La vie, source inépuisable et pétillante d’enseignements, se feuillette comme les pages d’un livre dont le nombre s’étale à l’infini. Il faut avoir la patience d’aller jusqu’au bout de ce livre. Et quand on a la patience, il nous manquerait toujours une éternité afin de le parcourir en entier. C’est dire que le savoir n’a pas de limites quand on a pour école la vie. Sortons de l’ère des ténèbres et allons de l’avant, partout où nos pas nous guident. Dans les sillons non frayés, les horizons les plus lointains, les sentiers les plus étroits, les océans les plus profonds, il y a mille signes qui nous apprennent mille choses.
Souvent la force engendre la peur. Et cette peur nous rend esclaves des autres et de nous-mêmes, horrifie tout ce qui doit charmer le moment présent et met dans un désordre désolant nos sentiments, nos idées et nos rêves qui ont besoin d’un plein essor pour vivre et s’épanouir. Craindre la force de quelqu’un c’est lui en attribuer davantage et cultiver la peur fera de nous une mauvaise graine.
L’empressement et l’arrogance, antidote de toute réussite, précipitent la chute. Seule l’humilité nous en préserve. Plus haut est notre ascension, plus fatale sera la chute. La victoire n’est qu’une étoile filante dans un ciel changeant et subissant les caprices d’un climat pervers et lunatique. Cette même étoile monte pour descendre et scintille pour s’étendre. Rien n’est immuable ou définitif dans cette vie. Rien !
La vérité sort, par fragment, de nos sottises et nos erreurs. La perfection, qui écourte notre belle promenade dans les champs de la connaissance, n’a rien de sublime. Quand elle éclate, sa sévérité nous blesse et nous pâtissons d’une souffrance qui ne dure qu’un moment puisqu’elle nous apporte ensuite la jouissance de nous arracher à la geôle de l’ignorance.
La victoire n’est vraie que lorsqu’elle signe sa pérennité dans le temps. C’est manquer de consistance que de faire plus de bruit à jouir d’une chose qu’à l’obtenir ! Une victoire, éphémère, s’oublie et ne laisse que les vestiges d’une bonne action passée et trépassée. Une renommée résiste à l’usure du temps. Il faut s’employer à préserver l’image que nous fait gagner la victoire. Après avoir accompli une grande réussite, il est déplorable de tomber plus tard dans le piège de la petitesse.