Autant en emporte le vent, tome 1

Au cours de l'année passée, elle avait été si absorbée par ses propres malheurs, si agacée par la moindre allusion à la guerre, qu'elle ignorait qu' Atlanta s'était métamorphosée à la minute même où les hostilités avaient commencé. Les mêmes voies ferrées qui avaient fait de la ville le carrefour du commerce en temps de paix étaient à présent d'une importance stratégique vitale en temps de guerre. Loin des lignes de combat, la ville et ses voies ferrées servaient de lien entre les deux armées de la Confédération, l'armée de Virginie et l'armée du Tennessee et de l'Ouest. Et Atlanta faisait également le lien entre les deux armées et le Sud plus lointain d'où elles tiraient leurs approvisionnements. A présent, en réponse aux besoins de la guerre, Atlanta était devenue un centre manufacturier, le siège d'hôpitaux et l'une des plus importantes gares de Sud pour la réception de la nourriture et des approvisionnements destinés aux armées en campagne.

(p. 205, chapitre 8).

Autrefois, une époque à présent bien passée et révolue, la vie était si compliquée, si pleine de problèmes complexes et délicats. Comment essayer de gagner l'amour d'Ashley et de maintenir en même temps une dizaine de prétendants dans l'incertitude et le chagrin. Comment cacher de petits écarts de conduite à ses aînées, bafouer et calmer les filles jalouses, choisir des styles de robes et des tissus, tenter des coiffures différentes et, oh, trancher tant d'autres questions ! A présent, la vie était si étonnamment simple. A présent, tout ce qui importait c'était d'avoir assez à manger pour ne pas mourir de faim, assez d'habits pour ne pas grelotter et un toit au-dessus de sa tête qui ne fuyait pas trop.

- Je ne sais pas pourquoi nous nous sommes battus et je m'en moque, répondit Scarlett. Et cela ne m'interresse pas. Cela ne m'a jamais intéressé. La guerre est une affaire d'hommes, pas de femmes. Tout ce qui m'interresse maintenant, c'est une bonne récolte de coton.

Quelque part, sur la longue route qui serpentait à travers ces quatre années, la fille avec son sachet et ses souliers de danse s'était évanouie et avait laissé la place à une femme aux yeux verts durs, qui comptait ses sous et s'était mise à accomplir avec savoir-faire de basses besognes, une femme à qui il ne restait rien du naufrage en dehors de l'indestructible terre rouge sur laquelle elle se tenait.

Toute la courtoisie, la douceur qu'Ellen s'était efforcée de lui inculquer s'étaient détachées d'elle aussi vite que les feuilles tombent des arbres au premier vent frais de l'automne.

Comme Tante Pitty, Mélanie avait le visage d’une enfant qui avait été couvée et n’avais jamais rien connu d’autre que la simplicité et la gentillesse, la franchise et l’amour, une enfant qui ignorait l’acrimonie ou le mal et ne les reconnaissait pas si elle y était confrontée. Parce qu’elle avait toujours été heureuse, elle voulait que tout le monde autour d’elle fut heureux ou, du moins, content de soi. C’est pourquoi elle voyait toujours ce qu’il y avait de mieux chez les gens et en faisait la remarque avec bienveillance ; I l n’ avait point de domestique, si stupide fût-il, en qui elle ne trouvait pas un trait de loyauté et de bonté qui le rachetait, point de fille, aussi laide et désagréable fût-elle, en qui elle ne découvrait pas quelque charme dans la silhouette ou quelque noblesse de caractère, et point d’homme, aussi bon à rien ou ennuyeux fût-il, qu’elle ne voyait pas à la lumière de ses possibilités plutôt que de ses actes.

Vous devriez avoir honte de vous, comparer un excellent homme comme Ashley Wilkes à ce vaurien de capitaine Butler !

Je laisse aux hommes le soin de penser, parce qu'ils sont beaucoup plus intelligents.

Car je me bats pour les jours d'autrefois, les coutumes d'autrefois que j'aime tant mais qui sont maintenant, je le crains, à jamais révolues, quelle que soit la façon dont tombent les dés.

C'était comme si elle sentait que le cœur de la ville, aux palpitations rapides et régulières, battait en rythme avec les sien.