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Citations sur Face aux verrous (98)

II – poésie pour pouvoir

À TRAVERS MERS ET DÉSERTS


[…]
Efficace comme le traître qui se tient à
l'écart entouré de ses hommes prêts à
tuer
Efficace comme la nuit pour cacher les
objets
Efficace comme la chèvre pour produire des
chevreaux
Petits, petits, tout navrés déjà

Efficace comme la vipère
Efficace comme le couteau effilé pour faire
la plaie
Comme la rouille et l'urine pour l'entre-
tenir
Comme les chocs, les chutes et les secousses
pour l'agrandir
Efficace est mon action

Efficace comme le sourire de mépris pour
soulever dans la poitrine du méprisé
un océan de haine, qui jamais ne sera
asséché
Efficace comme le désert pour déshydrater
les corps et affermir les âmes
Efficace comme les mâchoires de l'hyène
pour mastiquer les membres mal
défendus des cadavres
EFFICACE
Efficace est mon action

p.27-28
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VIII - adieux d'anhimaharua
TOUJOURS SE DEBATTANT


Dans des escaliers sans fin, dans des
escaliers en vrille, dans des escaliers
chevauchant des escaliers, des formes
m'accrochaient. Je ne me laissais pas faire
d'abord… J'attrapais par le poignet ceux
qui montaient. J'écrasais la bouche des
orateurs. J'agrippais au vol, je tordais les
mains des bénisseurs, celles des offrants,
celles des trafiquants. Dans un grand
bruissement, dans un grand accrochement,
dans une grande matité je les tordais tous,
et me tordais moi-même, dans le grand
escalier sans fin.

p.124
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VIII - adieux d'anhimaharua
APRÈS L'ACCIDENT


Le problème de la nuit reste entier.
Comment la traverser, chaque fois la
traverser tout entière ?
Que mes secondes sont lourdes ! Jamais
je ne les aurais crues si lourdes. Instants
éléphantiasiques.
Loin de tout, rien en vue et pourtant
comme des bruits à travers un filtre…
J’entends des paroles ininterrompues,
comme si sans cesse on disait, on répétait :
Labrador, Labrador, Labrador, Labrador,
Labrador, Labrador.
Une poche me brasse. Pas de fond. Pas
de porte, et moi comme un long boa égaré.
J'ai perdu même mes ennemis.
Oh espace, espace abstrait.
Calme, calme qui roule des trains. Calme
monumentalement vide. Plus de pointe.
Quille poussée. Quille bercée.
Évanoui à la terre…
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Courant froid sous moi, courant chaud
dessus.
Fatigué de monter, vais-je descendre ?
Mais je ne suis plus fatigué. Je ne sais
plus rien de ce qui est la fatigue. Je ne la
connais plus.
Je suis grand. Je suis tout ce qu’il y a
de plus grand. Le seul peut être tout à
fait grand.
Où sont les êtres ?...

p.117-118
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l'espace des ombres


[…]
Les mites de la chambre quand elles
trouvent un habit, quelle fête ! Quelle fête !
Et même dans une pouilleuse armoire quelle
fête ! Mais si un curieux s'emparait de la
mite, c'était seulement un peu de soie
évanescente et les doigts s'ensablaient du doux
cadavre.
Voilà ce que nous sommes devenues,
mites, mais la fête perdue, trop légère
dans nos mémoires étouffées.
Je sais, je regarde trop en arrière.
Toutes ne sont pas comme moi. Naguère,
je fis rencontre d'un homme du lointain
autrefois. Il me dit : « La paix vient, ma
sœur. Il y a près de seize cents ans qu'il
ne se passe plus rien pour moi. Cette répé-
tition indéfinie de temps m'assure enfin,
moi si douteur, de l'être dont je n'arrivais
jamais à être certain sur terre.
« Il m'est presque impossible à présent
de douter. Sûrement, il doit y avoir autre
chose qu'accidents. J'en ai la quasi-cer-
titude. Il doit y avoir de l'être. Même moi,
Il faut assurément que je sois. »
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
p.180-181
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VI faits divers


Ne confondant pas le but avec les circonstances,
ni les impressions avec les faits, Blanchette notre
vache fait avant tout sa porcelaine. Dès qu'il y a
matière à comparer, elle voit combien elle a raison,
combien sont vaines les distractions et sans portée
et sans profondeur. Elle ne lève plus la tête, mais
comme est elle emplie de lait, elle se laisse traire,
entendu seulement qu'on ne touchera pas à sa
porcelaine.

p.95
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Chaque nuit, par condamnation, une petite
charrue laboure en ma moelle un petit
sillon, petit, petit, mais qui ne sera jamais
comblé, jamais plus.
Le labouré-vivant espère encore. Par
moments, la vie lui semble belle.
Cependant un nouveau soir étant arrivé,
un grand engorgement d'îles, que
j'accumulai secrètement en mon dos, crève dans
un immense frémissement. Il y a une minute
de bascule, une minute de profond
renverse-malheur, et la nuit s'achève dans
un gouffre d'oubli.
C'est alors que se trace, un peu plus profond,
le petit sillon chaque fois un peu plus profond.

p.85
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Je apprêtais à manger une huître. Or,
il se trouva qu'elle avait des cils, de longs
cils roux. Dès lors, ce n'était qu'un jeu
pour elle de me repérer, de me surveiller
sans fléchir, de m'intimider et de m'obliger
dans la plus grande confusion à retraiter
de cette table, où je m'étais assis, sûr de
ma force, quelques minutes auparavant.

p.83
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A huit ans, je rêvais encore d'être agréé comme plante.
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Ma vie : traîner un landau sous l'eau. Les nés-fatigués me comprendront.
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I . MOUVEMENTS

Contre les alvéoles
contre la colle
la colle les uns les autres
le doux les uns les autres

Cactus!
Flammes de la noirceur
impétueuses
mères des dagues
racines des batailles s’ élançant dans la plaine

Course qui rampe
rampement qui vole
unité qui fourmille
bloc qui danse

Un défenestré enfin s’envole
un arraché de bas en haut
un arraché de partout
un arraché jamais plus rattaché

Homme arc-bouté
homme au bond
homme dévalant
homme pour l’opération éclair
pour l’opération tempête
pour l’opération sagaie
pour l’opération harpon
pour l’opération requin
pour l’opération arrachement

Homme non selon la chair
mais par le vide et le mal et les flammes intestines
et les bouffées et les décharges nerveuses
et les revers
et les retours
et la rage
et l’écartèlement
et l’emmêlement
et le décollage dans les étincelles

p.9-10
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