- Tu as une boîte à couture pour apprendre à coudre. Ce n'est pas pour la montrer aux autres, ni pour la comparer avec celles des autres. La seule chose importante, c'est que tu as tout ce qu'il faut dans cette boîte pour bien apprendre à coudre, pour pouvoir mettre en pratique les instructions de la maîtresse...
C'était le dernier mot de la conversation familiale, décisif, définitif, sans appel, avec tout le poids de l'autorité paternelle, imperceptible mais réelle.
1. BLESSURES -.Ou les origines du désir d'errance.-p.40-
Où aller ? Quel chemin prendre ? Il interroge l'horizon et fait un tour complet sur lui-même. C'est alors qu'il trouve une longue branche d'arbre par terre. Il la ramasse et la lance en l'air. Elle tombe. On dirait, que posée en diagonale, [...] elle indique une direction. Sur fond de musique d'une innocence et d'une nonchalance enfantines, le samouraï enjambe la branche et se résout à prendre la direction indiquée par le hasard.
Ainsi Kurosawa introduit-il, d'emblée, la figure emblématique d'un individu solitaire et errant dans son chef d'oeuvre de 1961. (Yojimbo)
c'est un être singulier, totalement singulier, mais l'indéfini de son existence errante, sans racine, invite n'importe qui à combler cet indéfini à son propre compte.
Faire acte d'intellectuel, c'est toujours rompre l'adhérence à son milieu. " Les sots ont ceci de commun avec les éponges, qu'ils adhèrent", disait Valéry, et spongieuses sont les communautés natives.
AKIRA MIZUBAYASHI Petite éloge de l'errance Gallimard Folio 2014 Page 86
Faire acte d'intellectuel, c'est toujours rompre l'adhérence à son milieu. " Les sots ont ceci de commun avec les éponges, qu'ils adhèrent", disait Valéry, et spongieuses sont les communautés natives.
AKIRA MIZUBAYASHI "Petite éloge de l'errance" Gallimard Folio 2014
La langue n’est pas une propriété privée. C’est une terre généreuse sans propriétaire où se déroule une fabuleuse fête permanente à entrée gratuite.
J'aime les errants, les personnages en errance qui s'éloignent du naturel, du natal, du maternel. J'aime ceux qui regardent le proche par le lointain. J'aime ceux qui osent défaire les liens préétablis pour en refaire d'autres à leur convenance, un peu comme l'éclectique de Diderot qui tient à se faire une "philosophie particulière et domestique" après avoir examiné toutes les philosophies "sans égard et sans partialité".
Comment ne pas sombrer dans un pessimisme noir s'il s'avère que même l'épreuve cruelle d'une catastrophe comme celle de Fukushima ne peut être l'occasion d'un changement significatif de la société ? Comment garder un sain équilibre dans une communauté qui se tient constamment au bord d'une catastrophe possible ? Comment ne pas se laisser envahir par l'angoisse qui vous prend devant l'acceptation, par la majorité anonyme et silencieuse, du monde tel qu'il va ?
La colique et la diarrhée qu'elle entraîne, c'est ma petite madeleine. La douleur au ventre me ramène chaque fois à celle que j'ai supportée sans succès dans cette sombre salle de classe, au milieu d'une bande de loupiots sans pitié. J'étais un étranger étrange qu'on cherchait à éloigner à cause de ma monstruosité miasmatique des cabinets, je revis le cauchemar obsédant d'une souillure diarrhéique qui m'a mis au ban de la société.