Le premier qui attira sur lui l'attention publique s'appelait Jean et vint au monde en 1585. Il paraît avoir exécuté des scènes familières et des scènes comiques : une Réunion de buveurs.et de joueurs, gravée par Houbraken, rentre dans cette catégorie. Le seul travail de son pinceau que l'on connaisse jusqu'à présent, l'Intérieur d'une verrerie où l'on imite le corail,il se trouve dans le musée de Christiansborg, à Copenhague. Il porte la signature : J. V. Loo. C'est une oeuvre de fortes dimensions, car les personnages y sont de grandeur naturelle et en pied. Jean habitait L'Écluse, puisque son fils Jacques y vit le jour. Comment pouvait-il subsister dans cette pauvre bourgade? Sans doute il vendait ses toiles à Bruges et dans les villes circonvoisines, puis rentrait au logis en suivant les dunes, et voyait de loin sa maison fumer sur la grève aride, près des eaux mortes et silencieuses qui reflétaient jadis tant de vaisseaux et de gais pavillons. Cette existence retirée, presque solitaire, ne convint pas à son héritier, selon toute apparence, car il abandonna le pays et alla chercher fortune dans la grande
cité d'Amsterdam.
Charles Eisen, comme son père François, avait peu le sentiment de la couleur, et devait, par suite, préférer le crayon au pinceau. Dès l'âge de vingt-sept ans, il fut chargé de décorer, d'illustrer, comme on : dit maintenant, la belle édition de Boileau publiée par Saint-Marc, la plus savante, la plus intéressante, la plus parfaite qui existe encore. Ce début le lança en pleine mer : il fut depuis ce moment occupé surtout à orner des livres. Ses coquettes images obtinrent un grand succès, lui conquirent la faveur de Mme de Pompadour, l'intelligente courtisane. Ne voilà-t-il pas qu'elle choisit le peintre flamand pour maître de dessin ! car elle n'aimait pas seulement les beaux-arts, elle pratiquait : de sa main élégante et impure, elle a gravé de très jolies eaux-fortes. Et non-seulement elle chargea notre artiste de lui donner des leçons, mais elle le fit nommer professeur des pages et des chevaulégers de la garde, postes lucratifs où Eisen gagnait par an sept mille cinq cents livres à ne rien faire.
Une de ces familles, domiciliée à Anvers, mérite toute notre attention. Six de ses membres figurent sur les registres de la corporation de Saint-Luc. Le premier, Victor van Loo, entra comme élève, en 1479, chez Pierre van Nispen,probablement pour se former à l'art de peindre, quoique le texte ne le dise pas. En 1542 fut admis aux privilèges de la maîtrise le libraire Jean van Loo. Douze ans après, Gérard van Cleve, peintre, reçut dans son atelier Henri van Loo. En 1575, Godefroid Henri van Loo obtint d'emblée le titre de franc-maître, comme fils de maître. En 1602, sous l'administration de Jean Brueghel et d'Otho Voenius, un nommé Adrien Loo (sans la particule) devint apprenti chez Rombout van de Veken, fabricant. de verre et peintre-verrier. En 1612 fut reçu franc-maître Bernard van Loo, relieur.