Fables de nuit

L'AMOUR LISSE ET CHAUD


Nuit pleine d'amibes et de parasites
Nuit aux miroitements de tours phalliques
Nuit hydratante et calmante
Nuit qui suavement serpente
En nos corps délacés
Nuit aux thérapeutiques bizarres
Qui met du coke sur nos baisers
Nuit qui ricane et goguenarde
Aux fentes que l'amour refarde
Nuit en débris calcinés sang et ferraille
Nuit formidable tenaille
Qui déchire la chair hirsute
Nuit qui nous choie et nous persécute
Nuit dure amère et pétrifiante
Nuit tiède sous la pluie gluante
Étreins la terre malade
Et verse de la limonade
Dans la bouche des condamnés
Nuit qui danse lentement pour exorciser nos terreurs
Nuit râleuse débraillée équivoque
Nuit que l'odeur de l'homme seul provoque
Nuit qui croque un poussin cru avec le duvet
Nuit dont le bon rire caillouteux permet
Au squelette cancérisé de rire un peu sans son dentier
Nuit qui barbouille de dangereuses sirènes
Nuit médaillée de foie gras
Nuit noyée ligotée qui se gangrène
Nuit échauffée par les rats
Donne l'amour lisse et chaud à nos corps frileux
Allume le feu noir à nos yeux.

JOUR DE FÊTE


Un pompier en combinaison d'amiante
Lui apporte une plante
Exotique pour sa fête

À présent elle est plus à l'aise
Avec les hommes
Depuis que le professeur Escobar
Lui a enlevé
Ses trois millions de petites glandes sudoripares.

LE SECRET


Ils ont lancé un polyèdre
À nombre infini de faces
À l'intérieur duquel il y a
Ce qu'on ne dit à personne
Même pas…
À soi-même.