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3,24

sur 148 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Une nouvelle fois, Hubert Mingarelli prouve tout son talent pour créer une ambiance dans un roman minimaliste se déroulant dans un contexte qui aurait pu favoriser des envolées, des événements graves et tragiques, des surprises.
Comme dans Un repas en hiver, il m'a emmené sur les pas de héros qui n'en sont pas, me faisant vivre avec eux ce voyage improbable dans une Allemagne vaincue, sur les pas d'un photographe de l'armée britannique, accompagné d'un chauffeur, O'Leary.
Alors que j'attendais à chaque page, un événement extraordinaire, je découvre, au fur et à mesure du récit, l'évolution des rapports entre les deux hommes. Cela va du respect tout militaire du subordonné jusqu'à des liens d'amitié très forts.
Ces deux hommes sont hantés par des souvenirs très douloureux. Seul, le narrateur, le photographe de guerre, livre quelques éléments de ses cauchemars : tous ces morts sous une bâche, bâche qu'ils tentent de soulever de leurs bras et de leurs jambes. Ce sont des images d'un camp de concentration qu'il a vu libérer. Quant à O'Leary, il ne livre pas ce qui le traumatise, ne dit pas pourquoi il se réfugiait dans les dunes de Lowestoft, en Angleterre. Cet homme s'est engagé dans les transmissions mais n'a pas combattu, d'où le mépris de ses camarades.
Enfin, il y a ces photos, ces rencontres avec des gens, au hasard de leur cheminement, en voiture. Ce peuple allemand, complice d'un des plus grands drames connus par l'humanité, tente de vivre après tant d'atrocités. La barrière de la langue ne facilite pas le contact mais le photographe parvient presque à chaque fois à ses fins, fait poser les gens devant leur maison et prend ses photos. C'est souvent tendu mais O'Leary a un fusil et il est en uniforme, ce qui favorise l'accord des gens.
Lire Hubert Mingarelli, c'est plonger dans une ambiance très spéciale mais j'adore me laisser prendre par son style d'une simplicité sobre et belle et je remercie Masse Critique de Babelio et les éditions Buchet/Chastel pour m'avoir fait retrouver cet auteur.
C'est une très bonne idée d'emmener son lecteur dans la campagne allemande d'après mai 1945 et ce roman dit beaucoup de choses sans être démonstratif. C'est un bon roman, plaisant à lire, intriguant, à la fin énigmatique mais moins intense qu'Un repas en hiver malgré le drame qui survient alors que tout semblait baigner dans le calme. Pourrait-il y avoir une suite à La Terre invisible ?

Lien : http://notre-jardin-des-livr..
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A la fin de la seconde guerre mondiale, les hommes des forces alliées parvenus sur place découvrent avec stupeur l'horreur des camps de concentration. Parmi eux, en Allemagne, un photographe de l'armée anglaise réagit au choc en sillonnant les environs pour accumuler des clichés de la population voisine. Un jeune soldat l'accompagne et lui sert de chauffeur.


Comment mieux évoquer l'indicible qu'en évitant les mots ? Hubert Mingarelli construit son récit sans jamais sortir du non-dit, ne nous renvoyant l'atroce réalité que sous la forme d'un reflet dans le regard des protagonistes témoins. Ne nous est donné à voir ici que l'effet, ou l'absence d'effet, sur ceux qui ont vu. Car, autant que ce qu'il vient de découvrir, n'est-ce pas la passivité indifférente de ces gens des alentours qui choque le narrateur photographe ? Cherche-t-il à retrouver sur leurs visages l'état de sidération qui le tient, une trace de remord ou de culpabilité, une marque du mal qui expliquerait l'inexplicable ? Comment admettre que l'espèce humaine ait pu engendrer tant de barbarie ?


Peut-être s'ingénie-t-il aussi à aligner les portraits-robots d'une criminalité collective, car face à l'infamie, le réflexe n'est-il pas de s'emparer des coupables, ne serait-ce que pour soulager son impuissance, sa colère et sa peur ? Ce qu'il entend révéler ou mettre à distance dans ses portraits, n'est-ce pas ce qu'il craint qui pourrait lui faire perdre son sang-froid, et, comme d'autres, l'amener à des actes de justice expéditive qu'un rien suffirait à déclencher ?


Au final, ce jeu de miroir, qui m'a fait penser à la manière d'approcher les Gorgones de la mythologie grecque, confère retenue et sobriété à ce court roman qui, malgré son thème difficile, se lit étonnamment sereinement.

Lien : https://leslecturesdecanneti..
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Nous sommes en juillet 1945, à Dinslaken, au bord du Rhin, sous une intense chaleur. Un photographe anglais a « visité » un camp de concentration qui vient d'être libéré, en compagnie du colonel Collins, un gradé et de son chauffeur McFee qui se trouve incapable de dire ce qu'il a vu et n'a qu'une envie retourner chez lui le plus vite possible. Peut-on dire quand ce que l'on a vu est innommable ?

Notre photographe n'a pas envie de partir, il ne sait pas pourquoi, il a envie de photographier les gens du coin, simplement. Collins lui confie une voiture et O'Leary, un jeune homme qui vient juste d'arriver sur les lieux. Tout juste formé, il est arrivé trop tard sur le front et il pourra dire qu'il n'a jamais tué personne, donc les autres se moquent un peu de lui.

Ils vont partir au hasard sur la route avec quelques jerricans d'essence et des rations alimentaire.

Comment parler d'un roman où en apparence il ne se passe rien ? le héros a une quête mais ne sait pas laquelle, tout ce qu'il sent, profondément en lui, c'est qu'il doit photographier les gens, dans leur vie de tous les jours. Il arrive à les approcher, même s'il est mal accueilli ; parfois, seul le fusil et la tenue militaire de son compagnon de voyage lui permettent d'établir un contact.

En fait les deux héros sont en quête de quelque chose et ont leurs propres cauchemars : les corps des morts qui s'agitent encore sous les bâches qui les recouvrent pour le photographe, et ceux liés à la vie de tous les jours du jeune militaire, qui chez lui allait dormir sur la plage, creusant un abri dans le sable. Ils fuient probablement quelque chose, l'un comme l'autre.

A-t-il voulu comprendre ce qui se cachait derrière ces personnes qui vivaient à proximité des camps et ne rien faire ? ou simplement voir si la vie continuait son cours à la fin de la guerre, comme auparavant ? qu'est-ce qui est invisible ? la conscience des personnes ? ou bien les camps ?

On ne saura jamais ce que le photographe recherche en tirant les portraits des gens, fermier, un couple qui se marie, entre autres. Hubert Mingarelli laisse le lecteur imaginer, en fait, à lui de se poser les questions. C'est très surprenant !

Je me suis demandée tout au long du roman, où l'auteur voulait m'emmener, sans vouloir me donner de réponse et étrangement c'est ce qui a fait la magie du livre. J'en suis sortie avec un tas de questions, un cerveau en ébullition à force de formuler des hypothèses…

L'écriture est belle, et ce livre m'a vraiment plu… Il m'a donné envie d'explorer l'univers de cet auteur que je ne connaissais pas du tout, alors qu'il a une quinzaine de livres à son actif, dont l'un a obtenu le prix Médicis.

Un grand merci à NetGalley et aux éditions Buchet-Chastel qui ont bien voulu m'accorder leur confiance.

#LaTerreInvisible #NetGalleyFrance
Lien : https://leslivresdeve.wordpr..
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Mes amies babeliotes (qui se reconnaîtront ) m'avaient donné envie de découvrir ce livre et cet auteur.

Un roman court mais intense.

Juillet 1945. Deux hommes vont parcourir l'Allemagne vaincue, l un photographe britannique et un soldat qui vient d'arriver et sera son chauffeur. Deux hommes hantés par des visions horribles, celles d'un camp de concentration qu'il a visité pour le narrateur-photographe, et d'autres, liées à son enfance, que le lecteur devine seulement car tues , pour O'Leary.

Je n'ai pas envie d'en dire plus, car c'est un livre qui se vit de l'intérieur, qui remue, intrigue, oppresse aussi, malgré la sérénité des paysages bucoliques rencontrés. On suit le parcours étrange et erratique de ces deux hommes , le long des méandres du Rhin, on se demande comment les habitants vont réagir quand le narrateur les prend en photo, jusqu'à l'obsession.

Un style sobre, des paroles rares échangées, mais une amitié qui grandit, dans ces circonstances particulières.

Vraiment une lecture singulière, un univers à part, j'ai l'intention de pénétrer davantage dans l'oeuvre d'Hubert Mingarelli, malheureusement décédé en janvier.
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Quelques semaines après la guerre, un photographe parcourt l'allemagne, fait sortir les gens des maisons. Il est piloté par un soldat anglais arrivé après la guerre et chaque fois que celui-ci lui demande pourquoi il ne répond pas ou dit 'je ne sais pas'.
La nuit lui revient des cauchemars on suppose d'une visite au camp de la mort...

Beaucoup de non-dits dans ce road trip qui pourrait parraître ennuyeux et pourtant il se crée une ambiance.

Ce voyage sent tellement le vécu que c'est presqu'inconcevable qu'il ait été écrit par un écrivain contemporain!
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Un bien étrange livre!
J'avais apprécié«  Un repas en hiver » , implacable , intense, ici ce n'est pas la même impression même si j'ai bien aimé ..
Nous sommes en juillet 1945 , un été brûlant, «  le soleil était blanc et les nuits n'apportaient aucune fraîcheur », au coeur de la campagne allemande occupée .

Le narrateur, photographe anglais, muni de son appareil ne se décide pas à rejoindre son pays.
Il part au hasard des routes afin de photographier les gens de ce pays dévasté dans l'espoir de comprendre qui ils étaient pour avoir pu laisser faire ce qu'il a vu : portrait de fermiers, d'un couple qui se marie ....



Un jeune soldat O'Leary , l'escortera et conduira la voiture réquisitionnée à travers l'Allemagne ....
Obsédé littéralement par les images d'un camp de concentration qui vient d'être libéré il rêve presque chaque nuit d'une bâche qui se soulève comme animée par les malheureux corps suppliciés qu'elle recouvre:«  Cette nuit encore les morts poussèrent avec leurs jambes grises, j'essayais de retenir la bâche »....

Mystère ? Ombres grandissantes? Non - dits ? Qui sont ces hommes?
Quels secrets les entourent ? Nous ne l'apprendrons pas...

Le long du Rhin, au coeur d'un champ, d'une grange , d'une rue aux façades blanchies, dans un chemin bordé d'arbres, tout près d'un étang , assis sur une souche, dans une chapelle au plafond voûté, Jamais loin du fleuve, lors d’un gigantesque orage , le SILENCE est palpable rompu par les échanges de nourriture , un murmure comme bienfaisant ...

Deux solitaires mystérieux dans une errance douloureuse, comme privés de mots face au spectacle de l'enfer tourmentés par les bruits, une soif intense, qui tourmente le narrateur mais le sauve des rêves qui le hantent : les morts et leurs jambes grises.

L'écriture est simple , sobre, en phrases courtes , colorées, ou très longues .
Une sorte de léthargie , une ambiance lourde animent ce voyage qui laisse au lecteur le soin d' imaginer une suite au périple ....
Lu d’une traite.
Le mystère demeure...

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Juillet 1945, fin de la seconde guerre mondiale. En Allemagne, le narrateur, un photographe de guerre décide de partir sur les routes du pays prendre en photo le peuple allemand. C'est le jeune soldat O'Leary qui lui sert de chauffeur. Un road trip calme coupé par des images flash des horreurs de la guerre...

Après avoir lu Un repas en hiver récemment, j'ai pris plaisir à redécouvrir la plume d'Hubert Mingarelli. L'écriture est simple, descriptive, on retrouve les images des paysages traversés par les deux compères, les portraits des gens rencontrés. Il y a la barrière de la langue, les demandes passent par les gestes. le narrateur cherche à chasser ces souvenirs qui le hantent par la photo par la présence de vivants. Il n'est pas loquace sur ces sentiments et ne décrit que ses rapports avec O'Leary. J'ai eu du mal à me faire une idée sur le photographe, est-il choqué par les dégâts de la guerre et/ou un peu revêche ? Si on le compare au chauffeur qui vient d'arriver, c'est le jour et la nuit.

L'auteur peint un tableau de cette époque, ce monde dévasté par la guerre. Il laisse le lecteur s'imprégner de l'atmosphère étrange qui règne et de se faire son avis avec cette histoire sur cette guerre, ces gens qui s'aiment ou se déchirent.

Je remercie Masse Critique et les éditions Buchet-Chastel pour cette belle lecture.
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Allemagne 1945 , la guerre vient à peine de se terminer , les alliés découvrent avec stupéfaction avant le monde entier les horreurs perpétrées par les nazis , on libère les camps de concentration et les vainqueurs des premières années de la guerre sont devenus les vaincus .
On peut voir ici et là les corps des derniers morts des soldats allemands , on voit passer des cohortes de prisonniers qui marchent dans une autodiscipline presque glaçante .
Les alliés sont partagés entre colère et dégoût envers ces hommes , comment de telles atrocités ont pu être commises ?
Dans ce contexte , un photographe n'arrive pas à rentrer de suite chez lui , il éprouve le besoin de prendre la route et va au petit bonheur la chance essayer de prendre des civils en photo devant leur porte , il est accompagné d'un tout jeune soldat noir .
Il verra des sourires timides , la vie qui reprend , la nature qui revit , nous sommes au printemps.
Tout est suggéré et c'est ce côté qui fait la force de ce roman , aucune description dérangeante , aucun jugement , juste quelques photographies , quelques instants volés à ceux désormais dans le camp des vaincus .
Un très beau libre à l'écriture délicate .
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Focus sur l'après seconde guerre mondiale.
Instantanés saisis juste après ce moment charnière où le IIIème Reich capitule et où les camps sont découverts par les soldats libérateurs.
Dans l'objectif, des silhouettes de civils allemands devant leur maison, « des gens de ce foutu pays ». Des complices ?
Objectif de ces prises de vues : inconnu, à déceler entre les lignes, à imaginer.
C'est une errance au fin fond de la campagne allemande à laquelle le lecteur est convié, un chemin tracé au hasard, non défini, que l'auteur nous invite à suivre. Quand les mots égarent le lecteur, le font vaciller, tout comme le narrateur vacille après avoir vu ce qu'il a vu là-bas, dans les camps, quand les secrets demeurent secrets, quand le récit ne semble mener nulle part, quand les silences déconcertent, que le temps est suspendu, c'est le vertige qui s'invite et rend ce récit troublant, intrigant.
La terre invisible conte subtilement le chaos, et met irrémédiablement K.O.

Merci aux éditions Buchet Chastel, à Babelio et à l'auteur Hubert Mingarelli pour cette découverte.

À découvrir également, pour ma part, Quatre soldats (Le Seuil, 2003-Prix Médicis) et L'homme qui avait soif (Stock, 2014 - Prix Landerneau, prix Louis-Guilloux).
Lien : https://seriallectrice.blogs..
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Au sortir de la seconde guerre mondiale, un photographe de guerre sillonne les lieux de ce tragique événement et photographie les personnes rencontrées...
Un roman étrange qui s'achève sur une scène choc qui amène une multitude d'interrogations sur la nature humaine et l'atrocité des actes perpétrés par l'Homme depuis toujours...
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