AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,69

sur 191 notes
Une avocate attend un verdict. Cette avocate, c'est la pénaliste Me Germaine Brière. Nous sommes le 29 septembre 1933. La Cour d'assises du Mans doit rendre sa décision dans l'affaire des soeurs Papin, les domestiques qui ont défrayé la chronique en assassinant avec une violence inouïe et sans mobile leur patronne et sa fille. Elles encourent une condamnation à mort.

Ce fait divers sordide a nourri l'imaginaire, de la pièce de Jean Genet aux films de Chabrol ( La Cérémonie ) et de Jean-Pierre Denis ( Les Blessures assassines ). Mais ici, Julia Minkowski déplace la focale sur l'avocate plutôt que sur les soeurs Papin. C'est elle que l'on accompagne dans ce moment particulier de l'attente du verdict qui décidera de la vie de sa cliente, Christine Papin, l'aînée. Un espace de narration empli de tension, un moment de cristallisation où les pensées s'échappent et l'introspection se déploie.

Julia Minkowski prend le risque de décevoir un lecteur plus intéressé par les criminelles que par leur avocate. Mais cela en vaut la peine. On sent toute la passion de Julia Minkowski, elle-même avocate pénaliste, à raconter le parcours de cette pionnière oubliée. Une femme qui impressionne par sa détermination. Elle a du s'imposer dans un monde professionnel très viriliste, jusqu'à faire un procès à l'Ordre des avocats du barreau du Mans pour pouvoir exercer ... alors que la loi autorisait les femmes à plaider depuis 1900 ... elle a du fournir un certificat de virginité pour garantir ses bonnes moeurs !

Julia Minkowski lui imagine une sensibilité, un ressenti qui touche profondément le lecteur et la transforme en personnage éminemment romanesque. On la voit s'interroger sur sa vie sentimentale, tiraillée entre son désir féministe d'émancipation loin des injonctions faites aux femmes de se marier et de procréer, et la tentation du confort apporté justement par cette convention sociale-là.

Sous les mots de sa consoeur, Me Germaine Brière s'incarne et transmet son élan vital ainsi que ses vibrations au lecteur. C'est passionnant de la découvrir sans l'exercice de son métier lorsqu'elle raconte l'élaboration de sa plaidoirie pour défendre Christine Papin en choisissant une ligne de défense très moderne : plutôt que de plaider le crime de classe, elle opte pour l'irresponsabilité pénale, l'abolition du discernement de sa cliente, réclamant inlassablement une nouvelle expertise psychiatrique.

C'est à travers son regard, ses craintes, ses convictions, ses hésitations que le crime commis par les soeurs Papin prend un autre relief, une autre dimension qui questionne le lecteur dans son rapport à la justice contemporaine.

Un premier roman très convaincant.

Lu dans le cadre de la sélection 2023 des 68 Premières fois

Commenter  J’apprécie          11513
Un livre basé sur un fait réel , la condamnation de Christine Papin  et Léa Papin , surnommées les soeurs Papin .Elles ont assassiné , avec une violence immonde , d' une atrocité impensable, leurs employeurs la mère Leonie et sa fille, Suite à une dispute, l'engrenage commence , une folie s'engouffre au plus profond des âmes des deux soeurs . Elles les ont enuclé, tailladé de coups de couteaux , de coups de marteaux, aucune chance pour qu'elles survivent. Elles avouent leurs crimes, elles sont enfermées pour homicide volontaire, dans l'attente du procès, Une histoire qui se déroule au Mans le 29 septembre 1933. Elle seront défendues par l'avocat Maître Germaine Briere, Une femme émancipée, qui a su braver tous les obstacles , pour devenir avocate , qui était dans un premier lieu réservé aux hommes, Nous sommes dans l'attente du verdict crucial qui dur un plus de 40 minutes, une éternité pour Germaine, Cette derniere , se pose, et se remémore des fragments de sa vie, la joie, l'amour, la tristesse, les déceptions, Sa relation, avec un homme marié, elle restera au grade de maîtresse; malgré leur amour intense, passionnel. Germaine est une battante elle veut atteindre ses objectifs, malgré la fatigue qui la gagne, elle est totalement épuisée ,Son travail est sa source de vie. le verdict tombe pour les soeurs Papin, mais également pour Germaine qui apprend qu'elle est gravement malade, qu'elle est condamnée. Un récit qui a suscité de nombreuses recherches , une histoire retranscrire avec véracité. La plume de l'auteur est percutante, sensible. La lecture est captivante et enrichissante, Une grande émotion s'est emparée de moi, en découvrant cette histoire.
Commenter  J’apprécie          996
Ce roman relate une sombre affaire de meurtre : l'affaire des soeurs Papin, inculpées du double meurtre de Geneviève et Léonie Lancelin pour lesquelles elles travaillent comme domestiques.

Ce n'est toutefois pas un roman destiné à informer le lecteur des faits et gestes des deux soeurs : c'est bien plus que cela. Si effectivement le récit est entrecoupé d'informations concernant les deux meurtrières, il s'ouvre sur une attente : l'attente de Germaine Brière, avocate qui défend les soeurs, qui a terminé sa plaidoirie et qui ne connaît pas encore l'issue du procès dont la sentence est entre les mains des jurés qui délibèrent.

Une attente difficile pour l'héroïne que Julia Minkowski fait revivre sous sa plume pour nous faire découvrir une femme qui mérite de ne pas tomber dans l'oubli, une femme courageuse qui a travaillé d'arrache-pied pour devenir avocate en ce premier tiers de XXème siècle. le récit nous emmènera dans sa famille, nous présentera ses jeunes années, ses études, ses relations, ses déboires, ses combats pour accéder à un poste destinée aux hommes.

On y apprend quelques astuces pour mener à bien une plaidoirie, on s'immerge dans le domaine de la justice, on se met dans la peau de l'héroïne et on réalisme la difficulté de ce métier qui consiste à défendre des personnes bien qu'on soit conscient de leur culpabilité.

Pour les lecteurs qui s'intéressent à la question des deux soeurs présentes sur le banc des accusés, elles ne sont pas laissées de côté car Germaine, livrant son ressenti, communique les idées qui ont orienté son discours. Un épilogue vient s'ajouter pour clore le roman et informer de la suite des événements après les délibérations.

J'ai été heureuse de faire connaissance de cette femme à la forte personnalité, à l'esprit ouvert, se moquant des commérages, menant son bateau contre vents et marées.
Commenter  J’apprécie          560
A partir de l'évocation d'un procès célèbre, celui qui des soeurs Papin, qui avaient dans les années 30 tué leurs patronnes, avec un raffinement de cruauté, Julia Minkowski retrace le parcours courageux d'une jeune femme qui a voulu tenir les rênes de sa propre vie, et n'a pas renoncé face aux obstacles pour mener sa carrière d'avocate.

On vit le déroulement du procès, les insuffisances de l'enquête, les biais des plaidoiries, et la subjectivité des décisions. Germaine, ou plutôt Maître Brière, souhaitait plaider la folie, qui paraît si probable quand on constate avec quel acharnement macabre la soeur aînée a mutilé sa victime, la cadette ayant vraisemblablement juste suivi les injonctions de sa soeur. Les expertises psychiatriques ne vont pas dans ce sens, et le verdict tombe : peine de mort pour l'aînée et dix ans de travaux forcés pour la plus jeune.

Si Germaine se fait remarquer par sa compétence et son éloquence, elle semble avoir plus de difficultés avec sa vie sentimentale, qu'elle subit plus qu'elle ne la choisit au gré des passions qui l'animent.

Un très beau portrait d'une jeune femme libre et déterminée, au début du vingtième siècle, et un excellent choix que celui de nous faire revivre les péripéties de cette affaire tristement fascinante. On assiste avec la même fébrilité que ressent l'avocate pendant le déroulement déroulement du procès.

Avec ce premier roman, Julia Minkowski nous montre son talent de narratrice, et sa capacité à nous emporter dans les méandres d'un fait divers suffisamment dramatique pour que cent ans plus tard, la mémoire collective s'en souvienne.

224 pages J.C. Lattès 24 août 2022
Commenter  J’apprécie          520
29 septembre 1933, Cour d'assises du Mans. Peu après minuit et les dernières plaidoiries, les jurés se sont retirés pour délibérer. Ils doivent répondre à cette question principale, capitale même, puisque à l'époque la guillotine se charge encore d'exécuter le verdict : les deux soeurs Papin, employées comme bonnes dans une famille bourgeoise de la ville, sont-elles coupables d'avoir tué leurs patronnes, la mère et la fille ? Les faits sont clairs, les aveux obtenus, mais il y a néanmoins matière à s'interroger : meurtres conscients ou coup de folie ? L'ascendant de l'aînée était-il si puissant que sa cadette ait pu agir sous emprise ? Me Germaine Brière, avocate de l'aînée des soeurs, s'est posé toutes ces questions et a décidé de plaider la folie pour tenter de sauver la tête de sa cliente.

Pendant le délibéré, l'avocate attend anxieusement, doutant a posteriori de sa stratégie, par moments certaine d'avoir convaincu les jurés, à d'autres persuadée d'avoir échoué. La vie de sa cliente est en jeu, mais sa propre réputation aussi : le triomphe et les honneurs, ou la honte et l'échec impardonnable pour une femme dans ce milieu encore presque exclusivement masculin. Pourtant, à 36 ans, Me Brière est brillante, et même respectée, mais cette fois l'incertitude est totale. Son esprit inquiet s'évade, et elle se remémore son parcours, de ses études à Paris à sa carrière vouée à défendre les gens de peu dans un milieu de notables, en passant par son inscription, obtenue de haute lutte, au barreau du Mans. Un parcours semé d'embûches, dans une profession où « être femme était déjà en soi une transgression ». Des combats et des épreuves, des victoires et des satisfactions, des amitiés et des amours, c'est la vie privée et professionnelle de cette jeune femme en avance sur son temps que l'auteure nous raconte en même temps que le procès des soeurs Papin.

Le récit est fluide, le style agréable, précis sans être trop technique. Il restera le mystère entourant le mobile des meurtres, et la question de savoir quel aurait été le verdict si une expertise psychiatrique digne de ce nom avait été menée. Même si je ne l'ai pas trouvé totalement attachante, il s'agit surtout de (re)mettre en lumière une femme de convictions, pionnière dans la féminisation de la Justice.

En partenariat avec les Editions J.-C. Lattès via Netgalley.
#Pardelàlattente #NetGalleyFrance
Lien : https://voyagesaufildespages..
Commenter  J’apprécie          510
Je m'interroge. Comment ce livre a-t-il été couronné d'autant de prix ?
En premier lieu, je n'ai pas cru acheter un écrit traitant de l'affaire Lancelin/Papin mais bien un morceau de l'histoire de Me Geneviève Brière dans l'attente du verdict de l'affaire précédemment citée. Donc, il n'y a pas maldonne.
On ne sait pas grand chose de Geneviève Brière. Si elle n'avait pas assuré la défense de Henri-Louis Nicolas et de Christine Papin, on n'en aurait sans doute jamais entendu parlé. On peut ajouter que les femmes avocates sont malheureusement encore rares à cette époque.
Ce n'est juste pas l'histoire de Geneviève Brière mais celle de l'autrice. Pour se qui est de s'identifier à son personnage, c'est très réussi ! Il aurait alors fallu employer le "je" et sans doute écrire au présent.
Le style est épouvantable avec souvent des phrases à rallonge. On finit par ne plus savoir quel en était le sujet. On passe du coq à l'âne. J'espère pour ses clients que ses plaidoiries ne sont pas de ce style.
Le plan est clair. Une avocate attend le verdict. La peine capitale est encourue et convoque ses souvenirs pour tromper l'attente. L'angoisse devrait être permanente. Et bien non. C'est le petit écho des potins mondains, des affaires de coeur et de sexe de madame. du collection harlequin, sans l'évasion.
Une tentative de faire de Geneviève Brière et de sa mère des figures de proue du féminisme de ce temps s'aplatit comme un soufflé qui refroidit.
Avis aux amateurs. Pour ma part, je déconseille ce mauvais roman.
Commenter  J’apprécie          4013
L'histoire des soeurs Papin a fait beaucoup parler, couler beaucoup d'encre et aspiré cinéastes. Ce roman n'est pas pour autant une redite. le regard est plus tourné ici vers maître Germaine Brière, chargée de défendre les soeur Papin.
C'est en attendant le verdict, après avoir terminé sa plaidoirie que Maître Brière se remémore son propre chemin pour en arriver à ce qu'elle est aujourd'hui.
Ce point de vue est non seulement original mais aussi instructif, intéressant. La place de la femme dans un monde d'homme à cette époque est tout à fait exceptionnelle. Les femmes doivent prouver qu'elles ont leur place pour défendre un condamné, une étude sur leurs moeurs est diligentée et on demandera à Germaine Brière un certificat de virginité !
Le point de vue de maître Brière est passionnant, on en apprend beaucoup sur l'époque mais aussi sur l'attente d'un verdict , et le choix de l'angle d'attaque pour défendre l'accusé. Ici ce sera la folie. C'est un livre qui parle autant de l'affaire Papin que de la vie de Germaine Brière femme libre, forte, pionnière qui force l'admiration.
Commenter  J’apprécie          391
L'avocate de l'affaire Papin

Dans son premier roman, l'avocate Julia Minkowski a choisi de revenir sur le procès des soeurs Papin au Mans en 1933. Un fait divers emblématique qu'elle aborde à travers le regard de Germaine Brière qui défendait Christine Papin.

Certains faits divers sont passés à la postérité comme ceux de Landru, de Violette Nozière, du Docteur Petiot ou encore l'affaire Dominici. Il en va de même pour les soeurs Papin, deux employées de maison accusées d'un double meurtre sur leurs patronnes, Mme Lancelin et sa fille, au Mans en février 1933. L'affaire a du reste déjà été traitée par les écrivains, les cinéastes et les dramaturges sous différents angles, de Jean Genet avec Les Bonnes à Claude Chabrol avec La Cérémonie. L'originalité du roman de Julia Minkowski tient dans l'angle choisi, celui de l'avocate de l'une des prévenues, Christine Papin.
C'est au moment où les jurés se retirent pour délibérer, après sa plaidoirie, que s'ouvre le roman. Germaine Brière regarde ses deux clientes retourner en cellule en se disant qu'elle a raté son coup. La ligne qu'elle avait choisie était pourtant convaincante, Christine était aliénée et devait par conséquent bénéficier de
l'article 64 qui stipule qu'il «n'y a ni crime ni délit lorsque le prévenu était en état de démence au temps de l'action». Quant à Léa, elle devait être mise hors de cause étant arrivée sur les lieux après le double meurtre. «Une folle et une innocente. Un double acquittement.»
Sauf que ce procès, qui retient l'attention des médias, dépasse déjà ce seul cadre juridique. Les magistrats n'ont pas pu oublier la dimension politique et sociale dont la presse s'est emparée. Les bourgeois contre les domestiques, mais aussi les magistrats-patriarches contre les femmes.
Alors que se joue le sort de Christine et Léa, Germaine se remémore ses années durant lesquelles elle a suivi ses études et ses difficultés à se faire accepter dans ce milieu masculin. Il lui aura fallu un certificat de virginité et un procès pour parvenir à être inscrite au barreau.
«À compter de ce jour, on avait vu Me Germaine Brière sillonner fièrement la Sarthe au volant de sa Citroën. de tribunal en tribunal, elle plaidait les petites affaires civiles et commerciales, correctionnelles et criminelles, de cette clientèle insolite. Familière des bureaux des greffes et des parloirs de la prison, elle était devenue incontournable. Dans leurs dépêches, les échotiers locaux soulignaient toujours le talent dont elle faisait montre dans ses plaidoiries.»
Un talent qui n'aura toutefois pas suffi à éviter une première condamnation à mort, ni à arracher la grâce du Président de la République. Une expérience forte qui convaincra Germaine de l'inanité de la peine de mort. La chronique d'autres affaires qu'elle traitera par la suite, ses déboires sentimentaux et ses problèmes de santé éclairent l'état d'esprit de l'avocate au moment du verdict.
Julia Minkowski, en habituée des prétoires, a bien compris que «la machine bourgeoise était en marche pour venger un de ses membres» dans ce procès et que «les notables étaient mobilisés, solidaires dans l'adversité.»
La romancière plaide pour la féminisation des tribunaux. On serait tenté d'ajouter que le bon sens l'exige, mais que le combat est loin d'être gagné.

Lien : https://collectiondelivres.w..
Commenter  J’apprécie          341
• Lu dans le cadre du
PRIX DES LECTEURS 2024
CATÉGORIE LITTÉRATURE
pour le Livre de Poche
Sélection #3 - Février

Ce roman parle de l'histoire vraie des soeurs Papin, mais pas seulement.

Christine et Léa Papin sont accusées du double meurtre de leur patronne, Rinjard Léonie, épouse Lancelin, et sa fille, Geneviève, âgée d'à peine trente ans le 2 février 1933 au Mans.

"Deux meurtrières + deux mortes = quatre femmes au bout de l'équation. Pour les juger les unes et rendre justice aux autres, des hommes."

Le projecteur n'est pas uniquement braqué sur les deux soeurs, mais plutôt sur l'avocate.

C'est Maître Germaine Briére qui va défendre ces deux femmes. Cette affaire est faite pour elle, elle qui défends quotidiennement les ouvriers, les paysans et les domestiques. Si c'est n'est pas elle qui les défends, ce sera l'un de ces confrères, hommes bourgeois, avides de notoriété.

Imaginez une seconde, une avocate femme face à la misogynie du barreau dans son ensemble.

À partir du moment où c'est la parole d'une femme, elle part automatiquement perdante.

De plus, tous refusent d'entendre parler de lutte des classes dans cette affaire.

"Ils n'hésitaient pas à traiter les soeurs Papin comme des êtres inférieurs. Des êtres qu'on pouvait piétiner, humilier, qu'on pouvait comparer à un animal sauvage."

La bourgeoisie tremblait. Tous avaient peur de la révolte de leurs domestiques.

Mes paroles peuvent sembler déplacées, mais je n'ai trouvé aucun autre mot plus soft pour décrire ma pensée, vous m'en excuserez d'avance.
La parole de la femme n'est pas considérée, uniquement parce qu'elles n'ont pas de couilles dans le sens propre. Et pourtant... dans le sens figuré, les femmes ont fait et font encore preuve qu'elles en ont davantage que certains hommes.

Mais malheureusement, face à la justice des hommes, les femmes avaient perdues d'avance...

C'est un peu comme faire garder un poulailler par des renards. La finalité est prédite d'avance...

Je classerai plutôt cet ouvrage comme étude de droit sur fond de roman. Car ce récit porte sur le regard de justice de Julia Minkowski sur sa consoeur Maître Germaine Briére, son parcours, ses difficultés, son vécu et ses craintes.

Bravo à cette autrice d'avoir mis en avant le portrait de cette femme en nous plongeant dans le féminisme des années 30 en France.

C'est pour moi un gros coup de coeur.
Commenter  J’apprécie          3312
En septembre 1933, les soeurs Papin font la une des journaux du Mans. Quelques mois plus tôt, de femmes de chambre sans histoire, elles sont devenues les meurtrières sanguinaires de leur patronne et sa fille. Geneviève Brière, avocate reconnue, prend la défense de Christine, l'aînée. Aucun doute sur sa culpabilité, maître Brière ne cherche pas la clémence. Elle plaide la démence, et espère faire échapper à Christine la guillotine. Mais les conflits de classes et la méconnaissance des maladies mentales ne vont pas aider Geneviève à faire entendre sa voix…

Avec ce premier roman, lu dans le cadre de la sélection 2023 des 68 premières fois, Julia Minkowski nous offre un très beau et touchant portrait de femme. Geneviève Brière est la première avocate à avoir intégré le barreau du Mans. L'auteur nous plonge dans un fait divers sordide qui pourtant brille par l'humanité de son défenseur…

Par-delà l'attente est un roman à l'écriture fine, envoûtante, et à la construction parfaite. Julia Minkowski tisse habilement les liens entre l'ambiance de l'époque, le combat des femmes pour plus d'autonomie et de liberté, les idées nouvelles qui viennent bousculer les esprits encore bien étriqués.

Si l'histoire des soeurs Papin reste en mémoire, Geneviève Brière est doucement tombée dans l'oubli. Cette femme forte, courageuse, généreuse et douée, mérite notre attention. Sa vie courte mais intense a été rythmée par la défense des plus démunis, ceux en qui personne ne croyait, ceux qu'on ne cherchait pas à protéger. Geneviève Brière a su relever ceux qui étaient à genoux et rendre un peu de dignité à ceux qu'on envoyait à la mort…

Geneviève Brière est une femme de combats qui, par soif de liberté, a su trouver sa place au milieu des hommes…
Commenter  J’apprécie          280



Autres livres de Julia Minkowski (1) Voir plus

Lecteurs (382) Voir plus



Quiz Voir plus

Les écrivains et le suicide

En 1941, cette immense écrivaine, pensant devenir folle, va se jeter dans une rivière les poches pleine de pierres. Avant de mourir, elle écrit à son mari une lettre où elle dit prendre la meilleure décision qui soit.

Virginia Woolf
Marguerite Duras
Sylvia Plath
Victoria Ocampo

8 questions
1725 lecteurs ont répondu
Thèmes : suicide , biographie , littératureCréer un quiz sur ce livre

{* *}