...je t'ai fait de la peine hier sans l'avoir voulu, tu m'en fais aujourd'hui parce que tu le veux - et tu réussis très bien. A quoi bon ces chagrins emmêlés ?
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Mais l'action est comme un désert pour le coeur de l'homme. Il faut avancer, avancer, sûr de soi, de sa direction. Les autres sont restés à l'étape. Il n'y a à attendre nulle aide, nul secours. On doit vivre et mourir ainsi. Arrive-t-on jamais où l'on voulait aller?
L'importance qu'a pour moi votre présence dans ma vie vous surprendrait. Ou plutôt, la signification de cette présence. Grâce à vous, Anne, mes yeux s'ouvrent à des chemins de splendeur oubliée.
Notre histoire est si difficile qu'elle a bien le droit d'être unique!
Je t’aimerai jusqu’à la fin de moi.
L'étonnement, la stupeur sont des signes qui ne trompent pas: ils annoncent une mutation, un bouleversement de la vie. Comme on part pour un long voyage, le coeur se serre, heureux et triste à la fois, devant ce monde nouveau qui s'ouvre, s'offre ou se refuse tant il est sûr d'être, quoi qu'il advienne séparé à jamais du monde antérieur.
Votre présence en moi me ramène à ce que j'attends quand je pressentais l'amour sans le connaître. Je n'ai rien de vous. Et tout ce qui est vous, je le désire et je l'accepte. Et j'aime sans savoir qui vous êtes. Imprudence? sottise? folie? Peut-être. A moins que le coeur n'ait la divination plus sûre que les sens. Vous ne saurez jamais combien vous comptez dans ma remise en ordre personnelle.
Je devrais vous envoyer cette page toute blanche: cela signifierait l’inutilité des signes de l’écriture, l’impuissance des mots, la pauvreté de l’expression quand par un jour béni, la vie se fait douceur, splendeur, facilité, confiance et allégresse.
Mais, dans le secret du coeur, j’écoute en moi les subtiles résonnances qu’éveillnt le moindre mouvement de votre visage, le moindre changement de votre voix.
C’est vrai: la poésie, incomparable appel d’évasion.