Après "
L'avocat était une femme",
Julia Minkowski nous offre un nouveau portait de combattante.
Celui de Germaine Briére, première femme avocat inscrite au Barreau du Mans dans les années 30...non sans mal, non sans avoir mené un combat de haute lutte.
Alors qu'elle vient de clore sa plaidoirie pour les soeurs Papin, deux domestiques accusées d'avoir massacré leur patronne et sa fille, et que se profilent les heures interminables du délibéré de la Cour d'assises, c'est l'occasion pour Maître Briére de tromper l'angoisse d'une possible condamnation à mort en se remémorant son parcours.
Imaginez...imaginez que pour être admise à exercer un métier dont vous avez la passion chevillée au corps et dont vous avez brillamment réussi l'examen, on exige en plus de vous que vous prouviez que votre moralité est exemplaire. Et quand je dis "on", je parle de ces Confrères de l'époque, ces hommes qui eux n'ont jamais eu à prouver quoi que ce soit et qui n'ont guère envie qu'"une bonne femme" joue à l'avocat... Alors c'est rien de moins qu'un certificat de virginité qu'on va imposer à Germaine Briére.
Au cours de ces heures d'attente, ce sont les doutes de l'avocate que l'on ressent, ce poids d'avoir la vie de sa cliente entre ses mains, le sentiment - toujours - de ne pas en avoir assez fait, ou de ne pas l'avoir fait différemment.
Le roman évoque aussi la délicate question du jugement des fous, d'autant plus à une époque où la peine de mort existait, même si paradoxalement, être une femme permettait souvent la grâce présidentielle.
C'est un livre profondément humain et qui, forcément, a résonné de manière particulière pour moi.
Comme quoi, que ce soit dans les années 30 ou en 2023, l'angoisse de l'avocat face au délibéré est restée la même.