Citations sur L'avenir du drame de l'enfant doué (94)
Selon toute apparence, il est indispensable à l'être humain d'avoir accès à ses émotions pour qu'il puisse gérer sa vie.
"Contrairement au petit enfant, l'adulte a des choix. Il peut se fonder sur ses expériences, dispose de la faculté de raisonner ainsi que du libre accès aux informations. Tout cela, il peut l'utiliser, s'il le veut. S'il est résolu à ne pas se confier à une thérapie qui le réduirait d'emblée à l'impuissance, il a de fortes chances de pouvoir se renseigner sur la personne et la formation du thérapeute, avant de se décider pour ou contre une confrontation avec son enfance. Il peut tranquillement demander, lors du premier entretien, comment le thérapeute en est venu à exercer cette profession, m-pourquoi il l'a choisir, ce qu'il faisait auparavant, etc. Malheureusement, la plupart des gens ne posent pas ces questions, bien que ce ne soit nullement interdit et serait éclairant.
Il est des êtres auxquels il a été donné de pouvoir nouer une relation de couple heureuse, et d'y puiser soit la guérison, soit la force de faire face consciemment aux carences subies dans leur enfance, et d'effectuer le travail du deuil.
… la forte tendance idéalisatrice de l'enfant occulte même les plus graves sévices. Il n'y a pas de tribunal, pas de procureur, pas de jugement, tout reste enfoui dans les ténèbres du passé, et quand les faits deviennent connus, ils sont baptisés « bienfaits ». S'il en est ainsi dans les cas les plus flagrants de sévices corporels, comment la torture psychique, de toute manière moins visible et restant beaucoup plus discutée, serait-elle mise au jour ?
Le mépris est l'arme du faible et la protection contre des sentiments évoquant sa propre histoire. Et à l'origine de tout mépris, de toute discrimination, se trouve le pouvoir exercé par l'adulte sur l'enfant, un pouvoir plus ou moins conscient, incontrôlé, secret, et toléré par a société (sauf en cas de meurtre ou de graves sévices corporels). L'adulte est libre de faire ce qu'il veut de l'âme de son enfant, il la traite comme si elle était sa propriété. C'est la façon dont un Etat totalitaire traite ses citoyens.
« Le monde ne s'est pas transformé. Que d'horrreurs et de bassesse autour de moi ! Et je les vois avec encore plus d'acuité qu'auparavant. Pourtant, pour la première fois, je trouve la vie vraiment digne d'être vécue. Peut-être parce que j'ai l'impression que, pour la première fois, je vis ma propre vie. Et ça c'est une aventure passionnante. Mais je comprends mieux, maintenant, mes idées de suicide, particulièrement celles que j'ai nourries dans ma jeunesse. Continuer me paraissait dénué de sens... en fait parce que, d'une certaine façon, je vivais une vie étrangère, dont je ne voulais pas et que j'étais toute prête à détruire. »
Après une longue période dépressive, accompagnée d'idées de suicide, Pia, 40 ans, qui avait été gravement maltraitée dans son enfance, parvint enfin à vivre sa violente colère longtemps réprimée, contre son père, et à la justifier. Il s'ensuivit, non point un soulagement visible, mais une période pleine de chagrin et de larmes, à l'issue de laquelle elle déclara :
Bien des conseils sur la façon de « s'y prendre » avec les patients dépressifs présentent un caractère nettement manipulateur. Certains psychiatres estiment qu'il faut montrer au patient que son désespoir n'est pas rationnel, ou qu'il faut lui faire prendre conscience de son hypersensibilité. A mon avis, une telle démarche ne servirait qu'à étayer le faux-Soi et l'adaptation émotionnelle, c'est-à-dire, au fond également la dépression.
... l'accès à notre vrai Soi ne devient possible que lorsque nous n'avons plus à craindre le bouillonnant monde affectif de notre enfance.
Si cet homme avait une mère qui, en dépit de sa pauvreté, a pu et su lui donner, dans cette première et si décisive année de la vie, de l'amour véritable, une protection et un sentiment de sécurité, il a été mieux équipé pour surmonter les mauvais traitements ultérieurs que quelqu'un dont l'intégrité a été blessée dès sa naissance, qui n'avait pas le droit d'avoir sa propre vie, qui, dès le départ, a dû apprendre que son existence avait pour seul sens de "rendre sa mère heureuse".