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sur 221 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
C'est à Olsztyn, capitale de la province polonaise de Varmie-Mazurie, que le procureur Teodore Szacki a posé ses valises. Il vit depuis un an avec Zenia, une charmante organisatrice de mariage et avec sa fille Hela que sa mère n'a pas souhaité emmené avec elle à Singapour. Arrachée à Varsovie, son lycée, ses amis, l'adolescente n'est pas facile à vivre et son père peine à établir le contact. Mais ses problèmes familiaux vont être balayés par une affaire particulièrement difficile. Sur un chantier, des ossements sont découverts, ceux d'un homme décomposé chimiquement et auxquels on a ajouté les os de différentes victimes. L'homme, marié et père de famille, menait une vie sans histoires et personne ne semblait lui en vouloir. Préoccupé par ce cas complexe, Szacki prend à la légère la visite d'une femme qui se dit effrayée par son mari. Quand il la retrouve baignant dans son sang, le procureur fait son mea culpa mais il est trop tard. Sa conduite inconsidérée a fait de lui une cible...

Clap de fin pour l'intransigeant procureur Szacki. On le retrouve dans une nouvelle vie, une nouvelle région, avec une nouvelle femme et un nouvel adjoint, encore plus rigide que lui.
Après nous avoir fait visiter la froide Varsovie, puis la jolie Sandomierz, Zymunt Miloszewsi nous emmène au Nord-Est de la Pologne, dans une région qui a longtemps été allemande. La ville d'Olsztyn se targue d'abriter pas moins de onze lacs en son centre mais l'auteur ne peut s'empêcher de noter l'urbanisme effréné qui bétonne à tout va, le modernisme à tout prix ayant pris le pas sur l'art et la beauté.
Mais là n'est pas le propos du livre qui aborde un thème plus douloureux : la violence domestique et le silence qui l'entoure. Des familles qui vivent dans la peur, des enfants effrayés, des femmes humiliées au quotidien, des épouses qui tombent sous les coups de leurs maris tout-puissants. Une prise de conscience pour le procureur parfois un peu macho qui s'interroge sur ses propres comportements. Son enquête va le mener jusqu'au bout de lui-même. On le savait soupe-au-lait, ''courroucé'' comme le décrit sa fille, on découvrir toute la rage dont il est capable pour protéger les siens, une rage qui le conduira jusqu'à l'irréparable...
Un final intense qui conclut formidablement cette trilogie polonaise qui aura su nous faire découvrir un pays méconnu, un enquêteur tout en nuances et un écrivain qui sait dénoncer les travers de ses compatriotes avec suffisamment d'humour et de cynisme pour ne pas passer pour un donneur de leçons. On tourne la dernière page avec déjà la nostalgie de tous ces moments partagés avec le procureur et la Pologne. Adieu Teodore mais à bientôt Zygmunt...
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"Ne fais pas ça Téo, ne fais pas ça." C'est ce que l'on aurait envie de crier à notre procureur chouchou. Comme dans "Seven", le film.
C'est la fin de cette plus qu'intéressante trilogie qui nous a fait découvrir un procureur/sherif/-Théodore Szacki- un pays -la Pologne- qui tente de se définir dans sa jeune modernité et liberté.
Avant d'ouvrir ce dernier titre, j'étais déjà triste de savoir que Téo me quitterait.
La quarantaine et déjà Téo se sent "vieux". Vieux de tout. Il supporte le poids de la vie, de ses choix, des choses, des événements, des décisions et de son "courroux".
On le retrouve à Olsztyn, capitale de la Voïvodie de Varmie-Mazurie. Et encore ici, l'auteur en profite pour écorcher (entre autres) le manque de vision des urbanistes, des architectes, des gestionnaires dans le développement urbain. On sent que l'auteur, Zygmunt Miloszewski, respecte la pierre, la beauté, l'ARTchitecture , la signification de l'histoire dans le bâti. Il n'hésite pas à nous le montrer lors des promenades dans la ville. Il ne nous épargne pas non plus le portrait - sans compromis, sans accomodements- des Polonais, de la Pologne et de ses institutions dans cette société complexe qui se cherche encore et dans cette province belle et laide, charmante et assommante tout à la fois.
La Rage met fin aux réflexions de notre procureur sur la justice l'institution et celle de l'homme, la vérité et ses perspectives, la vengeance. Avec l'humoir noir et le cynisme qu'on lui connaît, Zygmunt Miloszewski réussit encore à écrire un excellent roman dont la thématique est universelle et touche tout le monde dans toutes les couches de la société.
Et c'est la fin pour Teodore Szacki, une fin élégante, noble, juste.
Je ne peux que vous convier, si ce n'est déjà fait, à vous jeter sur cette trilogie: Les impliqués, Un fond de vérité et finalement La Rage.
Bref, je me souhaite de retrouver cet auteur, Zygmunt Miloszewski, et sa Pologne très très bientôt. Quelle belle rencontre ce fut !
P.S.: 5 étoiles pour l'ensemble de la trilogie.
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Où je retrouve avec grand plaisir mon procureur préféré, Theodore Szacki, cynique à souhait.
Dans cet opus, il se retrouve confronté à un squelette composé de plusieurs parties de différents êtres humains. Il est flanqué d'un adjoint, froid et intransigeant, que je trouve particulièrement intéressant. Pointilleux, droit, méticuleux, il possède une logique et un sens de la morale implacable. Il n'hésite pas à blâmer ouvertement Szacki lorsqu'il émet des commentaires sexistes, et surtout lorsqu'il ignore l'appel à l'aide d'une femme persécutée. Car là est le principal sujet de ce livre : les nombreuses femmes battues dans un silence assourdissant.
J'ai également beaucoup apprécié dans ce roman le fait que l'on en apprend toujours beaucoup sur la Pologne, un pays que je connais très peu. Il est encore très marqué par la Seconde Guerre Mondiale et les chapitres sont entrecoupés de pages relatant les actualités du moment.
Le livre possède une dimension féministe puisqu'il s'agit de la tragédie très commune des femmes battues, dont 122 perdent la vie chaque année en France par exemple. Mais l'on y parle de "théorie du genre" ce qui m'agace énormément car CELA N'EXISTE PAS. Il s'agit d'études de genre qui s'attachent à expliquer le conditionnement sociologique des femmes et des hommes.
Mis à part ce détail. j'ai adoré ce roman (tout comme les deux premiers), et j'espère fortement qu'il y aura une suite, vu le cliffangher gigantesque dans lequel nous a mis l'écrivain à la fin !
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Le procureur Teodore Szacki poursuit son périple professionnel et sentimental. Après avoir été en poste à Varsovie dans le premier roman de la série, « Les impliqués », une enquête au cours de laquelle il quitte sa femme Weronika après une aventure avec une jeune journaliste de la République, Monika, il s'est retrouvé à Sandomierz, dans « Un fond de vérité », une ville du sud-est de la Pologne, confronté dans son enquête aux liens complexes du judaïsme avec l'histoire de la Pologne. Là encore il a séduit une jeune collègue mariée.
Dans « La Rage », Teodore Szacki est muté à Olstyn, ville du nord-est de la Pologne, connue pour ses onze lacs et son prestigieux passé prussien. Il y vit avec Zenia, (« Il s'était dit : ce n'est pas mon genre. Zenia lui avait jeté un seul coup d'oeil, et il avait été foutu. »), et sa fille Helena (Hela), issue de son premier mariage avec Weronika, qui a quitté la Pologne pour Singapour avec son nouveau mari.
Olsztyn, « au coeur d'une région frontalière avec l'enclave de Kaliningrad », n'est pas vraiment une destination de rêve : « Dans certains cas, elle était si laide que la capitale de la Varmie devenait régulièrement la risée du pays en raison des excentricités architecturales dont on l'agrémentait avec une persévérance digne des plus justes causes ».
L'un des principaux intérêts des romans de Zygmunt Miłoszewski est de proposer une vision précise, juste et lucide de la vie en Pologne, et de nous faire toucher du doigt les contradictions de ce pays qui sort avec bonheur et difficulté à la fois, de plus de quarante ans d'histoire vécue en supportant le joug de l'URSS.
L'auteur, comme dans ses deux précédents romans a véritablement des talents d'essayiste lorsqu'il exprime, à partir de scènes banales, de descriptions des tracas de la vie quotidienne, ou du fonctionnement de l'administration, l'essence même de ce qu'est aujourd'hui la Pologne.
A titre d'exemple les nombreuses références à l'absence de bases de données nationales :
« C'est une putain de blague ou quoi ? Il n'y a vraiment aucune base de données dans ce foutu pays où on traque ce qui arrive à ses putains de citoyens ? »
« C'était vrai, le procureur Teodore Szacki savait que rien n'apparaissait jamais dans les bases de données officielles. Les flics avaient leur propre système d'information (…) le parquet avait le sien, LIBRA, (…) de plus, tous ces systèmes étaient curieusement démembrés, incompatibles et disjoints. »
La rage respecte aussi ce que j'appellerai la signature Miłoszewski : un découpage en chapitres journaliers (24,25,26,27,28 novembre- 2.3.4.5.9 décembre 2013- 1er janvier 2014) dont chacun est précédé en exergue d'extraits de l'actualité internationale et polonaise vue à la fois par le petit et le gros bout de la lorgnette, qui relativisent l'importance des sujets d'actualité traités par les média.
L'intrigue du roman se faufile entre ces différentes figures imposées et surgit peu à peu pour s'imposer, nourrie à la fois des données du contexte et des sentiments contradictoires des personnages au sein desquels Szacki se débat pour faire surgir la vérité.
Au parquet d'Olsztyn, Szacki est entouré de :
Sa patronne, Ewa Szarejna, « Elle était une sorte de crocodile emprisonné dans un déguisement d'ours en peluche. » ; son adjoint Edmund Falk, « le procureur savait que tout le milieu juridique d'Olsztyn se moquait du « roi des coincés » et du « prince des coincés », comme on les appelait tous les deux. (…) car si Szacki avait eu un fils, (…) il n'y aurait eu aucune chance pour que cet enfant (…) lui ressemble davantage qu'à Edmund Falk. » ; le commissaire Jan Paweł Bierut, qui porte une veste en simili cuir « …si reconnaissable qu'il aurait pu tout aussi bien porter un gilet fluorescent estampillé « Police » ». le légiste Ludwig Frankenstein avait « …la même apparence que celle du savant fou sorti d'un film allemand. », et « son assistante, Alicja Jagiełło, l‘air de débarquer d'un tournage de film porno se déroulant dans un décor de laboratoire. »
Rien ne se passe à Olsztyn. du moins est-ce l'impression que laissent les 50 premières pages. Jusqu'à ce que la découverte d'un cadavre dans un ancien abri anti aérien, à l'occasion de travaux d'aménagements, emballe le roman. Je n'irai pas jusqu'à vous dire pourquoi.
Ce cadavre, dont on pense, comme à l'habitude qu'il est celui d'un allemand oublié là depuis la fin de la guerre, vu son état, va révéler l'une des énigmes les plus ardues à laquelle Szacki ait jamais été confronté.
Parallèlement, le lecteur est témoin de scènes anodines du quotidien qui révèlent les côtés obscurs de la vie domestique et la spirale de la violence conjugale ; notamment chez ce couple modèle de la rue Równa, qui a tout pour plaire et pour être « heureux »,
« Il observa la maison qu'il avait lui-même construite, l'arbre près de la terrasse qu'il avait lui-même planté, (…) il voyait les fenêtre éclairées derrière lesquelles jouait son fiston, tandis que sa femme s'affairait en cuisine. Elle n'arrivait pas à y « faire » grand-chose, d'habitude, mais il ne se plaignait pas. (…) En tant qu'homme moderne, il n'exigeait ni réciprocité ni reconnaissance pour ses efforts. Il le faisait par amour, et il était capable de l'admettre, pour ressentir une fierté masculine. »
Sur ce point en particulier, Miłoszewski dépeint un Teodore Szacki obscur lui aussi. Sur la question des violences conjugales, il s'en fait remontrer par son adjoint, et lui-même n'est pas à l'abri, même s'il ne passe pas à l'acte de ce sentiment puissant de machisme qui imprègne les relations hommes femmes.
« Il sentit la colère monter en lui. Il en avait assez d'être pris pour cible. Il avait déjà mis sa veste, et il faudrait maintenant qu'il l'enlève, qu'il ôte ses boutons de manchette, qu'il remonte ses manches et qu'il fasse la vaisselle. Pour elle, ce ne serait qu'un instant, elle ne le remarquerait même pas. »
Dans ce roman, Miłoszewski se livre à un véritable Teodore Bashing. Jamais dans les deux précédents romans, on n'avait vu notre procureur préféré, subir de telles avanies.
Szacki se débat avec ses problèmes sentimentaux et familiaux – de fait il n'est pas marié à Zenia – mais enrage lorsqu'il regarde vivre sa fille Hela et sa compagne Zenia. Cédant à ses les plus vils penchants, il pense « Evidemment, la grande mégère boudeuse et la petite mégère s'entendaient à merveille,… »
Il voit les autres familles, les autres maris et femmes, à l'image de ce qu'il est lui, pour Zenia et sa fille. Bien entendu, cette vision des choses, sujette à caution, le fait passer à côté de la réalité et le fait se planter lamentablement.
Peut-être pour adoucir ce portrait au vitriol, Miłoszewski nous dévoile un aspect jusqu'alors peu connu de Szacki, sa francophilie :
« Il était couché et lisait du Pierre Lemaitre. (…) Il était cependant forcé d'admettre que l'auteur français était vraiment bon. »
« le jeune magistrat avait des faux airs de Louis de Funès. Il ne l'avait pas remarqué d'emblée, parce que, primo, Falk était jeune, et, secundo, mortellement sérieux. »
« A l'intérieur de sa Citroën, l'atmosphère était chaude, agréable et rassurante. »
« N'était-ce pas cela dont parlait Camus, n'est-ce pas précisément cela le plus grand défi de la vie, la tâche la plus difficile ? Appeler les choses par leur nom. »
Szacki se retrouve maintenant avec plusieurs cadavres sur les bras. Sans aucune piste. Sans aucuns indices. Avec seulement des questions. Malgré ses travers, il reste ce procureur capable de s'extraire d'un contexte trop prégnant, des pistes évidentes qu'il suggère, pour s'élever au-dessus des hypothèses convenues, convenables, et élaborer une cartographie des faits, différente. Il réussit à penser comme le tueur :
« Quelqu'un perd la vie parce qu'il a provoqué la mort.
Quelqu'un perd la parole parce qu'il humiliait verbalement.
Quelqu'un perd les mains parce qu'il cognait.
C'est limpide. » (…) « Quelqu'un perd l'ouïe, parce que ? »
A partir de ce moment, le roman prend une tournure différente et les différentes pièces du puzzle s'assemblent pour parvenir à une fin qui prend le lecteur à froid. Hélas sauf à déflorer le sujet je ne peux vous dire laquelle.
Les personnages les plus insignifiants rencontrés au fil des pages reviennent sur le devant de la scène et inter agissent avec des situations auxquelles ils semblaient étrangers.
De ce point de vue, comme d'habitude chez Miłoszewski, le récit est très habilement construit ménageant les effets, perdant le lecteur, le ramenant sur le fil de l'intrigue, sans aucun bavardage inutile.
Le roman boucle sur lui-même quand Szacki cherche à se mettre à la place des criminels qu'il interroge. Il comprend que lui aussi pourrait tuer froidement….dans ce cas, s'appliquerait-il les sentences qu'il prononce habituellement, sans la moindre hésitation ?
La Rage pose in fine deux questions qui sous-tendent l'intrigue :
- Dans quelle mesure la justice ou la société civile peuvent-elle s'affranchir des règles de l'état de droit pour forcer les victimes ou les témoins à dire la vérité, dès lors qu'elles supposent ou ont l'intime conviction que cette vérité peut contribuer à condamner un coupable, dissuader de futurs témoins de se taire simplement pour éviter de se trouver confrontés à la machine judicaire ou à des représailles. Vaste question.
Szacki a depuis longtemps répondu que lui pouvait s'affranchir de ces règles ou du moins flirter dangereusement avec leurs limites extrêmes pour faire basculer une enquête, faire tomber les faux semblants et faire triompher la vérité.
Il sait alors se montrer sans pitié avec les hésitants : « Si, c'est précisément ce que je veux dire. Si vous aviez investi le monde véritable et si vous aviez retrouvé la soeur de ce petit, vous n'auriez pas seulement sauvé ce garçon merveilleux, mais aussi beaucoup d'autres vies. »
- Quelle est la nature des relations que nous entretenons avec l'autre sexe. Les protagonistes du récit vivent tous en couples et on retient de chacun d'eux qu'il y a une part de pathologique, de jeux, de dissimulation, de mauvaise foi, dans leurs relations : entre la psychiatre Teresa Zemsta et son mari notaire ; entre Zenia et Szacki ; entre Monika et Piotr Najman ; entre Jadwiga Korfel et son mari décédé, Artur Ganderski.
Ce roman montre une fois de plus les talents multiples de l'auteur, qui scénarise à merveille une société, ses travers, ses faiblesses et les contextes multiples dans lesquels évoluent des personnages encombrés de leur histoire personnelle. Une référence pour mieux comprendre et apprécier la Pologne contemporaine, même si, au passage, Szacki éreinte un peu son pays : « La Pologne est moche. Pas entièrement, bien sûr, aucun endroit n'est entièrement vilain. Mais si on établissait un classement, la Pologne serait le plus laid des pays d'Europe. » Mais c'est pour mieux en souligner les attraits « Pourtant, il y a des moments où la Pologne est le plus bel endroit de la terre. Ce sont les journées de mai après l'orage (…) ce sont ces longues soirées d'août (…) c'est la première matinée d'hiver (…) »
Dernier point que je soulèverai, celui de la traduction. Elle gagnerait sans doute à être moins littérale. Il est de bon ton de reconnaître la performance du traducteur attitré de Miłoszewski, Kamil Barbaski, mais pour en avoir parlé avec des lecteurs polonais du roman, je trouve personnellement que certaines expressions polonaises sont partiellement rendues en Français. Je citerai pour exemples : « la vague verte » dont on ne comprend pas qu'il s'agit de la synchronisation des feux de circulation ; « pardon le mot » présenté comme une expression fautive tirée du Français (?) ; Bimber traduit par « eau-de-vie » alors que gnôle me semble plus adapté ; des constructions de phrase où l'on se perd dans les doubles négations comme « car si Szacki avait eu un fils, (…) il n'y aurait eu aucune chance pour que cet enfant (…) lui ressemble davantage qu'à Edmund Falk. »


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Troisième et dernière enquête du procureur Theodor Szacki. Nous sommes en 2013. Même présentation.

Après un court retour à la capitale, il est maintenant depuis quelques temps à Olsztyn
dans le nord de la Pologne. Il y vit avec Zenia qui organise depuis chez elle des mariages, et sa fille Hela après le départ de sa mère en Asie. La jeune fille a maintenant 16 ans, elle méprise cette ville qui n'offre pas tous les avantages de Varsovie. Par ailleurs, si les deux femmes s'entendent bien quand elles sont seules, en présence de Theodore elles sont en rivalité pour son attention. Tout n'est donc pas simple dans sa vie privée.

Cependant il est bientôt accaparé par la découverte d'un corps dans un sous-sol, autrefois refuge lors des bombardements. Mais si l'on est tout d'abord persuadé qu'il s'agit d'un vieux squelette, l'autopsie révèle qu'en réalité il est tout à fait récent. Puis dans un second temps que certains ossements appartiennent à d'autres corps. L'homme a été dissous vivant dans de la soude…
Encore de nombreux rebondissements et une chute qui abrège la carrière du procureur.

Après le communisme, l'antisémitisme Milozewski explore le thème des violences domestiques. avec toujours le même talent.

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J'avais déjà rencontré le procureur Teodore Szacki dans un « Fonds de vérité », un polar pas mal mais sans être exceptionnel .
« La rage » est beaucoup plus marquant : Dans une ville polonaise de province, un cadavre (ou plutôt un squelette) est trouvé dans un ancien bunker. Tout le monde pense d'ailleurs que le squelette est un allemand resté là depuis la seconde guerre mondiale. le squelette est donc envoyé non pas à la morgue mais à l'université dans une section recherche. Que nenni ! le professeur Frankenstein (quelle riche idée ce nom) informe Szacki que le squelette est en fin de compte le corps d'un homme décédé il y a à peine une semaine !
Szacki va donc mener l'enquête et délaisse donc un peu ses autres tâches, il a également du mal à trouver sa place entre sa compagne et sa fille (la fille de Szacki) celle ci est ado et un peu rebelle … elle digère mal d'avoir abandonné sa vie à Varsovie pour arriver dans une petite ville de province.
Au delà de l'histoire bien ficelée et captivante, j'ai été convaincue par les personnages : ils sont à la fois crédibles, fouillés avec des failles mais sans caricature. Il y a Szacki, son adjoint Falk, les suspects qui ont tous un truc à cacher, la jeune Viktoria, la psychiatre… tous convaincants…

L'enquête est menée de façon très sérieuse et d'un seul coup au moment où on s'y attend le moins l'auteur réussit à faire rire ou sourire.
En toile de fonds : on en apprend beaucoup sur la situation de la Pologne pendant et après la seconde guerre mondiale …

Je n'ai qu'un seul reproche à faire à l'auteur et j'en profite pour l'interpeller en public : « Non mais ça va pas de faire « ça » à ton enquêteur fétiche : il est cuit maintenant Szacki ! et comment on va faire pour avoir un tome 4 avec cet enquêteur hors pair, hein ?…. ». fin de l'interpellation.

Bon heureusement qu'il me reste le tome 1 à lire (les impliqués)… oui j'ai lu un tome 2 et 3 sans me rendre compte qu'il y avait un tome 1 …

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Ce roman m'a été offert par ma soeur il y a quelques années (sic... oui oui... années!) et comme souvent, je l'ai laissé dormir dans ma pile à lire. J'ai eu envie de le sortir et de le découvrir, histoire de faire souffler un vent de nouveauté sur ce mois de septembre, et je l'ai naturellement intégré au Pumpkin Autumn Challenge 2020. Ce sera mon roman pour "Je suis Médée, vieux crocodile!" du menu Automne frissonnant.

Teodore Szacki, procureur au parquet d'Olsztyn, ne goûte pas vraiment les affaires qu'on lui demande de suivre. Sa vie de couple est elle aussi quelque peu perturbée par l'arrivée de sa fille adolescente Hela. La découverte d'un squelette dans un bunker ne le passionne pas vraiment, mais très vite, il s'avère que ces ossements cachent un secret non seulement ils pourraient être moins vieux que ce qu'on imagine, mais il pourrait aussi y avoir plusieurs victimes. Ce revirement de situation risque de le pousser à négliger d'autres affaires, par orgueil, et de le conduire à quelques bévues.

Ce roman n'est pas le premier de la série consacrée à Teodore Szacki, et pourtant, cela ne m'a posé aucun souci pour lire l'oeuvre. Les rappels sont faits tout en finesse, et d'une manière générale, nous n'avons pas besoin de connaître le passé de Teodore pour comprendre son présent. le procureur est ici dans une nouvelle région depuis peu, sa vie privée est un peu houleuse et chaque dispute fait ressortir l'intransigeance de cet homme. En effet, le procureur est un homme dur, monolithique. Il ne faut pas attendre de lui compassion et bons sentiments. Il n'aime que les affaires juteuses, juge aisément ses concitoyens et repousse en bloc tout ce qui ne lui semble pas digne d'intérêt. Son adjoint n'est pas plus humain en apparence, si bien que lorsque l'un deux commet une erreur, l'autre se charge de lui faire boire le calice jusqu'à la lie. Ce duo est étonnant et dérangeant par certains aspects. La froideur qui les caractérise m'a soufflée et j'ai eu envie de les secouer un peu, de temps en temps, pour qu'ils cessent de voir le monde en teinte monochrome. C'est peut être le seul élément du roman qui ne m'a pas pleinement emportée. J'aime m'accrocher aux personnages et projeter mon humanité dans la leur. Or, leurs traits de caractère m'ont interdit toute identification. Néanmoins, la raideur morale que nous observons est sans aucun doute conçue à dessein et permet de préparer le renversement final. A aucun moment nous ne voyons venir les choses et, au fil des pages, nous aurions presque oublié le premier chapitre qui annonce pourtant une partie de la catastrophe.

En ce sens la construction de l'oeuvre est à la fois complexe et signifiante. Nous sommes plongés en plein coeur du récit, avant d'amorcer une pause et de tout reprendre depuis le début. le décompte se fait sous forme de jours, et à chaque chapitre, nous découvrons des actualités qui sont publiées dans les médias. le moins que l'on puisse dire est que ces actualités sont indigestes, collées toutes les unes aux autres, sans agencement, sans développement, comme un assemblage de gros titres. Ce choix crée une litanie qui rythme la course poursuite contre l'assassin, elle met aussi en lumière les sujets parfois insignifiants que l'on trouve dans les médias. Finalement, la mise en page nous noie comme la vraie information - celle que nous attendons et que nous brûlons de découvrir imprimée- est diluée. Ces chapitres éveillent notre curiosité mais jouent aussi et surtout le rôle de leitmotiv qui nous donne envie d'en savoir plus et nous frustre à la fois par l'inanité de leur contenu par rapport à ce qui nous préoccupe vraiment.

L'enquête en elle-même est très originale. le mode opératoire de l'assassin est on ne peut plus détonnant et original, les ramifications de l'enquête et les motivations du criminel m'ont complètement soufflée. Je suis restée ébahie devant les faits évoqués et je dois reconnaître que je n'ai jamais lu ça ailleurs. Cette enquête mêle violence, vengeance, quête de justice et manipulation subtile car le criminel ne veut pas juste s'en prendre à certaines personnes, il espère faire tomber dans son piège d'autres individus afin d'obtenir quelque chose. Et dans cette optique, certains détails, qui nous paraissaient absolument insignifiants au début, prennent une ampleur insoupçonnée deux cent pages plus loin. Un véritable esprit machiavélique tire les ficelles pour notre plus grand plaisir. Arrivée au terme de ce roman, je me trouve tiraillée entre l'envie de lire la suite et de comprendre ce qu'il adviendra du procureur Szacki, et l'envie de lire les opus précédents pour comprendre le cheminement de cet homme. Bref, vous l'aurez compris, La Rage remplit parfaitement son rôle et tient ses promesses.

Ainsi, ce roman est absolument parfait. Je ne trouve aucun bémol à apporter : nous avons sous les yeux une enquête résistante et glaçante, des rebondissements inattendus et des révélations stupéfiantes. le procureur s'humanise à la fin et livre sans doute la bataille la plus dure de sa vie tandis que nous retenons notre souffle. Une excellente lecture en somme.

Lien : https://lesreveriesdisis.com..
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Avis de Grybouille (Chroniqueur sur le blog Léa Touch Book) :

La ville d'Olsztyn ? La région de la Valmy ?

La Pologne ?
Ah, bah, oui qu'en même…
Déjà lu un auteur polonais ?
Euh, non !
Une petite envie ?
Pourquoi pas…

La couverture du livre est un hymne au papier issu des ressources responsables…
Le ton est donné le polar ne se déroulera pas dans une région ensoleillée où le thermomètre avoisine les trente degrés. Ici c'est la Pologne, la région de la Valmy, la ville d'Olsztyn et ce n'est pas Miami…

Mais, il y a mieux, nous avons Zygmunt Miloszewski et c'est à lui tout seul un immense rayon de soleil dans cette toile aux variantes de gris.

Un climat pourri, glacial et pourtant dès les premières lignes on peut déjà sentir que cela va être chaud !!!

Revenons à notre polard, Olsztyn c'est la commune aux douze lacs : « C'est pourquoi les rhumatismes tuent ici plus souvent que les crises cardiaques… »
Le procureur Teodore Szacki, 39 ans, récemment déraciné de Varsovie, se voit confier une enquête sur un squelette retrouvé dans un ancien bunker contigüe à l'hôpital de la Ville.
Quelle n'est pas sa surprise lorsque le professeur en médecine légale lui annonce que la décomposition a été très rapide…

Ah, oui, une pause pour vous dire que notre auteur polonais est un amateur de clin d'oeil plein d'humour. le nom du professeur en médecine ? Ludwik Frankenstein… C'est un plus dans un polar noir, des petites touches de couleurs tout du long de notre lecture.

Assisté de son adjoint, Edmund Falk, et du commissaire Jan Pawel Bierut, le procureur va être confronté à des meurtres plutôt élaborés. Les proches des victimes ne sont pas tellement coopératifs, leurs passés opaques, sur fond de violence domestique.
Pour compliquer les choses les petits soucis de famille de notre procureur ne font rien pour arranger les choses.

L'histoire est bien menée, crédible, le style est envoutant et je me suis aperçu à la fin que notre auteur polonais du jour en avait commis d'autres avec le même personnage donc je résignerai bien pour les autres…

En attendant les personnages :

La famille Najman, une famille recomposée dont le mari fait partie des victimes.
« Chère madame, ce n'est pas une conversation de courtoisie. Votre mari est mort. Vous comprenez ? Il est mort. »
Teresa Zemsta, docteur en psychiatrie, sous xanax.
Au sujet du petit Pawel, 5 ans, « …un garçon merveilleux…de eux qui ont le pouvoir de changer le monde. »
La famille Sendrowska et leur fille Wiktoria l'élève modèle qui a été récompensée pour son devoir sur les femmes battues par Teodore Szacki lui-même.
« Je sais que vous connaissez la loi… » Wiktoria à Théodore.
Zenia la compagne du procureur et sa fille de seize ans Helena.
« Papa ? Tout va bien ? J'aimerais vraiment me mettre au chaud… »
Jaroslaw Klesnocki, le profileur.
« Je plaisantais… »
Mais aussi, Marek, Joanna, Aliga, Ewa, Igor…


Avis aux amateurs du genre, à l'Est il y a du nouveau et du très bon… le p'tit Duc a mis huit jours pour le lire, c'est lent mais à ma décharge dès le début j'ai senti que j'avais du lourd entre les mains alors je m'en suis délecté…
Pour finir, une très belle découverte dans le style Polar / Thriller, des allusions à nos écrivains français vous rendront encore plus proche cet auteur et en plus le procureur Teodore Szacki roule en Citroën…

Lien : http://leatouchbook.blogspot..
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Une découverte pour moi, l'auteur de polar polonais Miloszewski. Sa plume n'a pas d'anesthésie, l'imagination va loin concernant les pistes du meurtre mais (pour moi un des détails les plus importants) avec de la vraisemblance. Un peu comme dans la série Doctor House quand on sait que toutes les expériences atroces qu'on peut voir ne sont que des malheurs qui peuvent réellement arriver à quelqu'un (à quelqu'un avec une chance inexistante, bien sûr). Récit conseillé aussi pour ceux qui comme moi, s'ennuient avec les "happy ends". Je continue avec "Les impliqués" du même auteur.
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Ce roman est un vrai bijou. le début, calme, posé, à la limite de la longueur dosé juste avant le début de l'ennui, pose le cadre et ce qu'on pense être l'intrigue principale. On partage avec les personnages, on s'imprègne d'un climat mais aussi d'un décor, d'une mentalité. le rappel à l'intrigue est distillée petit à petit.

Et à mi roman tout s'emballe. On pense d'abord avoir raté un morceau car quelque chose nous échappe et très vite on comprend que l'intrigue "principale" du début n'était qu'un tout petit morceau d'un ensemble parfaitement bien pensé et magnifiquement développé.

Comme un feu d'artifice le roman devient tout à coup impossible à lâcher. Comme je lis toujours plusieurs livres en même temps j'avoue l'avoir abandonné quelques jours mais lorsqu'on passe au second temps ... on lit le reste d'une traite.

La finale est un peu plus classique mais pourra amener chez certains lecteurs des réflexions sur la justice dans tous les sens du terme.

C'est vraiment un roman étonnant ! Merci pour ce bon moment !
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