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3,24

sur 148 notes
Lu en 2020. Une lecture à part... Un roman qui ne se résume pas, mais se ressent, intimement comme universellement, selon sa propre sensibilité.
Un récit qui parle de traumatisme, de quête d'identité, d'impuissance, de culpabilité, de résilience et, bien entendu, de mémoire. Une écriture qui puise toute sa force dans sa sobriété, sa subtilité et sa poésie : des sentences courtes, une incertitude et une tension palpables, entre les lignes, en filigrane. Cela crée avec le lecteur une intimité singulière, assez émouvante.
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Allemagne, 1945. Comment survivre à l'innommable, à ces cauchemars qui hantent les nuits. Un photographe anglais décide de ne pas rentrer chez lui et part pour imprimer sur ses pellicules les visages d'anonymes qu'il rencontre. le lecteur découvre un pays ravagé, cette terre devenue invisible.

Hubert Mingarelli décrit le silence qui entoure cet homme parti en quête. Quête de quoi, pourquoi ces photos, nous ne le saurons jamais. le temps d'une lecture, il nous offre un voyage sur des routes désertées, ou alors à travers champs et bois. Tout est perçu à demi-mot. L'écriture est sobre et épurée, le style minimaliste.

En parallèle de cette lecture, j'ai ouvert un livre de photographies prises par Lee Miller durant la Seconde guerre mondiale. Tout est là, dans ces regards. Un voyage en enfer, au pays des barbares. Mais que deviennent les vainqueurs, et surtout les vaincus ?


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Hubert Mingarelli invite le lecteur à faire un voyage insolite en compagnie de deux hommes, un photographe de guerre, le narrateur et l'instigateur de ce périple, et le chauffeur du véhicule réquisitionné pour la circonstance, un jeune soldat britannique fraîchement incorporé dans l'armée d'occupation de l'Allemagne occidentale quelques semaines après la fin de la 2ème guerre mondiale.
Au fil de chapitres courts et de phrases simples rythmées par une écriture épurée, le lecteur suit le parcours de ces deux hommes, un itinéraire à géographie imprécise, quittant la petite ville de Dinslaken au nord de la Ruhr, suivant pendant quelque temps les rives du Rhin, rencontrant un autre fleuve, on peut imaginer qu'il s'agit de l'Ems, se dirigeant ensuite vers la mer du Nord. Cette route totalement improvisée par son initiateur, n'a qu'un but, celui de photographier les habitants des campagnes traversées et les saisir dans leur quotidien le plus ordinaire. Est- ce pour oublier d'autres clichés pris antérieurement, ou pour tenter de leur donner une possible explication ? La réponse n'est que suggérée. Quant au jeune chauffeur, on sait peu de choses sur lui. Il est originaire d'une bourgade côtière anglaise et il aime dormir au creux des dunes qui longent la mer. C'est à peu près tout, le reste est laissé à l'interprétation du lecteur.
Celui-ci est ainsi le témoin d'une rencontre improbable entre deux hommes inconnus l'un pour l'autre quelques jours auparavant, et au coeur d'un huis-clos saisissant fait davantage de silences et de non-dits que de mots prononcés.
C'est tout l'art de l'auteur que de savoir écrire sur des vides apparents, de les transformer en complicité, de suggérer plutôt que d'expliquer.
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La puissance de ce récit prit seulement sa force bien après le sortir de ma lecture. Singulier voyage dans l'Allemagne vaincue d'un envoyé de presse anglais, hanté par la libération d'un camp de concentration, postposant son retour au pays après avoir ressenti l'enivrante envie de photographier les murmures d'une femme chaussée de bottes de soldats, assise sur une charrette dans l'obscurité.
Qu'en aurait-il compris ne parlant pas l'allemand ?


Livre prêté par mon petit frère, professeur de français dans les hautes écoles, l'ayant lui-même reçu avec quelques autres dans l'attente implicite qu'il incite les élèves à le lire. Idée des plus saugrenues ! Ni pierre de patience, ni pierre d'achoppement, comment l'école enseignerait-elle cette pierre philosophale, cette pierre de silences, cette plaie ouverte à toucher du doigt ?
Comment les soulever ces lourds silences qui parcourent ce livre ? En parler seraient les rompre, les dénaturer.


Verraient-ils que La terre invisible est celle d'un trou rebouché ?


Alors ne resteront fruits du hasard que ces clichés de façades et de visages vaincus, muets à jamais.


Un récit sur lequel il faut dormir pour dans cette chambre noire le plonger dans le bain révélateur au pouvoir cathartique.
Un roman intime qui dépasse les camps.
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Allemagne. Fin de la guerre. Un photographe assiste à la libération d'un camp de concentration. L'horreur indicible à l'état pur. Il part alors sur les routes de l'Allemagne occupée, en compagnie d'un jeune soldat anglais qui n'a pas combattu.
Hubert Mingarelli met en scène le besoin de comprendre ce qui ne peut se comprendre. La guerre. L'horreur. L'innommable. A travers ses deux personnages, errants sur ces routes sans se connaître, à prendre en photo un peuple qui a traversé d'autres souffrances, qui est vaincu, qui a fermé les yeux, qui a préféré fermer les yeux pour survivre ou parce que c'était trop, l'auteur questionne la nature humaine. Avec des mots simples, il tranche dans le vif. Avec un vocabulaire sans fioritures, il déchire, taille, aussi finement que des lames de rasoir. Et pourtant, le beau est toujours là. Dans les paysages. Dans le calme. le silence. Dans les rencontres, même les difficiles.
Ce roman m'a bouleversé, j'ai versé des larmes. Pour l'homme. Pour les victimes. Toutes les victimes différentes que laissent une guerre. Ce roman très court est un petit chef d'oeuvre, surtout parce qu'il n'en a pas la prétention. A mettre entre toutes les mains.
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Je n'ai pas vraiment saisi la profondeur de ce roman, je n'ai pas été sensible à l'écriture. Je n'ai peut-être pas fait l'effort non plus mais, j'ai lu page après page sans avoir beaucoup d'émotion et même peu d'intérêt.
L'idée de montrer combien un photographe de guerre peut-être marqué à un point tel qu'il n'arrive plus à rentrer chez lui après avoir été témoin de la Libération d'un camp de concentration en 45 est intéressante mais je suis restée au bord du chemin et n'ai pas réussi à parcourir avec lui et son jeune chauffeur son périple au coeur des villages Allemands. Certes, l'écriture est poetique mais cela n'a pas été suffisant pour moi. Je pensais que je serais touchée par ce photographe et ce qu'il porte en lui après avoir vu tant d'horreur mais je dois reconnaître que je suis passée à côté de la plume d' Hubert Mingarelli, pourtant si souvent vantée.
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Nous sommes en 1945 en Allemagne, et le monde découvre progressivement l'étendue de l'horreur qu'a été cette guerre.
Un photographe de guerre reste hanté par sa visite d'un camp et des moribonds et cadavres qu'il y a découvert. A la suite de ce traumatisme, Il décide de sillonner l'Allemagne avec pour chauffeur un soldat britannique qui n'a pas été sur les champs de bataille, mais qui est tourmenté par ses propres démons.
Ainsi, cet étrange road trip a vocation à rencontrer la population allemande, à la photographier, pour tenter de comprendre, mais peut être surtout d'exorciser.
L'auteur est à peine dans l'évocation et la suggestion, et comme s'il respectait la pudeur de ses personnages, nous laisse avec des questions. Tout se joue dans les non-dits, les petites réactions, la relation des deux protagonistes qui évolue mais vers quoi, on ne le sait pas vraiment. On reste tout comme eux dans une sorte d'hébétude qui n'a pas vraiment d'issue.
Je suis totalement passée à côté de cette lecture. La sobriété est une belle qualité dans l'écriture si en contre-jour elle met en relief l'émotion, mais rien de tout cela ici, en ce qui me concerne. Ma lecture a été plate et j'ai espéré jusqu'à la fin un dénouement, une révélation qui aurait bouleversé l'ensemble. Mais ce moment n'est pas venu...
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La Terre invisible d'Hubert Mingarelli m'a été conseillé par de nombreuses personnes. Et quand j'ai vu que son histoire se situait dans l'Allemagne d'après-guerre, j'ai pensé qu'effectivement il pouvait me plaire. Pari perdu : je me suis ennuyée avec ce roman dans lequel je n'ai pas su voir la beauté et la poésie promises.
L'action se situe dans l'immédiat après-guerre. Restituons quelques faits historiques capitaux. L'Allemagne est occupée par les armées alliées. le pays a connu de sérieux dégâts suite aux bombardements et aux combats. Mais surtout, le monde entier est sous le choc de la découverte des camps de concentration et d'extermination, qui viennent tout juste d'être libérés. C'est un monde que l'on ne comprend plus, que l'on peine à reconnaître. C'est dans ce contexte que l'on fait la connaissance de notre narrateur, un photographe de guerre dont on ne connaîtra jamais le nom, profondément traumatisé par les événements dont il a été témoin. Jusqu'ici, rien de plus ou de moins que ce que j'attendais de ce roman.
Mais déjà, La Terre invisible a pour moi un petit quelque chose de dérangeant. L'ambiance est trouble, on le comprend bien. Les silences pesants, on peut le concevoir. Mais l'écriture, pourtant à la première personne et qui se veut être la voix du photographe, est immaculée, dénuée de toute émotion, de tout sentiment. Je n'attendais pas de pathos ou de grandes envolées lyriques (ce que j'aurais aussi critiqué), mais un tel détachement m'a semblé incongru et m'a, je pense, vraiment rebutée et empêchée d'entrer en empathie avec le personnage.

Lire la suite sur : https://lesmarquespagedunecroqueusedelivres.wordpress.com/2020/10/08/la-terre-invisible-hubert-mingarelli/
Lien : https://lesmarquespagedunecr..
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Mes amies babeliotes (qui se reconnaîtront ) m'avaient donné envie de découvrir ce livre et cet auteur.

Un roman court mais intense.

Juillet 1945. Deux hommes vont parcourir l'Allemagne vaincue, l un photographe britannique et un soldat qui vient d'arriver et sera son chauffeur. Deux hommes hantés par des visions horribles, celles d'un camp de concentration qu'il a visité pour le narrateur-photographe, et d'autres, liées à son enfance, que le lecteur devine seulement car tues , pour O'Leary.

Je n'ai pas envie d'en dire plus, car c'est un livre qui se vit de l'intérieur, qui remue, intrigue, oppresse aussi, malgré la sérénité des paysages bucoliques rencontrés. On suit le parcours étrange et erratique de ces deux hommes , le long des méandres du Rhin, on se demande comment les habitants vont réagir quand le narrateur les prend en photo, jusqu'à l'obsession.

Un style sobre, des paroles rares échangées, mais une amitié qui grandit, dans ces circonstances particulières.

Vraiment une lecture singulière, un univers à part, j'ai l'intention de pénétrer davantage dans l'oeuvre d'Hubert Mingarelli, malheureusement décédé en janvier.
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Je vient juste de terminer ce livre, conseillé par un membre de la famille de l'auteur, que je ne connaissais pas jusqu'à présent. Lu en quelques heures. L'impression qu'il m'en reste est très étrange. Histoire d'une errance de deux soldats anglais parcourant l'Allemagne juste après la capitulation. Un des soldats prend des photos des familles qu'il croise sur son chemin. L'autre est son chauffeur. Ils remontent ainsi la vallée du Rhin, vers le nord. Ils traversent des paysages de désolation. Parfois, un cadavre apparaît, pour nous rappeler que la mort n'est pas encore très loin. le plus âgé prend parfois de force les familles en photos. La violence est sous-jacente, et affleure à chaque détour de ce périple. Les soldats eux-même semblent perdus dans cet univers morbide, se demandant ce qu'ils font là. Impression d'irréalité. Sorte de successions de toiles expressionnistes. le monde paraît distordu, tant dans la description des paysages que dans celle des rencontres fortuites. Peu de paroles également. Comme si les mots n'étaient plus capables de transmettre des émotions, des sentiments. Ne reste plus qu'une ambiance de méfiance. le fleuve, seul repère de cette errance, est toujours sombre, charriant parfois des cadavres, souvent difficilement franchissable. Effectivement, cette terre semble invisible. C'est un livre qui ne laisse vraiment pas indifférent.
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