Acheté lors du grand désherbage de la médiathèque de Villeurbanne il y a quelques années, UNE RIVIÈRE
VERTE ET SILENCIEUSE était tout d'abord destiné à ma grand-mère, l'ayant principalement choisi pour ses gros
caractères et son registre.
Il me semble (pas de ouh! si je me trompe, merci) qu'il s'agisse de ce que l'on appelle un romain du terroir ou
roman régional, loin de mes habitudes de lectures.
Après lecture par mon aïeul je m'apprêtais à en faire don à une maison de retraite, un hôpital ou à le libérer
dans la nature quand je me suis enfin accorder à lui accorder un peu de mon temps. Il est tellement triste
qu'un livre soit vendu par une bibliothèque municipale. C'est toujours mieux que de rester dans la réserve, oui,
mais le désintéressement des lecteurs pour un livre me peine toujours un peu.
Ni une ni deux, me voilà embarquée avec Primo, fils d'ouvrier a priori orphelin de mère, l'enfant grandit dans
une grande précarité.
Primo s'évade en rêvant à cette rivière verte et silencieuse qui a accompagné ses premières années.
Quotidiennement il arpente les champs dans un chemin qu'il a lui même tracé au fil des jours, imaginant ce
qu'il pourrait s'offrir une fois que les boutures des rosiers de son paternels auraient prises.
Je vous laisse le soin d'imaginer le drame qui se joue le jour où Primo apprend que seules poussent des
mauvaises herbes dans les petits godets. Il chercher alors à repousser la fatale annonce qu'il devra faire à son
père qui dilapide pourtant déjà l'argent de la vente des rosiers qu'il n'a pas tandis que l'électricité est toujours
coupée dans le foyer faute de paiement.
« Les gens prétendaient que mon père était un raté. Ils omettaient de dire qu'il avait attrapé des truites bleues à la
main.
Je fermai les yeux.
Une rivière verte et des truites bleues. »
Étonnant, simple et émouvant, UNE RIVIÈRE VERTE ET SILENCIEUSE mérite d'être lu ne serait ce que pour la
quiétude qu'il y règne.
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Une rivière verte et silencieuse est un roman très court de Hubert Mingarelli que j'ai découvert presque par hasard. Je dis "presque"car je ne crois pas tout à fait au hasard en matière de rencontre avec les livres. Ici je me souviens d'une très vieille dame dans une librairie. Nous ne nous connaissions pas et nous étions devant le même étalage de livres de poche. Je venais de saisir ce roman, je l'avais dans les mains, le retournais intrigué par la couverture, la concision du texte... Elle me dit alors, avec des yeux emplis de bonheur et de malices, que c'était un livre merveilleux. L'auteur aussi... Je lui avouai que je ne le connaissais pas. Elle m'entraîna alors vers un autre livre du même auteur, à peine plus épais, La dernière neige, qu'elle avait également aimé. Me voyant hésiter dans mon choix, elle me conseilla de prendre les deux, me dit que je ne regretterais pas... J'ignore encore par quel miracle elle savait déjà par avance que j'aimerais ces deux livres, alors que nous ne nous connaissions pas...
J'ai longtemps attendu avant de le lire. Quelquefois ce sont les livres épais qui font peur, ici c'était presque l'inverse...
Ainsi, d'une vieille dame lectrice rencontrée dans une librairie, je suis passé à l'enfance, celle de Primo, le narrateur.
C'est une histoire tout en pudeur entre un père et son fils, on y entre sans faire de bruit, comme des pas dans la neige silencieuse.
La mère n'est pas présente, c'est au lecteur d'imaginer où elle est, ce qu'elle est devenue... Dans le dénuement des phrases, il y a autant de place aux mots qu'aux silences. Et les silences ne sont rien d'autres que des courbes où le vide appelle l'imaginaire pour venir s'y lover.
C'est comme le lieu, on ne sait rien du lieu. C'est comme le temps, on ne sait rien du moment où cela se passe. Était-ce il y a très longtemps ? Avant une guerre, après une guerre ? Aujourd'hui sans la guerre ici... Mais peut-être n'est-ce pas ici... Peut-être est-ce au contraire ici et ils ont connu auparavant une guerre pour nous lointaine... Qu'importe. On peut tout imaginer dans ce récit intemporel. C'est là aussi l'une des forces de ce récit émouvant qui m'a pris aux tripes.
C'est une relation forte et bouleversante entre un père et un fils, dans une maison sans électricité, sans le confort. On imagine la précarité, comme si le dépouillement d'un lieu écrit avec peu de mots avait autant de force qu'une peinture sociale décrite avec moultes détails.
Le père est au chômage. Plus loin il y a l'usine où il travaillait naguère.
Mais il faut survivre, rêver, imaginer... Le père et le fils pensent déjà aux lendemains qui chantent. Comment survivre, sortir de cette précarité, dessiner l'horizon...?
Une complicité se construit peu à peu.
Il y a ce rêve fou de cultiver des rosiers, puis de les vendre. Tiens, on pourrait les vendre aux ouvriers de l'usine ?!...
En attendant, les pas de l'enfant sont des chemins qui l'amènent derrière la maison. C'est là que le rêve de Primo se dessine, sous les hautes herbes sauvages qui ressemblent à un tunnel. Il aime à s'y engouffrer et nous aussi avec lui...
Là-bas plus loin en écartant les herbes folles, j'aperçois à mon tour cette rivière verte et silencieuse... J'entends alors venir un rire joyeux comme la cascade d'un ruisseau en plein soleil. Je ne saurais dire si c'est le rire d'un enfant, celui d'un homme qui entrevoit l'espoir ou bien celui d'une vieille dame malicieuse se promenant dans les allées d'une librairie...
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Si d aventure vous avez envie (besoin) de calme, de beauté, de poésie, de simplicité, si pour vous aussi le rêve et la légèreté sont des remèdes ou des contres balances au monde actuel, partez, envolez vous et laissez vous aller dans l univers particulier de cet auteur. dépaysement garanti.
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Le narrateur est un enfant. un enfant rêveur. A travers son récit passe son inféfectible adhésion, amour solidarité pour son père.L'écriture est belle et simple. Des émotions multiples, par petites touches. Et tout un univers.
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Comme toujours dans les romans de Mingarelli, ce n'est pas tant l'intrigue qui importe que l'atmosphère intimiste et poétique qui s'en dégage.
L'histoire est minimaliste. Un père et son fils, restés seuls, affrontent la pauvreté et la solitude en rêvant sur des graines semées dans des pots et qui doivent devenir des rosiers, être vendus et rapporter un peu d'argent. Ces plants de rosiers sont le point de départ de tout l'imaginaire du garçon qui pense à ce qu'il pourra acheter avec cet argent, pas des babioles, non, plutôt un bout de tunnel dans un champ de céréales ou un morceau de rivière "verte et silencieuse".
le style épuré de Mingarelli permet de mettre en valeur les rêveries du garçon ainsi que les sentiments profonds mais cachés avec pudeur du père et du fils l'un pour l'autre.
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J'avoue que je reste sceptique devant cette histoire,si l'on peut parler d'histoire. Une relation père-fils réduite à sa plus simple expression. Des dialogues extrêmement pauvres. On entendrait presque les mouches volées. En bref, je me suis ennuyé. Peut être y avait-il un sens caché à tout cela...seul l'auteur pourrait répondre. Personnellement je le cherche encore.
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