Ce roman nous plonge dans la Chine des années 80, celle de la libéralisation, du début de l'essor économique. le juge Li enquête sur des meurtres horribles, dont la cause première remonte vingt ans en arrière, pendant les années noires de la révolution culturelle et du grand bond en avant.
On prend plaisir à se balader dans les multiples facettes de Pékin, qu'il s'agisse des énormes bâtiments officiels au style soviétique des avenues bruyantes encombrées de vélos, ou des célèbres "hutongs" populaires.
S'ajoutent à l'enquête principale, deux petites histoires annexes: celles des pandas (dont le dénouement m'a paru quelque peu tiré par les cheveux), et celle de Xiaoyun, l'épouse du juge Li: confrontée aux violences conjugales subies par une de ses collègues de travail, elle y réagit avec courage.
Tout cela est écrit dans un style vivant, avec ce qu'il faut de tragique et d'humour, qui mettent en avant l'astuce et la gouaille des personnages. Leurs faiblesses aussi. Cela renvoie peut-être à une image légèrement stéréotypée du caractère chinois, mais la lecture en est fort plaisante. En toile de fond, l'évocation de la famine des années 60, et le début des excès des années 80: corruption, prostitution... La bureaucratie, elle, n'a pas changé. On en apprend aussi beaucoup sur le rôle prépondérant dans la vie quotidienne, de la "danwei", l'unité de travail. Un rôle que l'on aurait dû mal à imaginer dans notre société profondément individualiste. Bref, un roman plaisant à lire, et qui donne aussi à réfléchir.
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La journée promettait d'être chaude. Li revêtit sa plus belle veste (il en avait deux). En se rendant au ministère de la Justice en métro, il croisa un groupe de ressortissants étrangers en visite officielle, cornaqués par des membres de l'agence Xinhua. Li imaginait que pour eux, la capitale chinoise était une sorte de surface sur laquelle évoluaient les citoyens à la manière d'une mécanique bien huilée, autoritaire et sage. Ils ne se doutaient pas des manigances et des haines implacables qui se jouaient sous le vernis policé.