[2020]
Odeur du lilas double fleuri… Quelle amoureuse, même inventée, pourrait offrir ce parfum délicat de pétales entrouverts comme lèvres doucement respirées, mordues ? Le rameau lui-même en tremble.
Depuis que je te rencontre
Et plus j’écris
Et plus j’écris
Plus je revis
Dans ce bal je revois
La moleskine brune
Plus me détache de mon cadavre
Et plus j’écris moins je corrige
Ce premier souvenir de foudre
Plus je me crois sur parole
Je n’avais que mes dix-huit ans
Le premier jour de tes lèvres
Qui me donna la liberté
De ne plus vieillir seul
[2013]
Après l’orage, la terre du jardin potager : brune, amollie, recueillie sur ses mottes. Le ciel rasséréné, rincé de bleu tout neuf. Odeurs du monde nouveau-né qui exaltent l’instant présent, amplifient l’air frais dans la poitrine. Pourquoi les mots ne parviennent-ils pas à donner cette confiance ? Pourquoi confier (en vain) au langage cette insaisissable lumière ?
[2015]
Écrire un poème. Restaurer ce qui n’a peut-être jamais existé. Ce qui a peut-être été rêvé. Prélever des fragments de vie/langue pris dans leur gangue (mots-tesselles), les dégager, les assembler (parfois en vain) en tentant de retrouver, disons d’inventer, leur unité mosaïque. Poème avec des traces de poussière, de boue, de vieux temps.
[2016]
Aux archives municipales de Toulon. Dépôt de quelques documents. Visite du lieu. On me montre des cartons, c’est là que je suis rangé, dans ces cartons, cimetière en papier. J’ai pensé à mon père, aux os de mon père enfermés dans une petite boîte en bois blanc après 5 années passées en terre commune. Mes livres : mon squelette ?