
La cour de François 1er a son lot de laquais serviles et d'intrigants prêts à tout pour être aux côtés du monarque.
Ce petit homme difforme devient très vite haï pour sa verve et ses joutes acidulées.
Mais quand le roi ne ri pas c'est la mort qui rôde et il faut de l'audace pour lui échapper.
Un livre très agréable à lire qui n'est pas aussi léger qu'il y paraît tant la réflexion autour du rire et du verbe est profonde.
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