AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations sur La Mer de la fertilité, tome 1 : Neige de printemps (51)

Il était cependant une chose chez Satoko qui surpassait tout artifice. C'était l'énergie de ses yeux lumineux. Il en perdait son sang-froid comme toujours. Il se sentait transpercé de son étrange pénétration ; son pouvoir jaillissait du plus profond d'elle-même.
Commenter  J’apprécie          150
C'était un après-midi de dimanche serein, paisible, magnifique. Pourtant, Kiyoaki demeurait convaincu qu'au tréfonds de ce monde pareil à une outre de cuir remplie d'eau, il y avait un petit trou et il lui sembla qu'il entendait le temps s'en échapper goutte à goutte.
Commenter  J’apprécie          180
Le maître d’hôtel entra annoncer que la voiture attendait. Les chevaux hennissaient et leur haleine sortait toute blanche de leurs naseaux, montant en spirale dans les ténèbres d’un ciel hivernal. Kiyoaki aimait l’hiver, voir les chevaux déployer fièrement leur puissance alors que leur odeur musquée habituelle s’amoindrit et que leurs sabots rendent un son clair sur le sol glacé. Par une chaude journée de printemps, un cheval au galop n’est trop évidemment qu’un animal qui sue sang et eau. Mais un cheval lancé dans une tempête de neige ne faisait plus qu’un avec les éléments, enveloppé dans les tourbillons de l’aquilon, la bête incarnait le souffle glacial de l’hiver.

Kiyoaki se plaisait à aller en voiture, surtout quand tel ou tel souci l’assaillait. Car les cahots le jetaient hors du rythme régulier, tenace de ses ennuis. Les queues qui s’arquaient aux croupes dénudées proches de la voiture, les crinières qui flottaient furieuses dans le vent, la salive tombant en ruban luisant des dents grinçantes – il lui plaisait de goûter le contraste entre cette force brutale des animaux et les élégantes décorations intérieures du véhicule. (p 80)
Commenter  J’apprécie          10
Un souffle parvint de la nuit océane. L'arôme salé du flot montant et l'odeur du goémon jeté au rivage faisaient vibrer d'émotion leurs corps exposés à la fraîcheur nocturne. La brise de mer, lourde de l'odeur du sel, se lovait contre leur chair nue, sensation brûlante plutôt que frisson. p 275
Commenter  J’apprécie          112
Kiyoaki trouvait un soulagement dans la tranquillité d'esprit qu'engendre une perte. Au fond de lui-même, à l'appréhension de subir une perte, il préférait toujours que la perte fût accomplie.(...) Si une bougie a brillé d'un vif éclat, mais, ensuite, sa flamme éteinte, reste seule dans l'obscurité, elle n'a plus à craindre de voir sa substance se dissoudre en cire brûlante. Pour la première fois de sa vie, Kiyoaki en venait à comprendre le pouvoir guérisseur de la solitude. p 197-198
Commenter  J’apprécie          140
Quiconque manque d'imagination n'a d'autre choix que de fonder ses conclusions sur la réalité qu'il voit autour de lui. Mais, d'autre part, ceux qui sont doués d'imagination ont tendance à bâtir des châteaux forts dont ils ont eux-même tracé le plan et à en condamner toutes les ouvertures.
Commenter  J’apprécie          50
Pour le public, il fallait qu'il y eût une correspondance particulièrement intime entre son corps et le crime qu'elle avait commis. Ils ne s'estimeraient satisfaits de rien moins. Pour le commun des mortel, poussés qu'ils sont par par des fantasmes tragiques, il n'est guère de sensation plus délicieusement émoustillante que la contemplation, a bonne distance, du mal vu dans l'enchaînement de la cause et de l'effet. Si cette femme avait été mince, sa minceur même aurait , à leurs yeux, personnifié ce principe. Du fait qu'elle était rondelette, sa rondeur faisait pareillement l'affaire. Aussi, convaincus qu'elle ne pouvait être que le mal incarné, ils exerçaient avidement leur imagination sans malice, s'attachant avec empressement à chaque détail, jusqu'aux gouttelettes de sueur dont ils étaient persuadés que ses seins devaient être couverts.
Commenter  J’apprécie          120
Car tout ce qui est sacré est de l’essence des rêves et des souvenirs, c’est pourquoi nous sommes témoins du miracle que ce qui nous sépare par le temps ou l’éloignement nous deviens tout à coup sensible. Rêves, souvenirs, le sacré - ils se ressemblent tous en ce que nous ne pouvons les saisir. Une fois que, si peu que ce soit, nous sommes séparés de ce que nous pouvons toucher, cet objet en est sanctifié; il acquiert la beauté de l'inaccessible, la qualité du miraculeux. Toute chose, en vérité, a l’essence du sacré, mais nous pouvons la profaner rien qu’en y portant la main. Quelle étrange créature que l’homme! Il profane une chose en la touchant et cependant il porte en lui une source de miracle.
Commenter  J’apprécie          50
Kiyoaki avait écrit une poésie de Shigeyuki Minamoto :

Je sens du vent le souffle rude
Quand les flots brisent aux rochers.
Epuisé par la solitude,
Alors je rêve aux jours passés.

Au dessous, Satoko avait transcrit un poème de Yoshinobu Onakatomi :

Quand le jour le cède à la nuit,
Que luit le feu des sentinelles,
Le souvenir des jours enfuis
Trouve en moi une vie nouvelle.
Commenter  J’apprécie          262
La lune brillait avec une intensité éblouissante du côté gauche de Kiyoaki, là où la chair pâle se soulevait au rythme de son cœur. S’y trouvaient trois grains de beauté, petits, presque invisibles. Et tout comme les trois étoiles du baudrier d’Orion s’affadissent sous une lune radieuse, ces trois grains étaient presque oblitérés par ses rayons.
Commenter  J’apprécie          450






    Lecteurs (913) Voir plus



    Quiz Voir plus

    Mishima

    Quel est le vrai nom de Yukio Mishima ?

    Yukio Mishima évidement !
    Kenji Matsuda
    Kimitake Hiraoka
    Yasunari Kawabata

    15 questions
    96 lecteurs ont répondu
    Thème : Yukio MishimaCréer un quiz sur ce livre

    {* *}