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Critique de christinebeausson


Un très gros pavé, impressionnant, avec un enchaînement de titres qui toutefois permettent de souffler entre chaque découverte ou relecture.
On commence très fort avec "Villa triste", retraçant des événements de 1962-1963
Terreur en Algérie, en France, Affaire de la station de métro Charonne mais il est vrai qu'est ce que tout cela à côté de la remise de la coupe hooligan de l'élégance !
On continue avec "livret de famille", "rue des boutiques obscures", "remise de peine", "chien de printemps", titres nombrilistes, qui définissent bien l'intérêt majeur de l'auteur pour lui même et son drôle de passé qu'il n'a pas pu digérer (j'avoue qu'à sa place, je n'aurais certainement pas été plus à l'aise !)
Et puis la très bonne surprise, "Dora Bruder", enfin un témoignage, un livre qui devait être écrit pour que revive un passé douloureux et des existences volées par la cruauté, la barbarie et l'imbécilité d'un pouvoir inqualifiable !
Les titres suivants, "accident nocturne", "un pedigree", "dans le café de la jeunesse perdue" et "l'horizon" ne sont là, que pour nous replonger avec nostalgie dans le Paris de notre jeunesse passée. J'avoue avoir été émue, troublée par ses souvenirs partagés, la nostalgie peut être !
La conclusion de toute cette lecture sera peut être qu'il faut avancer, toujours avancer.
chercher, toujours chercher à réécrire l'histoire pour ne pas être le seul ou la seule a en connaître l'issue !
Mais Modiano, nous fait passer par des agacements parfois insupportables, il est vrai que retracer l'écoute de l'émission "musique dans la nuit" sur Genève-Variétés est un événement qui a vraiment marqué le siècle !
Et que la rencontre avec l'homme responsable de quelques milliers de déportation de 40 à 44, celui qui dirigeait les "équipes " de la rue Greffulhe auxquelles son père échappa par miracle, le troubla pendant quelques temps mais "la mémoire elle même est rongée par un acide et il ne reste plus de tous les cris de souffrance et de tous les visages horrifiés du passé que des appels de plus en plus sourds, et des contours vagues." Je ne crois pas qu'il faille se contenter de cette constatation et de ce raisonnement!
C'est beaucoup plus compliqué que ça !
Certes, on doit avoir le souci de l'histoire, le besoin de re raconter L Histoire pour ne jamais oublier !
MAIS on ne doit jamais occulter l'actualité, oublier que l'histoire est toujours en train de s'écrire...
Oui il faut connaître et reconnaître le passé, deviner si on ne peut le retrouver, refaire la généalogie des choses, des événements, fouiller, ....
Et en même temps, toujours observer le quotidien pour faire ressurgir une idée du passé, l'importance de ce qui c'est déroulé, même inventé si besoin, et réinventé encore et toujours.
Car ces romans sont un slogan que Modiano nous propose de porter avec lui :
"... Je refusais que les gens et les choses disparaissent sans laisser de trace." (Chien de printemps), à nous de savoir si on partage son avis ?
Moi je ne peux pas me contenter de cela, surtout avec l'illustration de l'actualité brûlante du 7 janvier 2015, ce qui se passe aujourd'hui est aussi important et il ne faut pas oublier de se mobiliser tous ces jours où l'histoire s'écrit en même temps !
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