La mission du théâtre, en fin de compte, est de transformer et même de faire naître chez les gens la conscience de leur potentiel en tant qu'êtres humains.
PARRIS - Va-t-il falloir que je jette cette croix?
HALE - Pas du tout! Il suffira de la purifier et rien n'est plus simple. On saupoudre l'endroit souillé avec de la corne de boeuf râpée en chantant : Allons à Jésus.
Dans nos âmes, les routes du bien et du mal se coupent et se recoupent à l'infini.
PROCTOR- Pour une fille chrétienne, c'est sûrement une tâche nécessaire et honorable que celle qui consiste à faire pendre une vieille femme.
Comment pourrais-je vivre sans mon nom ? Je vous ai donné mon âme, laissez- moi mon nom.
HALE, étonné
Mon enfant... Vous sentez-vous mieux maintenant ? (Abigaïl halète et le regarde sans pouvoir parler.) Je vous ai vue regarder fixement quelque chose. Qu'avez-vous vu ?
ABIGAÏL
Une femme qu'il me semble avoir déjà vue, mais que son visage grimaçant m'a empêchée de reconnaître.
HALE
Dites-moi, cette femme n'a-t-elle pas craché ?
ABIGAÏL
Si, justement ! Elle a eu à l'adresse de Tituba un geste de menace et, avant de disparaître dans la muraille, elle a craché sur cette croix. (Tournant le dos à tous, Abigaïl porte la main à sa bouche et, allant au mur, décroche la croix de bois noire.) Oh ! sur la croix... Monsieur Hale... il y a encore de la salive !
HALE, il prend la croix et, solennel, s'adresse aux Putnam et à Parris.
Voilà le signe que j'attendais, le signe matériel, indéniable, du passage de Satan dans cette maison. Et ce signe, vous pourrez dire que vous l'avez vu.
Je vous en prie, femme, insistez pour que votre mari avoue. Laissez-le mentir. Ne tremblez-pas devant le jugement de Dieu, car il se peut que Dieu punisse les menteurs, mais Il sera sans miséricorde pour ceux qui auront fait abandon de leur vie par orgueil. (p. 218)
De quel humain pouvons-nous dire avec certitude qu'il est bon ou qu'il est mauvais ? Ce que nous savons, c'est qu'en chacun de nous il y a prise aussi bien pour Dieu que pour le Diable. Dans nos âmes, les routes du bien et du mal se coupent et se recoupent à l'infini.
Parce que c'est mon nom. Parce que je n'en aurai pas d'autre dans la vie. Parce que je ne suis pas digne de la poussière qu'ont soulevée les pieds de ceux qui sont pendus. Comment pourrais-je vivre sans mon nom ? Je vous ai donné mon âme, laissez-moi mon nom.
C'est un vent de folie qui passe sur le pays. George a également parlé d'Abigaïl et il parlait d'elle comme d'une sainte. Il paraît qu'elle amène les autres jeunes filles au Tribunal et que la foule s'écarte avec dévotion pour la laisser passer. Et les suspects sont conduits devant elle et si à leur vue cette fille se met à hurler ou à se rouler par terre, ces gens sont mis en prison et accusés de l'avoir ensorcelée.