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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
J'avais été emportée par circé... cette très atypique réécriture du mythe de Galatée et Pygmalion ne m'a pas conquise sur le plan littéraire mais elle m'a conquise sur le plan philosophique. Ce que j'ai aimé dans le parti-pris de Madeline Miller, c'est cette réappropriation féministe ferme et assumée du mythe. Refus de la fétichisation de la "pureté sexuelle", de l'objétisation de la femme et de la domination masculine. Refus de voir encensés dans notre littérature classique tous les ferments de la violence sexiste. Galatée, chez Ovide, est un objet parfait, non un sujet. Réceptacle du désir masculin, mutique. Adeline Miller lui redonne voix et conscience, de manière presque politique. L'analyse de l'autrice sur ses motivations d'écriture a emporté mon adhésion. Il y a de l'audace et une provocation très intelligente dans cette version "metoo" du mythe.
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Avec mon coup de foudre pour l'univers mythologique et la plume de Madeline Miller qui m'a séduite avec circé puis conquise avec le Chant d'Achille, il m'est impossible de passer à côté de l'un de ses textes traduits en français, et ce même quand celui-ci ne fait pas 50 pages.


Madeline Miller, c'est pour moi la seule autrice actuelle qui parvient à me faire vibrer en écrivant sur la mythologie. Elle y condense tellement d'émotion et y entremêle tellement de ce qui fait les turpitudes de notre monde moderne, que je ne peux jamais y rester indifférente.


Dans ce court texte qu'est Galatée, elle offre une proposition différente du Chant d'Achille, son titre que je préfère. Elle se rapproche en fait un peu plus de circé, texte où elle faisait déjà une critique de la place et la vision de la femme par les hommes. Mais ici, paradoxalement, en moins de pages, elle va plus loin.

J'ai été frappée par la nouvelle vision qu'elle propose du mythe de Pygmalion et Galatée en redonnant vie à cette statue et en interrogeant sur ce que signifient les gestes de son créateur. C'est résolument moderne, percutant et révoltant. Tout en démarrant doucement, insidieusement j'ai senti une nausée monter en mois à travers ce que je comprenais en filigrane de ce qui se jouait. La métaphore sur la femme, l'épouse, soumise aux désirs de son mari est puissante, de même que celle sur la maternité et la paternité. Mais je n'en révélerai pas pas car cela vous ferait perdre tout l'impact de ce court texte qui donne vous aussi vous cueillir comme il m'a percutée.

Sachez juste que si vous avez aimé les textes de l'autrice, vous retrouverez la même poésie âpre mais en condensé ici. Vous retrouverez la même justesse d'émotion qui vous fait vous mettre à la place du personnage et ressentir ses peines et ses souffrances avec lui, en vous donnant envie de vous rouler en boule. Vous retrouverez le même sens de la mise en scène s'appuyant sur les tragédies grecques. Bref, vous éprouverez le même bonheur !

Et que dire de cette couverture aussi percutante qu'effrayante qui résume si bien l'oeuvre. Elle est très bien trouvée !

Cette courte nouvelle, bien qu'étant sortie à un tarif un poil cher au vue de son épaisseur, mérite tout à fait sa place sur vos étagères qui vous soyez amateur de récits mythologiques, de portraits de femmes, de récits engagés ou d'analyse de notre société. Il est vif, percutant et bouleversant. Madeline Miller prouve s'il le fallait que c'est une très belle et grande conteuse qui a définitivement un message à nous faire passer sur notre société patriarcale et hétérocentrée. Une nouvelle puissante et marquante.
Lien : https://lesblablasdetachan.w..
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Cette excellente nouvelle par l'autrice de circé et de le Chant d'Achille reprend cette fois le mythe de Pygmalion. Ce sculpteur dégouté des moeurs des femmes de son village qui décide de façonner sa femme parfaite à qui la déesse donne vie.

Galatée, c'est le nom que Miller donne à cette femme qui demeure innommée chez Ovide. C'est de son point de vue que l'on suit cette version de l'histoire dans laquelle la figure de Pygmalion est un genre d'incel.
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"Galatée" est une bonne surprise !

Ne connaissant ce mythe que de nom mais me fiant à la plume de Madeline Miller, je me suis laissée envouter par ce récit court mais percutant, réécrivant le mythe de Pygmalion tel que l'avait présenté Ovide dans ses "Métamorphoses".

En réaction aux femmes de son village et aux prostituées qu'il méprise, le sculpteur Pygmalion a imaginé la plus parfaite des femmes. Un jour, la déesse accède à son souhait et donne vie à la statue Galatée. Madeline Miller imagine la suite de l'histoire du point de vue de cette héroïne. Chosifiée par son mari, celle-ci est enfermée auprès d'un médecin et d'une garde-malade sur ordre de son époux qui ne supporte pas ses élans de vie.

C'est une interprétation moderne du mythe, bien loin des réécritures hollywoodiennes des années 1990 telles que Pretty Woman qui mettaient en avant les romances entre des stars et leurs impresario. J'aime beaucoup le questionnement que suscite cette modernisation de ce récit, interrogeant les mythes ancestraux non pas pour les déconstruire mais pour envisager qu'ils ne soient pas si tranchés et ni indiscutables.
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Quel plaisir de retrouver Madeline Miller qui m'avait totalement séduite avec circé et le chant d'Achille. Nous sommes ici sur un format beaucoup plus court, une nouvelle de cinquante pages à peine pour revisiter le mythe de Galatée, sculptée et aimée par Pygmalion, éveillée par Aphrodite. Une histoire romantique, vraiment ?

Madeline Miller souligne le sexisme du mythe et fait de Pygmalion un homme dominateur, obsédé par la pureté et une certaine image de la femme idéale. Dégoûté par toutes les autres femmes, il sculpte en Galatée – qu'elle soit pierre ou chair – une féminité « parfaite » qui, bien évidemment, nie tous les désirs, les volontés, le libre arbitre de sa femme (sans parler de ses éventuelles « imperfections » physiques). Il vit dans un monde fantasmé qu'il plie à son seul désir, à sa conception de « la femme », et utilise son argent et son statut social pour payer les médecins et infirmières aptes à garder Galatée sous clef, ce qui n'est pas sans rappeler ces femmes internées sous des prétextes fallacieux. Bien qu'il apparaisse comme totalement ridicule dans la scène qu'il se joue avant chaque rapport, il est l'image d'une relation affreusement toxique et nauséabonde.

Galatea est – par le biais du titre – la seule nommée, avec sa fille Paphos, tandis que Pygmalion est privé de son nom ; Miller renverse le mythe tel que raconté par Ovide qui ne prénomme que le sculpteur et réduit Galatée à son statut de « femme ».
Cette héroïne se révèle étonnante. Poignante évidemment, mais également pleine d'humour grâce à la tonalité décalée avec laquelle elle raconte les faits, avec précision, détachement et franchise. Malgré l'emprise que Pygmalion exerce sur elle, elle conserve et fait entendre sa voix, une voix qu'il lui est propre et qui concourt à l'efficacité de ce texte en dépit de sa brièveté.

L'autrice adopte un point de vue plus actuel que dans ses deux autres romans, mais il s'est révélé terriblement incisif et percutant. Un sans-faute qui achève de me convaincre que Madeline Miller est une conteuse d'exception.
Lien : https://oursebibliophile.wor..
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Bien que j'ai été décontenancée par le petit et court format de l'oeuvre (par rapport à circé et à le Chant d'Achille) et le choix narratif (plongée dans la tête de Galatée, mais sans contexte etc), j'ai finalement beaucoup aimé cette nouvelle qui dépasse largement le cadre et l'histoire mythologique originelle pour prendre des échos très modernes et engagés contre les pervers narcissiques.
C'est différent de @circé que j'ai vraiment adoré et de @Le chant d'Achille que j'avais apprécié, mais il ne faut pas leur comparer @Galatée pour considérer cette nouvelle pour elle-même et en mesurer la portée.
J'aime décidément beaucoup la plume de Madeline Miller.
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J'aime la mythologie. Je ne prétends pas être une spécialiste comme mon amie Cécilia alias Between the Books, mais ça m'a toujours beaucoup intéressée. J'ai donc lu circé et le chant d'Achille de Madeline Miller dont on m'avait vanté les mérites (sauf Cécilia) et qui m'ont emballée. C'est la raison pour laquelle je me suis penchée sur Galatée, une nouvelle de l'autrice. Et cela même si elle ne fait que 48 pages.

Je n'ai pas une passion pour les nouvelles (euphémisme !), mais après deux coups de coeur, j'allais peut-être être séduite et changer mon regard sur ces histoires trop vite lues qui nous éjectent alors que nous sommes à peine entrés dans le récit et qui coûtent les yeux de la tête (14 centimes la page. Vu comme ça, ça ne paraît pas énorme, mais je suis en train de lire Babysitter de Joyce Carol Oates et la page ne coûte « que » 4 centimes et pourtant 25 euros le livre, c'est un budget. Mais bon, refermons cette parenthèse d'apothicaire.).

Galatée est une réécriture du mythe grec de Pygmalion, ce sculpteur tombé amoureux de la statue qu'il a créée. Aphrodite, la Déesse de l'amour donne vie à Galatée, exauçant le voeu de Pygmalion qui n'a jamais pu trouver femme aussi parfaite et répondant aussi bien à ses espérances.

Cette histoire peut sembler éminemment romantique et faire penser un peu à celle de Pinocchio, petite marionnette devenue enfant pour combler le désir d'être père de Geppetto. Mais Madeline Miller a choisi de raconter l'histoire de Pygmalion d'un tout autre point de vue. Adieu donc amoureux transi, place à la pauvre Galatée. Et c'est ce nouveau point de vue qui fait tout l'intérêt de l'histoire (et le style de l'autrice).

Je fais partie de cette génération de femmes qui doivent déconstruire un certain nombre de pensées ancrées et voir sous un autre jour des comportements qui nous semblaient normaux. J'ai une flopée d'exemples qui me font bondir aujourd'hui (certains drôles et d'autres traumatisants et encore à vif). Je suis contente que la société change pour les femmes et leur sécurité, les plus jeunes qui désormais savent que certains comportement sont inacceptables.

Pour en revenir à notre Pygmalion… Dans Galatée, il n'a pas le beau rôle et on est loin de l'Appolon (même si son physique ne change rien à l'affaire). le sculpteur a sa vision de la femme parfaite et sa statue vivante doit s'y conformer. Il l'aime allongée et prête à l'accueillir en elle dès que l'envie lui prend. Il l'aime silencieuse, sorte de poupée gonflable à la peau lisse comme le marbre et rougissant sous ses doigts.

En adoptant le point de vue de Galatée, Madeline Miller montre que cette passion romantique évoquée dans Les Métamorphoses d'Ovide est perçue comme toxique et non consentie. Et Galatée veut se sortir de cette relation, elle qui n'a rien demandé mais qui veut désormais profiter de sa vie et ne pas se conformer à cette image qu'il a d'elle.
Comme prévu, c'est bien écrit et intelligent et cela permet de voir les choses autrement – à ce propos je vous invite à écouter le podcast de Radio France écrit par Klaire fait grr : La guerre de Deux et Demi (génial). Comme on dit, vous m'en direz des nouvelles !

J'ai beaucoup aimé cette nouvelle, mais sans surprise je l'ai trouvée trop courte. Je ne suis pas du tout à l'aise avec ce format. Mais c'est bien. Très bien. Et je valide complètement ces romans qui reprennent les mythes et donnent aux femmes la place qu'elles méritent et surtout leur donnent la parole. N'en déplaise à certains.
Lien : http://mademoisellemaeve.wor..
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Évidemment qu'après l'enchanteresse circé, je me suis promis de lire d'autres oeuvres de Madeline Miller, tandis qu'Achille est déjà sur ma pile-à-lire, j'ai fait remonter la nouvelle Galatée, au milieu de tous les pavés que je devais lire, pour des motifs professionnels entre autres, en me disant qu'on n'y verrait goutte.

A mesure de la lecture, la plus vive sympathie m'a prise pour l'autrice : nous avons en commun d'avoir plus été frappées par la misogynie du mythe que par le côté "amour qui rend tout possible", et le récit de Madeline Miller met tout cela en évidence. Sa traductrice, Christine Auché, rend son affectation à n'employer que le verbe "baiser" pour désigner les rapports sexuels entre l'ancienne statue et son sculpteur, lesquels ne sont jamais consentis, sauf quand la créature tente de manipuler son créateur. Nous sommes loin de l'histoire d'amour, même du côté de Pygmalion : jamais terme de femme-objet n'a été si bien, si évidemment porté que dans ce mythe ; sa réécriture ne fait pas exception.

Je suis plus dubitative sur son extrapolation de la du sculpteur, mais cet excursus se défend assez : . Or c'est cela qui est le noeud de la déception de Pygmalion, causée par sa propre prière : le corps féminin parfait en marbre est offert à l'entropie, au vieillissement, aux accidents de la maternité, or l'esthète n'y trouve pas son compte, le violeur non plus. Dans sa postface, Madeline Miller prononce le mot d'"incel" au sujet de Pygmalion et c'est exactement ainsi que je le voyais, avec un idéal et des attentes démesurées (dans le sens "hybristique" du terme) et l'incapacité à se satisfaire d'une femme en tant qu'être distinct et, évidemment, son égal.
Lien : http://aufildesimages.canalb..
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Je connaissais déjà Madeline Miller grâce au Chant d'Achille et à circé que j'avais adoré, alors je me devais de lire Galatée.
On retrouve le style particulier de M.M qui m'enchante et qui nous plonge directement dans l'histoire.
Mais ce qui m'a le plus plût dans cette ré-écriture du mythe de Galatée c'est d'abord sa réappropriation féministe qui nous plonge directement dans le point de vue de Galatée et qui souligne le comportement toxique de son mari et de son entourage. Son regard neuf porté sur ce pan de la mythologie grecque rend le tout dynamique !
Néanmoins, j'ai été tout de même un peu déçue de la longueur. Bien que le format soit sous forme de nouvelle, j'aurai aimé que l'histoire soit un peu plus développée, avec plus de descriptions etc.
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« Il prétend que c'est d'abord un cadeau de la déesse, et ensuite le sien, puisque c'est lui qui m'a fabriquée à partir du marbre. »

Galatée, Madeline Miller @madeline.e.miller @calmann.levy

Le mythe de Pygmalion revisité dans une courte nouvelle aux accents féministes et modernes! Une belle réussite 🌟

C'est prenant, intense et dépoussiérant à la fois!

L'autrice elle-même nous rappelle, à la fin de l'ouvrage, que dans le texte d'Ovide la vision de la femme était étriquée et archaïque! de fait, l'auteur antique ne donnait même pas de voix ni même de nom à sa création…

« La fin de « Pygmalion » n'est heureuse que si l'on accepte un certain nombre d'idées répugnantes : le fait qu'une femme ne soit considérée comme digne de ce nom que si elle renonce à elle-même pour plaire à un homme, la fétichisation de la pureté sexuelle féminine, le lien entre l'ivoire « blanc comme neige » et la perfection, l'élévation du fantasme du mâle au-dessus de la réalité de la condition féminine. Dans la version d'Ovide, Galatée ne parle pas du tout. Plus révélateur encore, on ne la nomme même pas : c'est l'un des quelques détails que j'ai empruntés à d'autres sources. Elle apparaît juste comme la femme. Censée être un objet de désir docile et rien de plus. »

Mais revenons-en au mythe!

Pygmalion sculpte une statue si belle, si réelle, que la déesse Vénus touchée par son talent, entend sa prière et donne vie à celle-ci…

« « Déesse, ne me laisse pas succomber à la folie ! »
Il s'est mis à pétrir mes hanches et mon ventre, très fort, pour tester ma pierrosité. Je me suis félicitée de ne pas broncher.
« Et pourtant, je vais le jurer, je vais jurer sur ma vie qu'elle est chaude. Ô déesse, si c'est un rêve, laisse-moi dormir encore. » Et puis il a appuyé ses lèvres sur les miennes, avant de poursuivre : « Vis. Oh, vis, ma vie, mon amour, vis. »
Et c'est à ce moment-là que je suis censée ouvrir les yeux comme un faon à peine né, le découvrir en équilibre au-dessus de moi tel le soleil, émettre un petit gémissement de gratitude étranglée, après quoi, il me baise. »

La plume de l'autrice est incisive, directe, sans détour!

Le créateur viole sa création, le mari emprisonne sa femme, l'homme jaloux se comporte comme un potentat sûr de son pouvoir, de sa légitimité!

« Après ma naissance, il a essayé de me garder enfermée autant qu'il le pouvait, seulement il y avait des serviteurs, et les gens se sont mis à parler de l'épouse du sculpteur, de son étrangeté, et du fait qu'une telle beauté ne peut venir que des dieux. »

Le regard sur le corps des femmes, son évolution après la maternité est également abordé avec brio!

« «Qu'est-ce que c'est ?»
En baissant les yeux vers mon ventre, j'ai vu les légères traces argentées sur ma peau, soulignées par la lumière.
« Mon amour, c'est la marque de notre enfant. Là où la peau de mon ventre s'est distendue. »
Il les a fixées.
« Depuis combien de temps sont-elles là ?
- Depuis sa naissance. » Il y avait désormais dix ans.
« Elles sont affreuses.
- Je suis désolée, mon amour. C'est pareil pour toutes les femmes.
- Si tu étais en pierre, je te les enlèverais d'un coup de burin. » »

Femme objet, femme trophée, femme que l'on expose, pure, étincelante, sans défaut!

Femme conquête, femme défaite, femme refaite!

Le corps des femmes ne leur appartient pas, leur voix pas davantage…

Il fallait le talent de Madeline Miller pour donner souffle et parole à la plus silencieuse de toutes, la femme de pierre… Galatée!
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