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EAN : 9782072894978
Gallimard (12/03/2020)
4.19/5   8 notes
Résumé :
L'or du forsythia Il faudra bien revenir un jour quand la force de nos bras aura chu dans les seaux quand nos jambes seront de laine et le sol plus mouvant que les eaux quand l'oreille bourdonnera comme un nid de frelons frappé par l'orage et que l'œil cherchera l'aube en plein midi il faudra revenir ici calmement et s'asseoir au milieu de soi pour voir le monde alentour comme l'or du forsythia
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique

Après nous avoir émus aux larmes avec le roman «  Géromino a mal au dos », Guy Goffette, poète contemporain majeur, revient à la poésie.

Il ouvre son recueil par la définition du « pain perdu », correspondant au titre éponyme et au chapitre final. Un opus articulé en 10 chapitres auxquels viennent s'ajouter des poèmes exhumés des tiroirs, mis en réserve.


Dans le chapitre « La chambre d'amis », le poète convoque des poètesses : l'anglaise Emily Dickinson, Annie Koltz, lauréate du Prix Goncourt de la poésie (2018).
Parmi les hommes : Yves Bonnefoy, Jude Stéfan...

Dans le suivant intitulé «  le désir dans ses plis », l'écriture se fait plus sensuelle. Souvenirs des émois d'adolescents devant une affiche, étreintes des corps...

On croit assister à l'envol d'un couple façon Chagall quand on lit : « Ensemble nous montons vers le soleil / à travers des forêts qui nous saluent ».

Avec beaucoup de délicatesse, il évoque le déclin du corps ( qui a « du plomb dans l' aile », sa déliquescence : les jambes n'ont plus de ressort, les oreilles sont victimes d'acouphènes, la vue décline, le coeur tire sur la corde, et arrive le moment où « il faudra bien revenir » se poser quelque part et savoir s'émerveiller de ce qui s'offre dans les environs, « comme l'or du forsythia ».

Coup de coeur pour le poème «  Arbres ».
Guy Goffette a utilisé la forme du calligramme pour ce texte incantatoire, imposant, qui dénonce le génocide des arbres. Ce requiem pour les arbres prend toute sa force quand on pense au militant Thomas Brail, grimpeur arboriste qui plaide leur cause et tente de les sauver.

Tout aussi marquant et émouvant «  le rayon de gloire » où il a suffi d'un rayon de soleil, « un doigt de lumière » sur un casque de soldat pour qu'une dame centenaire entre en communication avec le fantôme d'un fils « mort à la guerre ».

Encore plus poignant « La perle », qui évoque l'ultime adieu d'un fils à son père, les derniers mots murmurés dans un élan de tendresse. Cette larme qui roule sur la joue, telle une perle de verre, convoque le tableau de Man Ray. Poème qui renvoie au roman « Géromino a mal au dos », livre dédié au père qui lui légua la valeur noble des mots : «  travail et fraternité ». Ce père qui l'aimait plus qu'il ne le croyait.

Le poète rend hommage aux personnes qu'il croise au quotidien, comme la caissière qui malgré le travail harassant, surtout à Noël, lui offre un sourire.
On aurait envie de préciser, c'était avant le port des masques !

L'auteur nous fait voyager et rêver : rencontre insolite en gare d'Épernay, halte au port de Massalia. de l'île d'Hoëdic, il poste une carte postale à Jacques Réda.


Il nous fait plonger dans le labyrinthe des jours, la routine des dimanches et aborde l'inéluctable fuite du temps qui nous use, nous devenus « inadaptés »( « Chronos »). Les enfants ont grandi et déserté la maison, un fossé s'est creusé, il reste l'album des photos jaunies, à l'orée de la « cinquième saison ».


Pour ce qui est de la ponctuation, elle est quasi absente à l'exception de points d'interrogation. Surprenantes les majuscules sans qu'un point les commande.
Quant à l'écriture, majoritairement en vers, le recours aux ellipses, aux images ( « l'imbuvable sirop des réclames »), lui confère à la fois, grâce, légèreté, fluidité mais aussi gravité, solennité. Un glissement du « nous » au « je » s'opère.

La vie ( joies et peines, larmes récurrentes), les saisons, les souvenirs d'enfance (dans la cuisine, les récrés autour d'un ingénieur-poète), l'amour, la finitude de l'homme, la mort, «  omnivore », sont des constantes dans cette compilation, traversée par une vague de nostalgie.

Pour ceux qui ne connaîtraient pas l'auteur, lauréat de nombreux grands prix, dont le Goncourt de la poésie en 2010, il suffit de consulter sa bibliographie en fin d'ouvrage pour constater l'ampleur et la diversité de sa production, alternant romans et poésie. « On aimerait croire que la poésie sauve l'âme », confie-t-il dans une lettre à Roger Lannes, « son frère de solitude ».
Guy Goffette force l'admiration par ce recueil qui se clôt par « Bilan » et regroupe quarante années d'une belle écriture ciselée, parfois lyrique, pleine de sensibilité.
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Qu'est-ce que nous avons des talents poétiques dans ce plat pays qui est le mien !

Voilà un recueil aussi goûtu et goulu que son titre.

Précipitez-vous ! Enfin pas trop. Savourez plutôt.
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De la poésie, il y a si longtemps que j'avais mis ce type de littérature de côté et quel bonheur j'ai pris à lire ces textes , à les relire, à les lire à voix haute pour en profiter pleinement
A la base c'est pour répondre à un challenge de défi lecture mais je sais que lors de ma prochaine visite à la médiathèque je passerai emprunter un autre recueil de poèmes
Cela m'a besoin changer de ce que j'ai lu enfant ou ado , c'est une découverte réelle et agréable : de la poésie contemporaine
Et faites comme moi , lancez vous .!!!
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Le pain perdu, dans cette vieille et belle cuisine de province, a la saveur de la vie puisée aux racines les plus douces et les plus puissantes. À LIRE !
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Citations et extraits (10) Voir plus Ajouter une citation
LE TRAJET



D’une branche sur l’autre, la goutte de pluie
tombe et la feuille en dessous ploie ; le jour

se creuse affaibli par les crues du printemps,
comme nos joues et nos épaules et notre joie.

Inadaptés, voilà bien ce que nous sommes,
nous avons beau gémir, plier le genou, caresser

les statues, le temps nous use. Cette goutte
qui tombe, cette autre qui la suit le long

de la branche, comment ne pas y voir
le trajet de toute vie, comment ne pas poser

la seule question qui tremble au fond des yeux
comme une prière : la feuille qui nous recevra,

si elle existe, sera-t-elle douce comme une main
amie, douce assez pour ne rien regretter ?
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L'IVROGNE

Dans les soirs déchaînés
il demande au trottoir
de ne pas l'éconduire
Il lui reste dix doigts
et un coeur bon marché
Un jour dit-il un jour
si la chance me sourit
je passerai devant moi
et je n'aurai plus d'ombre
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LE TRAJET

D'une branche sur l'autre, la goutte de pluie
tombe et la feuille en dessous ploie ; le jour

se creuse affaibli par les crues du printemps,
comme nos joues et nos épaules et notre joie.

Inadaptés, voilà bien ce que nous sommes,
nous avons beau gémir, plier le genou, caresser

les statues, le temps nous use. Cette goutte
qui tombe, cette autre qui la suit le long

de la branche, comment ne pas y voir
le trajet de toute vie, comment ne pas poser

la seule question qui tremble au fond des yeux
comme une prière : la feuille qui nous recevra,

si elle existe, sera-t-elle douce comme une main
amie, douce assez pour ne rien regretter ?
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Canicule
Le soleil crieur public
vend l'almanach du ciel
aux villages qui brûlent
avec les oiseaux

L'air est de paille
C'est une conque
où le frisson de l'herbe
roule des orages

Toute la terre monte
au front de l'été
comme un seul homme
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POÉSIE



L’éternité existe
entre deux mots vertigineux
que le poète ne peut écrire
qui tour à tour l’assaillent
le ravagent le fuient
et qui sans fin le portent
comme un cheval aveugle
dans l’embrasement des étoiles
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Videos de Guy Goffette (13) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Guy Goffette
Avec douze écrivains de l'Anthologie Avec Anne le Pape (violon) & Johanne Mathaly (violoncelle) Avec Anna Ayanoglou, Jean d'Amérique, Camille Bloomfield & Maïss Alrim Karfou, Cyril Dion, Pierre Guénard, Lisette Lombé, Antoine Mouton, Arthur Navellou, Suzanne Rault-Balet, Jacques Rebotier, Stéphanie Vovor, Laurence Vielle.
Cette anthologie du Printemps des Poètes 2023 proposent 111 poètes contemporains et des textes pour la plupart inédits. La plus jeune a 20 ans à peine, le plus âgé était centenaire. Tous partagent notre quotidien autour de la thématique corrosive des frontières. Leurs écrits sont d'une diversité et d'une richesse stimulantes. Ils offrent un large panorama de la poésie de notre époque. Avec notamment des textes de Dominique Ané, Olivier Barbarant, Rim Battal, Tahar Ben Jelloun, Zéno Bianu, William Cliff, Cécile Coulon, Charlélie Couture, Jean D'amérique, Michel Deguy, Pauline Delabroy-Allard, Guy Goffette, Michelle Grangaud, Simon Johannin, Charles Juliet, Abdellatif Laâbi, Hervé le Tellier, Jean Portante, Jacques Roubaud, Eugène Savitzkaya, Laura Vazquez, Jean-Pierre Verheggen, Antoine Wauters…
Mesure du temps La fenêtre qui donne sur les quais n'arrête pas le cours de l'eau pas plus que la lumière n'arrête la main qui ferme les rideaux Tout juste si parfois du mur un peu de plâtre se détache un pétale touche le guéridon Il arrive aussi qu'un homme laisse tomber son corps sans réveiller personne Guy Goffette – Ces mots traversent les frontières, 111 poètes d'aujourd'hui
Lumière par Iris Feix, son par Lenny Szpira
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