6 MARS
Extrait 1
Cyprès, tu es de la famille. Tu sais garder les secrets,
peu de nids, mais la nudité habitable du portail qu'on
ouvre vers toi.
Chaque matin comme un signet dans le jardin, il faut
recommencer par toi, ton feuillage corsé, ton odeur
de cierge noir, ta reine impassibilité.
Tu ne te tailles pas de ciel pour colorer les fruits de toi.
Tu vis, ton ombre en toi, comme le fait un orphelin,
cachée.
…
7 MARS
Cyprès, on te dit arbre de cachot, ton dedans réservé
aux morts, ton noir pénétré de promesses noires. À qui
te fierais-tu ?
C'est l'olivier qui vêt la blouse d'enterrement, la grise
du maître d'école, pas toi, les morts ne sont pas tes
enfants.
Une branche de temps en temps s'écarte de ton ascension,
s'incline alourdie d'invisible épouvante, sèche. Pourquoi ?
Nul n'est à la sève, n'explique. Nul ne conteste que la bran-
che soit morte. Voilà. On se sent un peu plus sans défense.
25 FÉVRIER
Plaisir de moine
À tailler les mûriers au ciel
Dans la blanche utopie des rêves.
Mettre à égalité
Les branches et les bleus !