Geste enfantin, annonciateur de méprises futures. Chez moi, la réflexion a souvent succédé à l’action. La passion a fréquemment dominé la raison. L’imprudence a ses conséquences. La mienne m’a conduite ici.
Mais elles ne sont rien, ces femmes, qu’un mal nécessaire. Comment en effet pourrait-il y avoir des riches s’il n’y avait pas de pauvres, des ayants droit sans exclus du droit, des bien nourris sans affamés… La liste est longue, des maux nécessaires. On appelle réalisme le cynisme qui consiste à s'y accoutumer.
Louise se méfiera toujours de ceux qui communiquent sur la fraternité sans être capables de la vivre vraiment. Ceux dont les idéaux ne sont qu’une posture.
Toute nation se crée des mythes. Toute nation repose sur des fictions. Dans celles qu'on nous conte de la France, il n'y a pas d'exclusion sociale. Pas d'endroits où les marginaux sont entassés, refoulés. Dans la fable qui se transmet chez nous de génération en génération, l'hiver est froid, mais il ne l'est que pour permettre le port de vêtements élégants. Manteaux. Écharpes. Bottes. On ne dit pas que ce froid est mortel pour ceux qui n'ont nulle part où aller. On ne sait rien d'eux. On ne dit rien des femmes qui échouent dans les CHRS.
Louise se fait la promesse de connaître le jour où elle ne se taira plus. Quoi que Crimée fasse d'elle, si Louise ne meurt pas, elle vivra pour tout dire. En face.
Être un objet de désir pour les hommes, faute d'avoir été une enfant désirée. Il faut si peu de choses pour nous égarer. Il faudrait si peu pour que cela ne se produise pas.
Tant de cris forment la matière de ses silences. Sa rage qui remontait aux drames de l'enfance, à ses violences aussi, habita longtemps mon écriture.
Elle rit d'une joie délavée.
Louise est prête à supporter les contraintes.
Pas de péridurale pour accoucher de soi. Les contractions dureront des années. Elle l'accepte.
Louise a envie d'embrasser cette jeune femme sans manières qui croit en elle et qui, ce faisant, dessine cette aube où meurt le désespoir.