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Critique de glegat


Le titre est presque une signature de l'auteur, mieux son empreinte digitale. On trouve chez Modiano une sorte de nostalgie, de recherche des origines, une quête permanente d'identité, une déambulation sans fin dans les rues de Paris au milieu de la grisaille et de la brume dans un monde ou flotte un secret inaccessible. Modiano fait surgir dans le Paris des années 50 une pléiade de fantômes pour reconstruire l'histoire de son héroïne Louki. le vocabulaire utilisé dans les titres de ses romans donne le parfum de l'oeuvre : Villa triste, Ronde de nuit, Quartier perdu, du plus loin de l'oubli, Pour que tu ne te perdes pas dans le quartier, Souvenir dormant etc. Modiano est un écrivain régulier qui poursuit son chemin avec détermination, mais sans précipitation : un roman tous les deux ans depuis son premier roman en 1968 « La place de l'étoile ».

L'univers de Modiano est envoûtant et nous ramène irrésistiblement vers nos propres racines, nos propres questionnements sur l'existence et sur les trajectoires de chaque personne que l'on a croisées dans sa vie. Modiano mène une enquête permanente sur les raisons qui déterminent nos vies et cherche à fixer des moments, à rassembler des souvenirs pour reconstruire le puzzle de la vie. Cette recherche ou flotte la nostalgie et le désespoir de ne pas pouvoir reconstituer parfaitement le passé donne à ses romans une atmosphère parfois oppressante. Mais la force de l'écrivain est de ressentir le réel avec acuité et surtout de pouvoir traduire par des mots et des phrases justes les impressions que le lecteur éprouve, mais ne sait pas formuler.

Modiano admet volontiers qu'il réécrit inlassablement le même livre comme ces artistes qui reproduisent à l'infini le même motif. Les rayures de Buren, les pois de Kusama, les 40 tableaux de la cathédrale peints par Claude Monet a qui l'on doit aussi 250 peintures à l'huile impressionnistes représentent des nénuphars sans oublier Van Gogh et ses tournesols. Cette démarche n'est-elle pas la tentative de fixer l'instant pour arrêter le cours tumultueux du temps ? On comprend mieux pourquoi le secrétaire de l'académie Nobel a qualifié l'auteur de « Proust de notre temps ».

Modiano est une sorte de généalogiste radical qui voudrait retracer la vie de chacun à partir d'indices insignifiants, consigner petits et grands évènements de tous les jours pas seulement pour écrire l'histoire, mais surtout pour savoir d'où l'on vient pour comprendre ce qui nous détermine. C'est l'un de mes écrivains préférés même si je n'ai pas encore lu toute son oeuvre.

— « Dans le café de la jeunesse perdue », Patrick Modiano, Gallimard (2007) 149 pages.
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