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C'est magnifique de voir que ce livre pour grands enfants à ranger à côté des souvenirs d'enfance de Ion Creangă inspire tous ces commentaires. J'insiste pour ma part sur le fait que le rôle de la mère qui accomplissait des miracles pour l'enfant innocent (au sens premier) est tenu ici par les yokaï, et la vieillarde initiatrice, qui raconte ces esprits. L'image du père aussi est des plus attachantes : "ta douleur et ton dépit d'aujourd'hui se changeront petit à petit en force, tu verras. Bon, j'étais surtout venu te dire de prendre ton bain." (page 392)
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L'Américain Robert Crumb, réfugié politique en France* depuis une vingtaine d'années, a acquis grâce à l'exposition de son travail au Musée d'art moderne en 2012 le statut d'artiste international. On a senti alors une certaine réserve de la part de cet iconoclaste, passé de l'ombre de l'underground à la lumière du musée. La muséographie est l'art de l'éclairage et de la mise en valeur, et occulte le plus souvent les zones d'ombre de la contre-culture. Il faudrait une histoire de l'art non-académique pour traduire le véritable sens de la contre-culture.

L'intérêt de la longue interview biographique de R. Crumb, qui tient lieu de préface aux nombreux extraits de son travail, vient de ce que cet artiste est né, a grandi et a vécu dans la nation où la culture de masse est la plus étouffante. R. Crumb ne se prive d'ailleurs pas de citer en modèle Brueghel et de dénigrer les « comics » :

- Gary Groth : Qu'est-ce que tu as contre le romantisme ?

- Robert Crumb : Je ne sais pas quel est le problème exactement. Tout ça s'est prolongé dans Superman, les super-héros et les bandes-dessinées d'aventure « réalistes », tous ces trucs d'évasion.

- Gary Groth : Tu te sens encore étranger à ta culture ?

- Crumb : Oh, putain, oui. le seul moment où je n'ai pas eu cette impression, où j'ai même commencé à me dire que je faisais peut-être partie du truc, c'était à la fin des années 1960, pendant la période hippie. Même si je ne me sentais pas tant que ça en phase avec le mouvement hippie (…).


Cet isolement, Robert Crumb l'a d'abord ressenti au sein du foyer familial, installé à Cleveland, puisque les difficultés de ses parents le plongèrent, lui et son frère aîné, dans la lecture et le dessin de petites BD inspirées de gazettes humoristiques comme le célèbre « Mad » (Harvey Kurtzman). Il raconte sans ambages et de façon pittoresque une enfance américaine typique :

« Et donc il y a avait toujours une tension entre mes parents parce que mon père ne supportait pas le côté fêtard de ma mère et de sa famille, qui ne pensaient qu'à se saouler et à s'amuser. le reste, ils s'en foutaient. Mon père, à l'inverse, avait un sens aigu du devoir, de l'honneur et tous ces trucs. C'était constamment une source de tension. Quand un salaire arrivait, ma mère voulait toujours le dépenser, tout claquer tout de suite. Ils se disputaient toujours au sujet de l'argent, ce qui est typique du petit bourgeois de la classe moyenne. »

Cette marginalité, subie au début, Crumb a réussi grâce à son art à la transformer en individualisme. Bien que « self made man » à sa manière, Crumb est un Américain pas comme les autres, et cela rend son témoignage unique. de la culture américaine, Crumb ne sauve pas grand-chose d'autre que cet espèce de fugueur frénétique de Jack Kerouac, Charles Bukowski, romancier politiquement incorrect et provocateur, et quelques musiciens de jazz déjantés.

Crumb n'hésite pas à mettre « ses couilles sur la table » : il déballe ses frustrations et ses désirs sexuels pour les femmes costaudes, ses convictions politiques communistes teintées de scepticisme anarchiste, parle de célébrité, d'argent et de femmes, évoque les rencontres décisives de sa carrière artistique, de la façon dont le LSD a changé sa vie, ou encore de la façon dont la musique, selon lui, a perdu sa sincérité.

Comme l'opinion de Crumb sur le féminisme est à peine plus orthodoxe que celle qu'il a de la famille, son interlocuteur G. Groth l'interroge longuement sur cette épineuse question, devenue pratiquement aujourd'hui un enjeu de politique internationale. « le principal défaut du féminisme, c'est qu'il n'incluait pas de questions de base sur le fonctionnement du système mais voulait simplement que les femmes y soient présentes. » Crumb n'est pas du genre à botter en touche, et se montre aussi capable d'autocritique :

- G.G. : « Même aujourd'hui, tu ne te considères pas comme un bon dessinateur ? »

- R. Crumb : « Non. Je ne l'ai jamais été. Je n'ai jamais été dessinateur du tout. »

… et avoue même un certain plaisir à pratiquer l'autodénigrement.

Plusieurs exemples de la production de Crumb suivent ensuite, destinée aux adultes, de courts chapitres humoristiques. On peut y découvrir ou redécouvrir les différents antihéros bizarres, mi-humains mi-animaux le plus souvent (Fritz-the-cat, Big-Foot), dont l'artiste s'est servi pour donner sa version du rêve américain dans plusieurs fanzines.

*R. Crumb justifie en effet son exil par le durcissement de la politique et des moeurs américaines depuis les années 90.
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NonNonBâ c'est l'histoire d'une amitié entre un petit garçon d'une dizaine d'années, Shigeru et NonNonBâ, une vielle dame, mystique et superstitieuse. NonNonBâ est accueillie dans la famille de Shigueru car elle est pauvre, en échange de menus travaux. Elle va raconter ses histoires à Shigueru et les Yokaï vont venir peupler les rêves de l'enfant, l'aidant quelquefois et lui compliquant souvent sa perception du réel. Chroniqueur d'une époque, le début des années 30, et d'un lieu, une petite ville de la côte ouest du Japon, Shigeru Mizuki n'a pas son pareil pour décrire les moeurs enfantines (on se croirait parfois dans la Guerre des boutons) et les relations familiales. Shigueru est confronté à des événements dramatiques qui l'aident à grandir. La famille de Shigueru est assez atypique, il est coincé entre deux frères, avec une mère aimante et exigeante et un drôle de père qui ne considère pas le travail comme important mais accorde à la culture une place prépondérante. Il profite d'un licenciement pour monter un cinéma. Sa vision de la vie est assez peu commune, il aide aussi souvent que possible ces fils à grandir selon une philosophie toute particulière.
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Un pan réimaginé de l'enfance de l'auteur, entouré de légendes japonaises à propos des yokaïs, sorte de démons du quotidien, maléfiques ou gentils. Shigeru enfant commence à comprendre le monde adulte et s'affirme tout en dessinant des mangas. On aurait envie qu'un 2eme tome sorte.
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Lu grâce au CE de ma moitié, j'ai eu beaucoup de plaisir avec ce manga. Il n'a pas le format habituel de petits volumes, comportant plus d'une vingtaine de numéros, ce qui rend la lecture fastidieuse car il faut toujours attendre le prochain tome. Ici, il s'agit d'un pavé, qu'on peut approcher d'un livre classique. La seule chose dommage est d'avoir rétabli ici le sens de lecture occidental au lieu de conserver le sens de lecture japonais. Quant à l'histoire, il s'agit de plusieurs péripéties qui arrivent au jeune Shigeru. En filigrane se dessine une chronique familiale, vue par les yeux d'un enfant qui ne comprend pas tout, mais n'est pas aveugle. Il s'accroche à ce monde imaginaire, aux yôkai, comme pour refuser de grandir, refuser d'être confronté au monde des adultes. Une ambiance tendre, amusante et nostalgique.
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NonNonBâ, c'est un peu "la guerre des boutons" version japonaise !
Cette histoire se passe dans une petite ville de la province japonaise en 1930. le jeune Shigeru vit auprès de sa famille et de la vieille NonNonbâ. Cette veuve d'un moine bouddhiste est une grande spécialiste de l'univers fantastique. Elle connait tout sur les monstres, les fantômes et toutes les forces surnaturelles et les légendes qui peuplent l'univers japonais. Elle va peu à peu initier le jeune garçon.
Shigeru qui a déjà une imagination vagabonde, va très vite se familiariser avec les monstres qui s'appellent des yôkaï dans la mythologie japonaise. Ils vont devenir des compagnons de ses aventures. Shigeru passe beaucoup de temps avec ses copains pour faire les 400 coups. Mais aussi avec la vieille NonNonBâ pour de longues conversations sur la magie des yôkaï Ce manga est un régal à lire, il est plein d'humour et permet de découvrir un peu mieux la civilisation japonaise grâce à ce jeune garçon qui découvre le monde avec la vieille NonNonBâ.




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Nous allons suivre Shigeru, cet enfant à l'imagination débordante. Il aime dessiner, il crée ses propres Bandes dessinées. Il vit avec ses parents et ses deux frères. Il n'aime pas vraiment l'école car il n'est pas doué en calcul, il préfère jouer avec ses amis à la guerre entre clans. Ainsi nous allons le suivre dans ses différentes aventures : celles du jeu entre amis, celles qu'il parcourt auprès de Non-Non Bâ (qui pourrait être traduit comme 'mémé'), sa grand-mère, celles qu'il vit durant ses dessins. Nous découvrirons de nombreux personnages tous aussi amusants que Shigeru. Non-Non Bâ racontera tout au long de ce récit des histoires de Yôkaï, ces êtres restés sur Terre après leur mort et qui peuvent hanter les humains. Nous serons comme fascinés par ces 'contes' comme le seront les personnages qui les découvrent, nous avanceront par histoires de quelques pages chacune mais qui restent liées chronologiquement entre elles. Nous passerons par des contes, de l'amour, des peurs, des tristesses, des découvertes, des jeux, des rêves. C'est un ouvrage que je recommande à tous, peu importe l'âge, car c'est aussi une manière de comprendre différents moments réels et sérieux de la vie comme la mort, la maladie, les sentiments, le travail, le rejet, le manque d'argent... le dessin n'est pas très compliqué comme certains manga mais tout de même très attachants et les paysages sont vraiment magnifiques. Nous avons l'impression d'entrer dans un conte plein de poésie et de finesse. Ce fût une très belle découverte qui malheureusement ne dure que 420 pages ! Car oui, j'aurais voulu rester encore auprès de Shigeru, de Non-Non Bâ et de tous les autres.

Le petit plus c'est qu'au début, nous avons deux pages d'Introduction nous expliquant les choix des noms car ils ont une signification qui caractérise les personnages, les choix mis en place par le mangaka puis à la fin, il y a cinq pages de Notes afin que nous comprenions mieux tous les termes spécifiques, les sous-entendus ou encore les particularités des Yôkaï (comme : Umi-bôzu, Bétobéto-san, Akanamé, Jizô, Kappa, ostracisé etc..).
Lien : http://steambook.blogspot.fr..
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J'ai mis du temps à me décider à emprunter ce livre à ma bibliothèque de quartier. Habituellement, je choisis les mangas à l'histoire bien sûr, mais aussi et surtout aux dessins... et ceux de NonNonBâ me paraissaient un peu trop "simples". Mais au final je ne regrette absolument pas de l'avoir pris ! Ce livre m'a emmenée dans un autre monde, peuplé de Yôkaï grâce à la mémé et aux "aventures" de Shigé-san. Merci Shigeru Mizuki, j'ai passé un très bon moment !
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Voici une BD écrite et dessinée par Shigeru Mizuki. Il est très connu au Japon pour ces mangas qui parlent pour la plupart de yôkai. Vous savez ces espèces de monstres liés aux superstitions japonaises : Un yôkai est une entité, monstre, esprit, d'apparence humaine ou non, lié aux superstitions des Aïnous, les premiers habitants de l'archipel nippon. Littéralement, cela signifie "monstre étrange".

L'histoire raconte comment une petite grand-mère, Non Non Bâ, est finalement amenée à habiter chez les parents de Shigeru. C'est le japon rural d'après guerre, Non Non Bâ est sans le sous. Les parents la recueille moyennant de l'aide dans la maison. Elle en profite pour parler de toutes sortes de yôkai au jeune Shigeru. La bande dessinée est découpée en épisodes durant lesquels Shigeru est confronté à des yôkai de toutes sortes. Ils apparaissent dans la maison mais aussi à l'extérieur. Certains sont gentils, d'autres vraiment dangereux. Parallèlement, Shigeru fait l'expérience des joies et peines de la pré-adolescence. Les yôkai apparaissent en contrepoint à toutes ces émotions et viennent mettre un côté mystique dans la vie du jeune garçon.

Le format de la BD peut dérouter dans un premier abord : épais, dessiné en noir et blanc avec un trait un peu particulier. Mais on se laisse vite happer par l'histoire. J'ai vraiment beaucoup aimé la lire. J'ai particulièrement apprécié les dessins des différents yôkai. En plus, les personnages sont touchants, en particulier la grand-mère et Shigeru. Je ne peux que vous conseiller de la lire, vous passerez à coup sûr un bon moment. Bonne lecture!
Lien : http://nekobus.wasabout.net/..
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Cette BD japonaise s'avère plus adulte, plus réfléchie que bien d'autres. Shigeru Mizuki est un grand raconteur. Qu'il aborde le merveilleux par l'intervention récurrente de yôkaï, ou évoque le des leçons de vie, il sait faire usage de charme et de simplicité. Cette histoire est forte par la richesse des enchaînements, son graphisme jubilatoire et les enseignements objectifs fournis par les protagonistes. Un album d'une haute tenue, d'une écriture légère où se font entendre mille messages "qui font grandir". C'est par là que les personnages s'affirment, prennent vie, extraient leurs peurs et amusent le lecteur.
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