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Hanio Yamada a 27 ans et ne trouve plus de sens à sa vie. Après un suicide raté, il n'a même plus le goût de réessayer, et publie une petite annonce dans laquelle il met sa vie en vente au plus offrant. le premier client se manifeste rapidement, et le contrat entraîne le jeune homme dans une histoire rocambolesque d'adultère, au bout de laquelle, contre toute attente, Hanio n'est pas tué. Qu'à cela ne tienne, d'autres clients sont sur les rangs, tous plus barrés les uns que les autres, et pourtant aucun ne parviendra à ses fins. Hanio reste vivant, même si autour de lui les cadavres s'accumulent, pendant qu'il encaisse et dépense sans compter ses généreux frais de mission. Mais cette spirale infernale le laisse perplexe et finit par l'effrayer, et il en arrive même à penser que la vie vaut peut-être la peine d'être vécue. A condition toutefois de pouvoir se sortir de l'engrenage diabolique que sa petite annonce a enclenché...

Quel étrange roman... A la fois pastiche déjanté de polar et de roman d'espionnage, et réflexion sur le sens de la vie, le style est simple, fluide et rythmé, l'humour est présent, et même le fantastique. La fable est moins légère qu'il n'y paraît, et en dit probablement long sur la société japonaise de l'époque (1968), mais je manque de références. Une lecture déroutante, terminée il y a quelques semaines, pas désagréable mais dont il ne me reste pas un grand souvenir.
Lien : https://voyagesaufildespages..
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Pour le commun des mortels, c'est évident, mourir n'est pas facile - quoique inévitable. Mais se donner volontairement la mort peut s'avérer encore plus compliqué : cela suppose une habileté, une technique, en un mot un savoir-faire (à défaut d'un savoir-vivre) qui n'est pas donné à tout le monde et, en l'occurrence, pas à notre héros, Hanio Yamada. Se croyant enfin parvenu en un Paradis rudement gagné, c'est à l'hôpital qu'il se réveille sous le regard réjoui des infirmières et du médecin ravis d'avoir sauvé une vie… Game pas over du tout. Essaye encore !

Qu'est-ce qui a bien pu pousser cet homme ordinaire, “employé honnête et zélé” qui ne souffre de rien, même pas d'un chagrin d'amour, à vouloir se donner la mort ? “S'il devait à tout prix donner une raison à cela, une seule lui venait à l'esprit : il s'était suicidé justement parce qu'il n'avait aucune raison de le faire.” Absurde ? Toujours est-il que, même sans raison apparente, il s'entête et, ma foi, qu'à cela ne tienne : ce que tu n'arrives pas à faire toi-même, fais-le faire par quelqu'un d'autre ! Mais il aura beau mettre sa vie à vendre dans un journal de Tokyo, avant l'heure c'est pas l'heure - comme disait ma grand-mère - et quand ça veut pas… et bien ça veut pas !

S'ensuit une succession vertigineuse de tentatives aussi malencontreuses que piteusement avortées, les cadavres s'accumulent, les victimes s'amoncellent, dommages collatéraux de la maladresse et de la malchance… tandis que notre héros, toujours en pleine forme, contemple sidéré les conséquences calamiteuses de son obsession suicidaire. Comment faire, dès lors, pour mettre un terme à cette spirale infernale ? D'autant que, comme un piège qui se referme peu à peu, la peur de mourir finit par le hanter…

Publié sous forme de feuilleton en 1968 dans les pages de la revue “Shukan Purebôi” (Playboy hebdo) mais inédit en français jusqu'en janvier dernier, "Vie à vendre" est une fantaisie burlesque et totalement déjantée, parodie de roman d'espionnage, de conte gothique et de polar, que Mishima lui-même qualifia de “roman d'aventures psychédélique” où l'on retrouve - avec quel plaisir ! - tout l'art de son auteur : son écriture extrêmement soignée et maîtrisée, son imagination débridée, sa profondeur, son humour et sa sensibilité ainsi que certains des thèmes qui lui furent chers - notamment son obsession et ses rapports ambigus avec la mort, qu'il se donna d'ailleurs deux ans plus tard dans les circonstances que l'on sait.

Un roman follement drôle mais également plus profond qu'il n'y paraît par le regard qu'il porte et les questions qu'il (nous) pose sur le sens et la valeur véritables de la vie, et qui devrait réjouir tous les amateurs d'humour noir - mais pas que. Je me suis, pour ma part, régalée.

[Challenge Multi-Défis 2020]
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Enfin je me suis décidé à lire Vie à vendre, que j'avais laissé vieillir depuis plus de deux ans dans ma bibli comme un bon vin, à l'heure où il sort en poche ! Trop bête…Mais au bout de ces pages, que du plaisir ! Pouvait-il en être autrement avec Mishima ? Pour un lecteur occidental, s'il n'y a qu'un seul écrivain japonais à connaître, c'est bien lui, tant sa culture, son style, son ton sont universels et son oeuvre éclectique, romans, nouvelles, théâtre, sans oublier ses écrits d'introspection personnelle qui aident à comprendre la destinée tragique de cet homme controversé.

Sur le synopsis, la quatrième de couverture en dit beaucoup. Pour l'essentiel, Hanio, 27 ans, a échoué à se suicider (sans raison), et a décidé de vendre sa vie à toute personne, qui a priori l'entraînera dans une aventure le conduisant à la mort. Vont alors se succéder plusieurs acheteurs et acheteuses, qui vont surtout l'enrichir à défaut de le faire succomber. Car ces plans sont foireux, et permettent surtout à Hanio de tester son potentiel de séduction auprès de ces dames, un vrai tombeur ! Entre Ruriko la femme de petite vertu, la femme-vampyre qui lui pompe sang et énergie et Reiko la femme-junkie qui lit dans ses pensées, sans compter son petit coup vite fait avec une infirmière qui vend ses charmes, notre homme est très demandé ! Mais c'est aussi un homme en danger et surveillé, par des agents d'une mystérieuse organisation.

Au fil des jours passés successivement avec ces dames qui, pour une raison ou une autre, ne parviennent pas à l'entraîner dans la mort, le doute s'insinue en lui. Sur sa porte d'appartement la pancarte est de plus en plus souvent retournée : ce n'est plus forcément « Vie à vendre » mais « Rupture momentanée des stocks », Monsieur préférant se reposer de son désir de mourir, qui s'étiole peu à peu…

Rompant avec le style d'autres de ses romans plus psychologiques, ou plus romantiques, ce roman nous propose un rythme enlevé. Les chapitres sont courts, et le ton de Mishima est badin, malin, humoristique. On se surprend souvent à sourire, voire à rire aux aventures de ce personnage séducteur, machiste et faussement naïf, évoluant dans un univers piégé. Immergé dans ce nid d'espions, il y a quelque chose d'OSS 117 chez Hanio, et c'est bien réjouissant !

On a en première impression du mal à deviner que ce Mishima déjà tardif, de 1968, n'est qu'à deux ans de perpétrer son coup d'éclat fatal. Pourtant, derrière la façade de ce ton souvent léger, la mort est omniprésente. D'abord désirée, sa gravité en est relativisée. Mais elle étend son emprise sournoise au fil de l'évolution de l'état d'esprit du héros. Plus il commence à la fuir, plus elle tisse sa toile inquiétante comme la veuve noire guettant sa proie.

Si ce roman détonne dans la production de Mishima, et ne peut pas s'imposer comme un chef-d'oeuvre, son ambition première était de divertir, Gallimard a eu là une bonne initiative de le publier. Il contribue à montrer toute l'étendue du talent de l'écrivain japonais. Espérons que quelques autres de ces romans encore inédits en français attireront traducteurs et éditeurs, car à ce jour seuls environ un quart d'entre eux sont disponibles chez nous. Certes, ce sont probablement les meilleurs, mais il doit exister encore quelques pépites.

En conclusion, précipitez-vous sur la version poche, c'est l'assurance de passer un bon moment !
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Un inédit de Mishima, publié en France en 2020!
En le prenant à la bibliothèque, je me doutais qu'il me plairait: une intuition. de Mishima je n'avais lu que Confessions d'un Masque et il y a très longtemps, mais j'avais été fascinée par l'auteur.
Ce roman est arrivé à point nommé, entre deux lectures sérieuses un peu trop complexes pour moi: léger sans l'être trop, absurde juste ce qu'il faut (à part à la fin peut-être), curieux, et d'une belle plume.
Hanio est un jeune homme à qui tout semble avoir réussi; pourtant il se suicide. Ou plutôt, il tente, mais se retrouve, bien malgré lui, sauvé in extremis et à l'hôpital.
Il lui reste donc, devant lui, une succession de jours en rab, vides et dont il peut faire absolument ce qu'il veut puisque de toute manière il n'en veut pas: il va vendre sa vie à celui ou celle qui en aura l'usage, qu'importe comment.
Commence alors des rencontres plus incongrues les unes que les autres qui sembleraient toutes avoir un seul lien commun, l'obscur ACS, Asia Confidential Service.
A travers ce personnage solitaire, sans attaches, Mishima dépeint un Japon aux portes de la modernité telle qu'on le retrouvera dans les romans de Murakami Ryû: dépersonnalisé, froid, déprimant. Pourtant, ça reste léger et drôle, tant les personnages sont décalés et humains, malgré tout. L'ultra-moderne solitude, chante Souchon.
J'ai pris un plaisir jubilatoire à lire ce court roman et d'ailleurs, j'ai noté d'autres romans de Mishima dans ma pal, car il a en plus de ce recul une plume exquise.
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Beaucoup d'originalité dans ce roman presque fantastique par moments, avec une belle réflexion sur le sens de la vie et les relations entre humains.

Le jeune héros, Hanio, croyant piloter sa mort, devient peu à peu le pilote de sa vie, au fil de ses rencontres, surtout féminines, dans un érotisme diffus, une atmosphère plutôt légère, malgré les enjeux vitaux pour les différents protagonistes et le héros lui-même.

Belle écriture très bien valorisée par la qualité de la traduction rendant plaisante la lecture de cette fable des temps modernes.
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Mishima, c'est un monument de la littérature Japonaise. Connu pour le Pavillon d'or et surtout son suicide ultra mis en scène.

"Vie à vendre" n'est pas du tout le genre d'oeuvre que l'on attend de ce type d'auteur...

Encore qu'en y réfléchissant bien, la dernière partie du roman est très désabusée et froide... comme si cet auteur ne pouvait se résoudre à rester dans l'humour.

C'est un livre drôle et cynique.
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Écrit sous forme de conte initiatique comme Candide de Voltaire ce roman écrit en 1968 était resté inédit en France jusqu'à ce que Gallimard l'édite.
Hanio Yamada, après un suicide raté, met sa vie en vente. Il va rencontrer toutes sortes de personnes qui vont lui faire des propositions toutes plus hallucinantes les unes que les autres. C'est une suite de situations absurdes, abracadabrantes, cocasses, parodies du polar en passant par le fantastique, le gothique que Hanio va traverser et tandis que les cadavres s'amoncellent autour de lui, il reste miraculeusement vivant. Jusqu'au moment où la vie recommence à avoir de la valeur à ses yeux.
Cette fable semble n' être qu'un prétexte pour l'auteur pour aborder le thème de la vie qui semble vaine et dérisoire ici et celui de la mort.
Tous mes remerciements pour ce partenariat à Gallimard et au hanbo(o)k club ainsi qu'à Léa Mainguet

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J'avais très peur de m'attaquer à Mishima car on m'en parlait de manière tellement élogieuse qu'il me faisait peur ! Quelle belle occasion que la publication d'un roman inédit pour me lancer dans sa découverte !

J'ai été intriguée dès le début, et perturbée, l'auteur nous entraîne dans la vie d'un jeune homme qui a loupé son suicide, il met donc sa vie à vendre, laissant ainsi aux autres l'opportunité de faire ce qu'ils veulent de lui... Dès les premières lignes, nous sommes emportés dans l'univers comique de cette oeuvre, oui j'ai bien dit comique ! Le jeune homme se laisse ballotter de péripéties en péripéties comme s'il n'était qu'un vieux bout de bois oscillant au grès des vagues. Il y a des passages qui sont très drôles, le jeune homme est très insolent et cela donne des dialogues particulièrement bien écrits et acides.

Le roman prend des allures de contes avec des éléments du fantastique qui s'y mêlent, chaque péripétie se termine sur une sorte de morale qui fait évoluer le jeune homme...Mais vous retrouvez tous les éléments d'un bon polar : le suspense, des indices qui apparaissent au fur et à mesure, une organisation mystique...

La ponctuation est quant à elle très originale avec "......" utilisé lors des dialogues et qui apporte un rythme assez particulier !

Bref vous l'aurez compris nous sommes face à un roman hybride qui se lit d'une traite !
Lien : https://labullederealita.wor..
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Un court roman complètement loufoque, mais en même temps tragique. Et comme toujours chez Mishima, subtil et intelligent.

Hanio rate son suicide, et décide de mettre sa vie en vente. Un acquéreur ne tarde pas à se présenter... S'ensuivent des péripéties toutes plus absurdes les unes que les autres. Hanio se laisse balloter par le hasard avec un sang-froid absolu — ayant déjà accepté la mort, il ne craint plus rien. Ce livre étrange mêle des éléments fantastiques au roman d'espionnage, c'est à la fois un conte de vampires, un polar... Et une parabole sur le (non-)sens de la vie.

La lecture de ce roman, dont la légèreté n'est qu'apparente, prend une toute autre dimension quand on sait que Yukio Mishima s'est donné la mort par seppuku devant une assemblée militaire nippone.
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L'empire contre attaque, écrit en 1968, Mishima décortique la société japonaise et, les non sens de la vie tout court., le héros qui vends sa vie, ne vends pas que sa vie, il vends aussi une idéologie , un malaise contemporain qui ronge les sociétés occidentales.

Mishima demeure un fantastique conteur d'histoire ou chacun peut y voir tour a tour, la folie de l'homme, les élucubrations grotesques d'un anarchiste en mal de reconnaissance, ou tout simplement une réflexion sur la vie (qui n'est pas toujours un fleuve tranquille).

Meme si je sujet du livre peut paraître parfois triste, il n'en demeure pas moins drôle, et fantasque, alternant le polar noir, le récit gothique, la force du livre est de rester cohérent sur la longueur.

Un roman qui rappelle le meilleur de Ballard, ou Selby.

Un livre a lire et relire
.
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