Les pays sont comme les personnes. Parfois, on les aime fort, sans que l'entente soit possible. Louise se sent une âme en suspens. Une funambule sans appartenance territoriale. Dans ses pensées, quand elle parle à sa grand-mère, elle dit chez nous. Pour elle, il n'y a pas eu de tel lieu. Jamais d'endroit où sa présence soit contestee. Au Cameroun, les gens ne l'ont jamais considérée comme une des leurs. Pas plus en France. Pour des raisons différentes. Elle accepte sa singularité. C'est en écrivant qu'elle trouve un espace habitable.
J'essaie de réfléchir, de comprendre. Je n'arrive pas à penser. Mbambe, dis-moi encore que je suis faite d'une poussière d'étoiles. Dis-moi que je suis née pour briller. Pour être aimée. Dis-moi que j'aurai une vie, qu'il ne peut en être autrement.
Crimée ne peut rien pour elles. Ce lieu n'est pas dédié à la reconstruction. Il n'est qu'une voie trop fréquentée. Une artère creusée sur le bas-côté pour la transhumance de celles qui ne sont plus. Transit, exit.
Avec la poésie. c'est qui reste en mémoire. Ce qui ne bouge pas. Ce qui me parle et me touche encore.
Ne pas s'habituer à la crasse. Refuser de s'accomoder du pire. Penser qu'elle vaut mieux. Qu'elle aura mieux. Tout ceci n'est qu'un mauvais moment.