Je suis parce que nous sommes, dit-on en ces terres (...).
Je suis comme tous ces gens. Nous sommes ceux que l'eau n'a pas emportés. Ceux à qui la terre a tout retiré. On nous a dérobé le chemin qui nous aurait permis de rentrer chez nous. On nous a arraché nos noms.
Le long du chemin, elle a continué de lui enseigner le parler mulongo (…). Cela lui a procuré un sentiment d’apaisement. Partager, transmettre. Faire à nouveau exister le monde pour un être.
A quoi l''espace habité par les humains ressemblera-t-il, lorsque l'on ne saura plus que la méfiance ? Comment vivra-t-on, la mémoire remplie de souvenirs amers ?
La nuit sent les souvenirs que le jour éloigne (…).
La nuit charrie les réminiscences du dernier jour de la vie d'avant, dans le monde d'antan, sur la terre natale. (…)
(…) la nuit ramène les cris, la peur, le moment où l'on s'est retrouvé seul sur le chemin, l'instant où un être aimé est tombé pour ne plus se relever. (…)
La nuit devient une plongée, non plus dans cette obscurité qui protège les gestations, mais bien dans les ténèbres, dans ce que peut produire la folie des hommes.
Il suffit de quelques jours d'humiliation absolue pour faire reculer la combativité. Plus le temps passait, moins nous étions nous-mêmes.
(...) tout acte guidé par l'angoisse entérine la faiblesse, provoque, à lui seul, les pires catastrophes.
Les affrontements, au sein de cette communauté, consistaient en des rituels dénués de violence physique. Il s'agissait de joutes verbales, de luttes dansées, de jeux d'adresse intellectuelle.
L'accoucheuse sait comment les choses se passent, lorsque les membres du Conseil n'ont pas idée des solutions à apporter. Ils vont au plus simple. Or, l'expérience démontre que la vérité est toujours plus complexe qu'il n'y paraît.
« A aucun moment, lors de ces sorties, il ne leur est venu à l’esprit de s’échapper. Où seraient-elles allées ? Il n’appartient pas aux femmes d’arpenter les chemins. Les femmes incarnent la permanence des choses. Elles sont le pilier qui soutient la case. »